Nous avons embarqué le 21 juin 2018. Un vol sans histoire de Genève à Lusaka. A peine le temps de récupérer les bagages et nous embarquons dans un petit avion de Pro Charter, la compagnie qui dessert les aéroports de brousse.
Une autre heure de vol… Un Land Rover nous attend, histoire d’un premier contact avec la savane. C’est parti !
J’ai hâte de découvrir Konkamoya, mais quatre lionceaux nous détournent. Ils se partagent une maigre pitance… Pas pendant longtemps. Leur mère les emmène ailleurs.
Puis, un groupe d’éléphants nous barre la route. Un jeune mâle fait mine de nous charger. Un peu de poussière, la trompe qui frémit, les oreilles qui s’agitent. Nous en avons vu d’autres, l’ami.
Toutefois, drôle de bienvenue !
Quatre tentes au bord de l’eau, un bar et une bâtisse ouverte en guise de salle à manger. Tout autour, la nature dans sa splendeur. D’emblée, Konkamoya nous séduit.
Et puis, il y a Andrea. Il n’est pas seulement le propriétaire des lieux, mais aussi le directeur, le guide, l’homme à tout faire. Konkamoya vit, que dis-je, resplendit, grâce à lui. Il se nourrit de sa passion et vous la fait partager sans retenue.
Au fil des jours, au rythme du soleil qui surgit des eaux au petit-déjeuner et qui nous accompagne, dans un jeu d’ombres et de lumières, entre eaux et savane, forêts et plaines herbeuses, Konkamoya nous conquiert.
C’est un lodge pour connaisseurs. Pas de luxe ostentatoire, mais un confort de bon aloi et une cuisine d’inspiration italienne, ce qui n’est pas pour me déplaire… Pas de véhicules sillonnant les parages, pas de liaisons radio signalant les animaux. Nous sommes seuls avec l’immensité. Andrea et Aaron, son pisteur, cherchent la moindre trace, le moindre indice. Nous parcourons de longues distances, tous les sens aux aguets. Parfois nous devons nous contenter d’une vision fugitive d’un cobe à croissant fuyant notre approche, parfois encore un koudou patiemment déniché refuse de prendre la pose…
Mais, au bout de l’effort et de la persévérance, des grands moments. Comme celui-ci :
Le pangolin n’est pas seulement un étrange animal fait d’écailles et de griffes. Il est également très rare à observer. Peu de gens ont eu le privilège de le rencontrer. Nous faisons désormais partie du lot.
Certes, un jour, en fin d’après-midi, Aaron avait repéré les traces d’un léopard. Mais nous voici, la nuit tombée, fouiller la brousse à l’aide d’une torche. Andrea suit des chemins improbables, ouvre un passage entre arbres et buissons, s’arrête et repart. Les phares de la voiture percent l’obscurité. Les ombres bougent sans cesse, fuyant la lumière. Et soudain, elle est là.
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Un éclair derrière les feuillages. Tout s’arrête. Seule la lune illumine un long moment d’attente. Enfin, le léopard bouge. Un pas, un deuxième, puis elle n’hésite plus. Tout d’abord de loin, puis toujours plus proche, elle nous dévisage. Dans ses yeux, je devine de la curiosité… Des instants de bonheur qui semblent durer des heures. Nous la laissons se perdre dans l’obscurité.
Obscurité qui s’empare de nous. Mais les phares de la voiture ou la torche d’Aaron la déchire. Un impala lève la tête, d’autres l’imitent. Des engoulevents s’écartent de notre route, un lièvre, un instant figé par la peur, détale devant nous. Car Konkamoya vit aussi la nuit…
Déjà, le retour de la lumière s’annonce. D’autres bruits, d’autres odeurs, d’autres sensations…
Le soleil se lève, là-bas, sur le lac. Il chasse les dernières vapeurs de la nuit, dissipe les ombres et réveille les couleurs.
Pendant des longs moments, perdus dans notre quête animalière, nous l’oublions.
Mais, soudainement, il se rappelle à nous. Ses rayons dessinent des superbes paysages. C’est l’heure de la contemplation.
Le temps s’écoule. Je voudrais qu’il s’arrête. Plongé dans mes pensées, j’écoute mon silence qui n’est pas celui des autres…
Le temps s’écoule. Je ne suis pas parvenu à l’arrêter. Bientôt, les caprices du vent nous emporterons ailleurs. Mais ce même vent nous ramènera un jour à Konkamoya. Nous en sommes certains.