Il pleut sans discontinuer depuis notre réveil. Le ciel ne nous laisse que peu d’espoir. Quelle barbe. Engoncés dans nos tenues goretex, doublées d’une cape fournie par le lodge, nous partons pour notre premier safari matinal.
La piste a déjà passablement souffert. Des larges flaques d’eau laissent apparaître des lits de boue. Parfois le sol se dérobe sous les pneus de notre jeep. Ce n’est pas toujours évident car la réserve est très montagneuse. Montées et descentes, parfois abruptes, se succèdent. Les animaux n’aiment pas plus que nous ce temps. Ils s’abritent dans chaque buisson et demeurent invisibles. Nous roulons, nous roulons. L’eau fouette nos visages. Rien à se mettre sous la dent.
Enfin, un magnifique kudu mâle. Sept personnes crient à Wuyo de s’arrêter. Il ne l’aurait pas fait. Dieu sait ce qu’il cherche…
Il est connu que les prédateurs exploitent ces conditions climatiques pour s’approcher plus facilement de leurs proies, dont l’attention est détournée par la pluie qui les immobilise dans la savane. Tout est donc en place. Enfin, où sont-ils ?
Les voilà. Deux guépards mâles s’avancent vers nous. Ils ne semblent pas chasser, ils ont mangé récemment. Nous nous en contenterons, même si la lumière est exécrable. Les appareils photos se réveillent et quelques copains aussi…
Ils ne vont pas loin. Ils cherchaient un buisson où s’abriter.
Nous rentrons. Déjà le principal défaut de Shamwari Game Reserve se dévoile à nos yeux : Bayethe Lodge est sis à l’extérieur de la réserve. Vingt à vingt-cinq minutes de routes sont nécessaires pour atteindre les portails électriques qui donnent accès au secteur réservé à la faune. C’est beaucoup et c’est trop.
Heureusement, le lunch a été fort bon. Je fume une cigarette sur la terrasse de notre chambre. Une famille de bushbucks, la mère et ses trois rejetons, vient nous rendre visite.
De bon augure pour le safari de l’après-midi ? Pas vraiment. La pluie ne cesse pas de tomber. Françoise a bien fait de rester au chaud. Malgré notre matériel perfectionné, nous sommes transis par l’humidité. Nous parvenons quand-même à nous mettre quelque chose sous la dent…