Réveil matinal, aujourd’hui. Il est 0615 lorsque Christine et moi-même ouvrons l’œil. Nous voulons observer le plongeon imbrin qui, selon le patron de l’hôtel, vient dans le port tous le matins, vers sept heures. À ma grande surprise, toute l’équipe est là. Le plongeon aussi, car il n’aurait pas pu nous poser un lapin.
Le ciel est malheureusement très gris, à la limite de la pluie. La lumière est exécrable. Les appareils photos restent silencieux. Tant pis, avec ma caméra je tente le coup.
Fini l’asphalte, la piste nous attend et nous nous en réjouissons d’avance. Nous avons prévu aujourd’hui de faire le tour de la péninsule de Merlakkasletta, tout en prenant notre temps pour marcher un peu. Nous comptons nous arrêter à Laugar, près du lac Myvatn, où nous passerons deux jours.
Les moteurs vrombissent. C’est parti !
Nos 4×4 font une bouchée des petites difficultés de la route qui se faufile dans un paysage superbe d’eau et prairies qui changent sans cesse. Le soleil pointe son nez à l’horizon, le GPS nous indique clairement la déviation pour la ferme de Nupskatla, où nous laisserons nos véhicules pour atteindre à pied le cap et le phare Raudinupur. Bref, tout baigne.
Les sternes arctiques nous accueillent bruyamment lorsque nous quittons nos voitures. Nous feignons de les ignorer. Trente-cinq minutes plus tard, après avoir franchi une digue caillouteuse, où il n’est pas facile de progresser, et gravi une pente somme toute gentillette, nous parvenons au cap Raudinupur.
Il fait presque beau, nous sommes seuls et c’est superbe. Assis ou couchés au bord de la falaise, nous admirons deux pitons rocheux où des dizaines de fous de Bassan s’envolent sans cesse. Le temps s’écoule.
Un peu plus loin, à peine dissimulé par une motte herbeuse, un groupe de macareux nous fait un clin d’œil. Pouvons-nous renoncer à approcher ces oiseaux drôles et terriblement photogéniques ? La réponse est évidente.
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La 862, que nous empruntons depuis Asbyrgi, le long de la rive gauche de la Jokulsa, devient rapidement une vraie piste, étroite, sinueuse, parfois défoncée et riche en passages en tôle ondulée, heureusement jamais trop longs.
Les ressorts d’Otto et de Georgette s’en plaignent. Mauviettes, va… Ils n’ont qu’à penser à ceux des quelques berlines que nous croisons, avançant au ralenti.
Depuis un moment, je scrute l’horizon fait de rochers et landes désolées. J’ai hâte de retrouver la magie de Dettifoss, dont la découverte fût l’un des grands souvenirs de notre premier voyage. Bientôt le grand parking bétonné, rançon anti-esthétique de l’explosion du tourisme en Islande, est là.
Le ciel est d’un gris uniforme. Il pleuvine même, un fin crachin que ma caméra n’apprécie guère. Je hâte le pas, pressé de me retrouver face à la chute la plus puissante du pays. Nous ne sommes pas seuls, loin de là, mais la puissance de cette déferlante liquide qui se précipite dans le gouffre, en dessinant des courbes et des volutes de lumière qui changent sans cesse, me fascine à tel point que rien ne pourrait m’en distraire. Je resterais des heures, mais il n’en est pas question.
En amont, à quelques encablures de Dettifoss, sa sœur, Selfoss, nous appelle. Avec ses nombreuses ramifications, elle est une toile d’araignée scintillante qui oppose l’élégance à la force brute, la beauté à la puissance.
Mais la journée n’est pas finie. Avant le repos du guerrier, arrêt obligatoire, surtout pour nos compagnons de voyages, à Namaskard, près de Myvatn, sous le soleil qui est subitement revenu.
Tiens, l’accès aux solfatares est payant (800 couronnes par personne), c’est une nouveauté. Le spectacle de la terre qui fume et qui bout est toujours attirant. Néanmoins, le parcours fléché et les cordes entourant les solfatares ne m’enchantent guère. Pourquoi faut-il protéger les gens de leur stupidité ? À moins qu’il ne s’agisse de protéger la nature des gens…
Nous avons bien mérité de déguster un plat de lasagnes locales dans les cottages modernes et fonctionnels (Einishus Cottages) que nous avions réservés 10 mois à l’avance, à Laugar. Des entrailles de nos voitures sortent les deux premières bouteilles.