De premier abord, l’organisation d’un voyage tel que le nôtre peut paraître simple. Il suffit d’avoir un peu de temps à disposition et d’avoir la patience de chercher et rechercher sur le web. Et de s’y prendre un peu à l’avance…
Néanmoins, voici quelques renseignements qui peuvent être utiles.
♣La location d’un camper
Il est pratiquement impossible de trouver un véhicule compact. La tendance est celle de louer des véhicules très imposants (les nôtres dépassaient les 7 mètres de longueur) et suréquipés. Certes, la majeur partie des routes américaines sont des véritables boulevards, mais parfois sur certaines pistes et dans les campings les manoeuvres ne sont pas aisées. Le choix devient encore plus compliqué si vous désirez louer un véhicule tout-terrain. Non seulement il n’y a pas beaucoup de compagnies qui le proposent, mais toutes vous interdisent l’accès à certaines pistes. Et, en tout cas en théorie, les véhicules sont munis d’une balise GPS qui peut suivre vos déplacements en cas de problèmes.
Nous avions cru trouver la solution avec CANADREAM, une grosse « boîte » qui assure sa promotion en mettant en avance la possibilité de parcourir la Dempster Highway, une piste de 1500 kilomètres aller-retour qui ne présente pas de grosses difficultés techniques pour un 4×4, mais dont le revêtement est très irrégulier (tôle ondulée, ornières, trous de toutes les dimensions). Elle peut être aussi extrêmement glissante en cas de pluie.
À notre grande surprise, lors de la prise en charge des véhicules, nous avons constaté qu’il y avait bel et bien une roue de secours, mais pas de cric. Nous nous en sommes évidemment inquiétés, mais la réponse a été qu’en cas de crevaison, il fallait s’adresser à un garage. Or, une fois partis, le premier garage sur la Dempster est à 370 kilomètres, le deuxième à 550. Les liaisons téléphoniques sont inexistantes. « Il y a quelqu’un qui passera » on nous a répondu…
Impensable. Nous disposions d’un véhicule moderne (le F 150 de Ford), haut sur pattes, parfaitement adapté à la pratique du tout terrain grâce à ses vitesses réduites, mais sans possibilité de changer une roue. Mis devant le fait accompli, nous avons dû nous résoudre à prendre la route.
D’autre part, mon véhicule était équipé de bons pneus tout terrain, alors que celui de nos amis disposait de pneus de ville… Et ce n’est pas fini. Lorsque ce qui devait arriver arriva, nous avons constaté que le pneu de secours était aussi un pneu de ville, ce qui a provoqué la colère du garagiste de Dawson City qui a exigé et obtenu de nous changer deux pneus (le pneu crevé étant irréparable). Selon ce même garagiste, il s’agit d’une pratique courante. Les compagnies attendent que les clients soient obligés de changer le ou les pneus à leur frais…
Moralité de l’histoire : il est impératif de poser quelques questions lors de la location d’un tel véhicule, avant de se décider.
Cela dit, la Dempster Highway et la Canol Road sud, les deux pistes les plus difficiles que nous avons emprunté sont parcourables avec une voiture à deux roues motrices, en prenant quelques précautions, à condition d’avoir une hauteur de caisse suffisante. Affirmation toutefois à nuancer en cas de pluies persistantes !
♣Le camping
Le Yukon et l’Alaska possèdent un vaste et efficient réseau de camping gérés par leur gouvernement. Ils sont en général situés dans des endroits enchanteurs, en pleine nature sauvage. L’équipement est réduit à des toilettes naturelles, barbecue et réserve de bois (à couper). Les espacements destinés aux campeurs sont vastes et souvent isolés des autres visiteurs. La taxe de séjour varie entre 10 et 15 dollars. Souvent, ils disposent des sentiers balisés qui vous permettent des agréables promenades dans la forêt, si vous ne craignez pas de rencontrer un grizzly…
Contrairement à mes précédents voyages, ils étaient parfois très fréquentés et il nous est arrivé à deux reprises de ne pas y trouver deux places. Ce n’est pas nécessairement très grave, étant donné que vous êtes assurés d’en trouver un autre dans un rayon de quelques dizaines de kilomètres. Et si vous avez vraiment de la malchance, les possibilités de camping sauvage sont nombreuses.
Dans l’absolu, les plus beaux que nous avons rencontrés, ce sont les deux campings de Haines/Alaska et celui de Faro/Yukon.
Vous avez également la possibilité de vous installer dans un camping privé. Vous bénéficierez alors de tous les raccordements (eau propre et sale, électricité) et du confort d’une douche et de sanitaires pour un prix qui varie entre 40 et 60 dollars par véhicule. Principal inconvénient à nos yeux : vous risquez d’être entassés comme des sardines, avec des voisins qui circulent avec des engins de 10-12 mètres de longueur et un ou deux chiens…
♣Arctic Haven Wilderness Lodge
Je crois pouvoir affirmer sans prétention aucune que nous avons l’habitude de fréquenter des endroits isolés dans la nature, à la recherche de l’observation et de la photographie d’animaux, en compagnie d’un nombre restreint de personnes. Le site internet d’Arctic Haven nous a laissé croire qu’il s’agissait d’une nouvelle expérience au niveau de celles que nous avons déjà connues. Ce ne fut pas le cas.
Certes, si vous recherchez un endroit isolé dans une nature magnifique, la possibilité de vous promener en bateau et à pieds et bénéficier d’une hôtellerie de très bonne qualité, Arctic Haven est un bon choix. Il vous restera alors à examiner le rapport qualité/prix…
Mais cela s’arrête là. Malgré la présence d’une faune abondante (largement mise en valeur dans l’offre), rien n’est entrepris pour la rechercher et surtout pour l’approcher. Les animaux que vous pouvez apercevoir, en général de très loin, sont le fruit du hasard, dans le cadre de sorties que ne tiennent nullement compte de vos envies et espoirs. Les guides, sympathiques mais trop jeunes et inexpérimentés, suivent leur programme. Si vous manifestez le désir de faire autre chose, vous n’obtenez aucune satisfaction, avec des explications ridicules… On nous a demandé pour la première fois ce que nous aimerions faire et voir l’avant dernier jour, lors de la planification d’une sortie avec hélicoptère. Illusion éphémère, car nous avons eu l’impression par la suite que ce n’était que des mots…
Parlons-en d’ailleurs, de cette sortie en hélicoptère. Tout d’abord, nous n’avons jamais été informés de la possibilité de le réserver et des modalités d’excursion. Nos questions ont reçu des vagues réponses, du genre « il a déjà été réservé pour les deux prochains jours » au point que nous avons eu la très désagréable sensation que nous étions le strapontin du groupe de photographes que partageait le lodge avec nous autres et cinq autres clients. Nous avons eu enfin la possibilité de voler le dernier jour, après avoir beaucoup hésité car nous considérions le prix exorbitant (1200 dollars canadiens par personne, pour une heure et demie de vol, toute place inoccupée sur les quatre à payer en sus).
Expérience qui s’est avérée très moyenne, mais, soyons généreux, mettons-le au compte de l’imprévisibilité de la faune…
Bref, vous l’aurez compris, ce ne fut pas une bonne expérience et un bon choix. Certainement le pire depuis que j’organise nos voyages. Néanmoins, pour être objectifs, il faut mentionner que nos compagnons d’aventure semblaient satisfaits de leur séjour.