• 16 au 21 octobre
Nous nous apprêtons à sortir définitivement de Yellowstone, non sans y jeter un regard un brin nostalgique. Les paysages qui nous conduisent à la sortie est sont somptueux, la route serpentant entre lacs et montagnes. Certainement parmi les plus beaux de parc. Pourtant, la concurrence est de qualité.
Mais nous sommes un peu pressés. Nous avons rendez-vous avec un morceau d’histoire des Usa, le Far West et la ville de Cody.
William Frédérick Cody, mieux connu sous le sobriquet de Buffalo Bill en est le père fondateur. Personnage de légende, chasseur de bisons émérite et homme d’affaire avisé, créateur du Wild West Show, qui a sillonné pendant des longues années les Usa et l’Europe, il ne peut pas laisser indifférent l’amateur de westerns que je suis.
Cody est aujourd’hui est une petite ville qui entretient son héritage. Le fantôme de son fondateur plane sur les lieux. Statues et commerces portant son nom sont là pour en témoigner. Et puis, il y a l’hôtel Irma, où nous dînerons et dormirons, ouvert par Buffalo Bill en 1902 et portant le prénom de sa fille cadette.
Sa vieille bâtisse d’origine, ses décorations d’époque, ses grandes chambres aux rideaux de brocart et au mobilier d’antan, lui confèrent un charme fou et désuet.
Nous aurions voulu admirer Old Trail Town, un village western reconstitué avec des maisons authentiques, mais il est déjà fermé pour la saison. Buffalo Bill Historical Center est ouvert, lui. C’est l’un des plus grands musées américains, retraçant, entre autre, l’histoire de la conquête de l’ouest.
Nous nous y attardons, car il le mérite. Ce n’est pas grave, Buffalo, étape-relais et sans intérêt de notre voyage, n’est pas loin.
Mais nous n’avons pas pris en compte la capacité des paysages américains à nous surprendre. Un petit détour par le Bighorn Canyon National Recreation Area, histoire de trouver un lieu sympathique pour piqueniquer, nous fait découvrir une zone de toute beauté, aboutissant à un canyon époustouflant.
C’est tellement beau que, pour une fois, nous ne prêtons guère d’attention à la femelle mouflon et aux chevaux sauvages que nous croisons en route.
Demain est un autre jour.
La légende raconte que quelques jeunes filles Sioux cueillaient des fleurs lorsqu’elles ont été attaquées par des ours. Pour les sauver, le Grand-Esprit souleva la roche sous leurs pieds. Les ours tombèrent, en griffant les parois rocheuses, en laissant de longues marques verticales. Ainsi naquît Devil’s Tower.
Intéressant, il faut donc aller voir cela.
La visite de cet étonnant monolithe haut de 264 mètres, surgit de nulle part, est plus intéressante que prévu. Un long sentier en fait le tour, en dévoilant plusieurs perspectives différentes. Les panneaux explicatifs abondent même si, vu la présence annoncée de serpents à sonnettes, je suis plus attentif à l’endroit où je pose mes pieds qu’à leur lecture.
J’ai quand-même retenu que ce rocher reste encore aujourd’hui sacré pour des nombreuses tribus locales.
Devil’s Tower n’est pas la seule à exciter ma curiosité. Nous approchons de Mont Rushmore National Memorial. J’ai vu, comme beaucoup, tellement de photos des têtes des quatre présidents des Etats-Unis sculptées dans la roche, que j’ai vraiment envie de voir l’endroit de mes yeux.
Un petit détour par Sturgis, petite ville à l’architecture surannée dont j’ignorais l’existence et que Louis semble connaître à cause d’un festival annuel réunissant des dizaines de milliers de motards, et nous y sommes.
Les têtes de Georges Washington, Thomas Jefferson, Abraham Lincoln et Théodore Roosevelt, hautes de 18 mètres, se détachent à merveille dans la parois granitique du Mount Rushmore. C’est une oeuvre gigantesque qui suscite l’émerveillement, surtout si l’on pense qu’elle a été construite entre 1927 et 1941, avec les moyens de l’époque.
Ce monument, considéré comme un haut lieu de l’histoire et de la démocratie américaine, a néanmoins une face cachée. Nous sommes au coeur des Black Hills, une région sacrée pour les Sioux et les Cheyennes, qui leur a été volée par le gouvernement en 1877, à la suite de la découverte de gisements aurifères. Et cela malgré la plus grande victoire des Amérindiens dans la bataille de Little Big Horn, face aux troupes de Custer. Ce vol a même été reconnu par la Cour suprême des Etats-Unis, mais les descendants de Sitting Bull et Crazy Horse refusent encore aujourd’hui l’indemnisation de plusieurs centaines de millions de dollars, décrétée par cette Cour. Ils plaident le démantèlement du monument considéré l’emblème de la colonisation et de la suprématie blanche.
Mais changeons de sujet… Custer State Park est à quelques encablures du Mount Rushmore. Nous attendons beaucoup de sa visite.
A raison, d’ailleurs. Needles Highway, l’une de ses voies d’accès est un plaisir pour les yeux. Se faufilant, sinueuse à souhait, dans une magnifique forêt, flanquée par des parois granitiques vertigineuses, parfois très proches, chapeautée par des montagnes déchiquetées, franchissant des tunnels, elle est malheureusement trop courte. Wildlife Loop est moins sauvage, les arbres s’ouvrant souvent sur des prairies ondulantes et apaisantes. Mais elle nous donne l’occasion de faire de jolies rencontres.
Personne parmi nous n’avait jamais vu des Longhorns. Ils viennent vers nous en dandinant la tête surmontée de ces incroyables cornes dont l’envergure dépasse certainement les deux mètres. Créatures d’ un autre temps. Nous sommes au pays du Far West. Devant mes yeux défilent les caravanes de charriots des pionniers traversant plaines infinies et montagnes, tractés par ces boeufs.
Nous croisons aussi des bisons, mais ils sont nettement moins beaux que ceux de Yellowstone. L’appareil photo reste dans son sac. Pas pour longtemps, car eux il méritent un portrait.
Il est désormais temps d’accélérer le mouvement. Fruita, la ville où nous changerons de véhicule pour affronter les pistes de Moab est encore loin. La course commence, tout d’abord en traversant des interminables paysages agricoles, puis en pénétrant dans la mecque des pistes de ski américaines. Torrington, une paisible bourgade sans grand intérêt, et Vail, station sans âme pour riches touristes que nous n’avons pas aimé, seront nos étapes.
Travis, le patron d’Element Outdoor, est aussi sympathique que nous le soupçonnions sur la base de nos échanges d’e-mails. Il nous fait faire le tour de nos jeeps et nous sommes rapidement prêts pour une nouvelle aventure.
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