LES COULEURS FINLANDAISES

Vert et bleu, indubitablement bleu et vert. Forêts et lacs, lacs, rivières et forêts. Lorsque celles-ci s’écartent, le regard frôle le sommet d’un sapin, les ondulations des roseaux ou des fougères, suit les contours toujours différents d’îles et îlots, atteint l’infini. Il voudrait poursuivre, mais il ne peut pas, aussitôt remplacé par l’imagination et la rêverie.

En ces moments, la Finlande est belle, parfois splendide.

                                 

Un, deux, trois, cent, mille sapins. Nous arrêtons de les compter. Un, deux, trois, cent, mille bouleaux. Nous cessons de les admirer. Un, deux, trois, dix, vingt kilomètres. Nous attendons le prochain virage.

En ces moments, la Finlande est monotone dans sa beauté.

             

           

Heureusement, il y le jaune de l’étrange lumière du jour éternel. Lorsque le soleil fait mine de se coucher, pour réapparaître un peu plus loin, face à la lune qui l’observe toute étonnée, les verts et les bleus se transforment en une palette de couleurs incandescentes ou en aquarelles apaisantes.

             

             

Quelques traces de brun, également. Si vous observez une carte de Finlande, vous verrez que ce pays est parsemé de parcs nationaux et de réserves naturelles. Tous, ils sont traversés par des innombrables sentiers, sillons bruns dans le bleu et le vert.

Le plus long et le plus célèbre, le sentier de l’Ours se déroule sur 90 kilomètres. Des refuges sont disponibles, pour donner repos aux marcheurs les plus téméraires.  D’autres sont plus courts. Plus accessibles aux touristes pressés que nous sommes. Presque tous plongent dans l’infinie et plate forêt finlandaise, côtoyant un lac par ici, un bras de rivière par là. Tous sont des autoroutes à moustiques. Pas de péage, pourquoi s’en priver ?

Uhro Kekkonen, Oulanka, Riisintunturin, Koli, Lintoluontopolku, Martimoaapa, Kätkävaara… C’est quoi ça ? Mais des parcs nationaux, pardi !

-Dis Christine, lequel tu as préféré ? -Riisitunturin. -Tiens. Toi aussi ?

Une rare colline, une forêt clairsemée qui laisse le regard s’égarer sur les lacs criblés d’îlots, puis la toundra. Ses arbres rabougris, aux formes étranges façonnées par les vents. Plus haut, au sommet, la vue plane sur une mer de sapins, pour revenir vers nous, au bord d’un marais. Quelques fleurs, un mésangeai imitateur, une bergeronnette. C’est superbe, malgré la pluie, la mauvaise lumière et nos tenues « goretex » dans le coffre de la voiture.

Brune est aussi la tête de la femelle du garrot à oeil d’or et brun est le masque de bandit de grand chemin du renne. Mais ceci est une autre histoire.

Vous ai-je parlé du blanc ? Non ? Pas celui du cygne chanteur, mais celui de notre nouveau jouet, le drone « Voyou ». Des longues séances non pas pour maîtriser les prises de vue (cela viendra…), mais pour apprendre à le piloter.

-Christine, tu as enclenché la vidéo ? -Mince, j’ai oublié. Voilà c’est fait. Tu le vois ? -Là haut, au dessus de la forêt… Maintenant il a disparu ! -Cherche le avec les jumelles… -Oui, oui. Facile à dire. Je ne sais pas où il est. Fait le revenir. -T’occupes. C’est moi le pilote…. Rudy, il ne répond plus !

Le signal de batterie faible retentit. Instants de panique. Puis, miracle, nous entendons son bruit caractéristique. Le voilà, au milieu d’un lac. Atterrissage d’urgence, dans les herbes du chemin. Il n’apprécie guère. Ouf, nous avons eu chaud.

Plus tard, grâce à l’informatique, nous apprendrons qu’il a parcouru presque 4 kilomètres…