Que ceux qui connaissent ce lieux lèvent la main !
Rassurez-vous. Nous aussi, nous ignorions tout cet endroit avant de commencer la préparation de notre voyage. Et pourtant cette lagune de 7 kilomètres de long sur 2,5 kilomètres de large est le principal site d’hivernage d’Europe pour la grue cendrée, entre mi-octobre et mi-mars, fuyant le froid de la Baltique.
Ces mêmes grues que nous ne voyons en Suisse que très haut dans le ciel, silhouettes lointaines et bruyantes dans leur formation en V. Tentant, n’est-ce-pas ?
Nous roulons dans des paysages très contrastés. Tantôt collinaires avec quelques villages hameaux regroupés autour de leur église, tantôt plaines infinies où en saison doit probablement pousser le blé.
Nous les observons un peu distraitement, pressés que nous sommes de découvrir si Gallocanta tiendra ses promesses.
La lagune n’est pas encore visible et cela commence plutôt bien…
*cliquez sur les photos
Au petit centre d’information, une ranger nous fournit quelques explications et surtout nous parle des 35000 grues cendrées arrivées à ce jour. Un chiffre qui nous parait exorbitant !
En fait, la lagune est entourée de pistes en terre parsemées d’observatoires. Dès les premières centaines de mètres parcourus, nous devons nous rendre à l’évidence. Il y a des grues partout. Mais nous découvrons rapidement qu’il s’agit d’un oiseau assez farouche, difficile à approcher.
Le déguisement de la voiture ne suffit pas. A chaque arrêt, elles s’envolent.
Pas trop loin, il est vrai. Souvent dans un champ à côté, hors de portée pour nos téléobjectifs. Et, lorsque nous tentons de les approcher à pied, c’est la débandade immédiate. Il devient difficile de réussir un bon cliché. Mais parfois, la persévérance paye.
Autant recourir aux observatoires. Mais, comme souvent, bien qu’initialement placés dans des endroits favorables, la nature leur joue des tours : l’eau se retire, les roseaux poussent et seules nos jumelles nous permettent l’observation des oiseaux.
Tous ? Non, fort heureusement. Celui du centre d’information que nous avions coupablement négligé dans notre hâte de découvrir les lieux nous offre le moment tant recherché.
Depuis la tour balayée par un vent féroce, puis abrités dans une petite pièce attenante munie d’une fenêtre d’observation, nous assistons à un spectacle ahurissant. Sous nos yeux, des centaines de grues s’approchent, se posent dans un champ où elles trouvent une mystérieuse nourriture, pour mieux s’envoler et peut-être revenir. Encore et encore. Cela ne cesse jamais !
Comment avons-nous fait pour quitter les lieux ?
Gallocanta n’abrite pas que des grues cendrées. Moineaux espagnols, alouettes, tariers pâtres, canards souchet, fuligules milouin, busards des roseaux, faucons crécerelles et j’en oublie certainement.
Mais nous sommes tellement fascinés par le spectacle des grues cendrées que je dois avouer les avoir totalement négligés.
Et nous n’avons pas encore tout vu. Dans une fin d’après-midi ensoleillée, nous nous dirigeons vers l’observatoire Los Ojos, le seul que nous n’avons pas encore visité. Les grues, omniprésentes se mélangent aux mouettes rieuses, indifférentes au tracteur du paysan. Et soudainement, une montée franchie, le ciel bouge.
Des milliers de grues cendrées s’envolent au-dessus de nos têtes, par vagues incessantes, dans un vacarme impressionnant. Pendant quelques instants, elle volent la lumière.
C’est féerique ! Impossible à décrire, il faut le vivre. Et nous l’avons vécu !