RETOUR DANS LE PASSÉ

Un vieux bisse, multicentenaire, disparaissait, peu à peu, victime de cette modernité qui ne respecte aucun signe du passé. Sans l’action passionnée de quelques idéalistes, la nature aurait définitivement repris ses droits et effacé pour toujours l’oeuvre audacieuse de nos ancêtres.

En 2005, l ‘Association pour la sauvegarde du Torrent-Neuf vit le jour. Quelques années plus tard, le bisse renaît de ses cendres. Un sentier d’environ 4 kilomètres vous le fait découvrir dans des paysages splendides. Dans l’attente de découvrir le dernier bout, pas encore ouvert au public à ce jour (septembre 2015), partons à sa découverte…

                         

C’est désormais ma quatrième visite. Cette-fois-ci, Gabriel m’accompagne pour une découverte qu’il va apprécier, j’en suis sûr. Christine l’a précédé d’une quinzaine de jours. Elle partage mon coup de coeur…

Comme toujours, sans doute un peu fainéant, je laisse la voiture au deuxième parking, ce qui nous économise un bon kilomètre de marche dans les pâturages et la forêt.

Une courte montée, très sèche, la seule du trajet, nous amène au bisse. L’eau s’écoule paisiblement en lisière de forêt. Dix minutes pour chauffer les jambes, en évitant les racines des épicéas pour atteindre la buvette des Vouasseurs. Il est encore trop tôt pour déguster leur fameuse planchette. Peut-être au retour ?

C’est parti. Le sentier suit le bisse, s’enfonce dans la forêt, en coupant la pente de la montagne. Pour l’instant, les arbres nous protègent…

-De quoi- me dites-vous ?  Mais du vide, pardi !

           

Très rapidement, nous arrivons à la première passerelle. Quatre-vingt sept mètres de câbles d’acier flottent dans l’air. Nous nous engageons sans hésitations. En tant que vétéran des lieux, j’ouvre la marche…

C’est magnifique, fascinant. Sous nos pieds, le versant de la montagne se dérobe, à pic dans le vide. Il n’y a aucun danger, mais nous comprenons ceux qui, victime de l’appel du vide, rebroussent chemin. Il y  aura encore trois ponts à passer avant de parvenir au bout, l’un plus beau que l’autre.

                         

Mais le sentier n’est pas que prouesses technologiques. C’est aussi des magnifiques paysages que nous apercevons, tantôt collés à la montagne, les pieds presque dans le vide, comme les bâtisseurs de l’ancien bisse, tantôt plus paisiblement une fois franchi un virage.

                   

       

 Bref, une superbe promenade d’une heure à une heure et demie, au grès du rythme choisi. Et sans aucun effort, n’est-pas Gabriel ?

                   

C’est d’ailleurs bientôt l’heure de l’apéro et du casse-croûte à la buvette du Brac. Juste récompense pour avoir franchi 31 mètres de dénivellation. Pas de foie gras, cette fois-ci…