LE SOUFRE ET L’EAU

♦ 29 juin 2014

 

La vallée des dix-mille fumées nous attend. Nous nous mettons en marche avec, en guise d’apéritif, une belle montée qui nous chauffe les mollets.

   

 

Le sentier est mal indiqué. Nous continuons un peu au « pif » dans un paysage désertique, en suivant un groupe qui nous précède. Les glaciers, enfouis dans le brouillard et les nuages, nous entourent et nous encouragent. La neige est encore très présente. Ce sont d’ailleurs des névés nous barrant le passage qui nous incitent à rebrousser chemin après quelques kilomètres.

Pas question de renoncer. Au-dessus du camp de base, une piste carrossable conduit au même endroit. Nous sautons dans les voitures et, comme par magie, nous nous retrouvons dans un autre monde. Les noirs et les blancs disparaissent. L’arc-en-ciel quitte les airs et se répand dans la terre ocre sur laquelle nous marchons précautionneusement pour éviter de glisser dans une fumerole.

Le soleil perce les nuages. La lumière s’adoucit. C’est magique. La terre fume en technicolor.

 

     

Plouf ! Dominique, perdu dans ses rêves, au milieu de tant de beauté, en oublie son appareil photo qui est tombé dans le torrent. Quelques instants de stupéfaction et je saute dans l’eau. Sous la force du courant, l’appareil roule déjà. Je dois le poursuivre. Seul l’avenir dira si mon geste aura servi à quelque chose.

Présentement, je suis mouillé. Je tente de me sécher près d’une solfatare mais, à part les fumées du soufre dans les narines, je n’obtiens pas de résultat. Changement de tenue obligatoire.

Nous ne voudrions pas partir. Mais Gullfoss et Strokkur nous attendent. Nous ne pouvons pas les décevoir.

     

 

La F35 est maintenant assez désagréable à rouler. Nids de poule et tôle ondulée abondent. Le paysage est, par contre, superbe : nous sommes entourés de glaciers, l’un plus splendide que l’autre. Le Langjökull nous présente son autre visage, baigné par les eaux turquoises du Hvitarvatn, que nous rejoignons par une piste parallèle. Il invite à la baignade. Christine sort son maillot. Nous peinons à la dissuader…

Je partage entièrement une opinion déjà très répandue : Gullfoss est la plus belle chute d’Islande, malgré une concurrence féroce. La rivière Hvita se précipite sur un large front d’une septantaine de mètres, mais ses eaux ne s’apaisent guère. Quelques mètres plus loin, elles s’engouffrent avec fracas dans un défilé rocheux qui n’est pas sans rappeler les chutes Victoria, en Afrique. Aujourd’hui, sous l’effet du soleil, on dirait qu’une coulée d’or s’échappe  de son creuset. C’est magique.

 

                                                                      

 

À notre grande surprise, contrairement à Gullfoss, Geysir et sa vedette Strokkur sont presque déserts. Il est vrai qu’il est déjà 1800 heures. Tant mieux : nous pouvons rivaliser d’astuce pour déclencher au bon moment, lorsque l’eau jaillit de son trou. Ce n’est pas évident.

Un peu plus loin, Minniborgir Cottages nous réconcilie, après Kerlingarfjöll, avec les logements islandais. Des vastes chambres à coucher, deux salles de bain, un énorme salon-cuisine parfaitement aménagé, jacuzzi sur la terrasse.

Nous dînons d’un plat de pâtes italiennes accompagné d’un bon bourgogne rouge, dans une ambiance de franche rigolade suisse…