HAINES, ALASKA

 

Difficile d’accès, minuscule point sur une carte, sis entre mer et montagnes, Haines inspire une fascination qui ne s’estompe jamais. Selon l’un de nous, c’est le plus bel endroit au monde.

Il doit y avoir quelque chose de vrai dans cette affirmation. Nous y venons tous pour la quatrième fois. Et, pour ma part, c’est ma sixième visite.

Ici, les glaciers, apparaissant dans le brouillard à chaque coup de vent, dominent les montagnes aux pentes moins abruptes,  encadrent une forêt immense et mystérieuse aux tons sombres, que les rares rayons de soleil peinent à éclaircir. Une bande de terre s’enfile entre deux bras de mer, où convergent les eaux des rivières.

Dans ce lieu magique, il existe un lieu féerique : la Chilkoot River,  s’extirpant du lac homonyme, coule, étroite et peu profonde, sur quelques centaines de mètres entre forêts, rochers et débris de bois ou de sédiments. 

 

 

Attiré par la migration des saumons, l’un des deux seigneurs de Haines fait régulièrement son apparition : le grizzly.

Nous avons beau avoir vu la scène à maintes reprises, nous nous en lasserons jamais. Cette année aussi, tous les jours, du matin à l’aube à la fin de l’après-midi, nous guettons le surgissement de ces puissants prédateurs. Le spectacle se renouvelle et les acteurs ne suivent jamais le même scénario. Des purs moments de bonheur !

Un beau mâle de six ans, ranger dixit, est la vedette principale de notre film préféré. Chaque après-midi, entre quinze et seize heures, surgissant de nulle part,  il suit sa piste au milieu des herbes dévoilées par la basse marée.

 

 

Il remonte toujours la rive gauche de la Chilkoot. Quelques dizaines de mètres, juste pour se dégourdir les pattes. Puis, pendant une bonne heure, parfois un peu plus, selon son humeur, il s’adonne à son passetemps préféré : la pêche.

 

 

Les saumons abondent et notre pêcheur est plutôt habile. En véritable gourmet, il se régale de la peau et des oeufs du poissons, laissant le reste des carcasses à d’autres. De temps en temps, il s’octroie même un bain agréable.

Pour une raison que lui seul connaît, il repart toujours le long de la rive droite de la Chilkoot River.  Pour regagner son nid douillet, il passe sous un pont qui enjambe la rivière, en nous permettant de réaliser des superbes portraits en toute sécurité.

 

 

Toujours ? Pas tout à fait. Ce jour-là, je l’ai perdu de vue un instant. Je me le retrouve sur le pont, face à moi. Vingt mètres, puis un peu moins. Il avance, je recule, mais le pont finit. Je ne peut que chercher abri dans la forêt. A droite ou à gauche ? J’ai fait le bon choix…

 

 

Une vedette s’en va, une autre arrive. Tous les matins, à l’aube, lorsque la lumière, à peine présente, se moque des nos appareils photographiques, une maman accompagne ses trois rejetons à la pêche dans la rivière.

Ils ne restent jamais très longtemps, la mère se méfiant certainement de la présence de mâles dans les environs. Les oursons font déjà preuve d’indépendance, mais c’est la mère qui procure la nourriture à toute la famille.

Quelques saumons plus tard, tout ce beau monde quitte la rivière, traverse la route qui mène au lac, où nous ne tenons en spectateurs, et disparait dans la forêt. Les trois oursons bien avant leur mère.

 

 

Ailleurs, en Alaska, on peut dépenser des petites fortunes pour avoir le plaisir de vivre avec les ours. Ici, le spectacle est presque gratuit. Une autre ourse avec ses deux oursons et un gros mâle viennent nous le rappeler. Ils jouent aux timides et disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus dans la forêt de l’autre côté de la rivière.

 

 

Dans deux mois environ, l’autre seigneur de Haines prendra la place des grizzlys, partis en hivernation, dans la chasse au saumon. Des centaines de pygargues à tête blanche, venus de toute part s’adonneront à un véritable banquet sur les îlots sablonneux de l’autre rivière baignant le village, la Chilkat.

Mais déjà aujourd’hui les quelques aigles résidents nous rendent visite.

 

 

Et Haines offre toujours quelques surprises. Des  milliers de macreuses à front blanc s’étalent dans les eaux peu profondes de Lutak Inlet. Un tapis qui bouge sans cesse, modifiant sa forme au grè des vagues, dessinant des volutes ondulantes.

Un spectacle étrange et fascinant que nous admirons longuement et à plusieurs reprises, depuis la voiture. Dès que nous mettons pied à terre, elles s’éloignent tranquillement pour mieux revenir lorsque nous avons à nouveau disparu.

Elles sont tellement nombreuses qu’il est difficile de les photographier. L’autofocus de nos appareil sautille d’un bec à l’autre sans pouvoir se décider.

 

 

Dulcis in fundo, la rencontre inattendue avec un magnifique rapace nocturne se reposant sur une branche de sapin, en bord de route : la Chouette rayée. Un long moment d’émotion qui ne se renouvellera pas, malgré nos recherches.

 

 

Une invitation à revenir ? Qui vivra verra.

 

 

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