DEATH VALLEY : QUAND DÉSOLATION ÉQUIVAUT À BEAUTÉ

♦ 13-14 mars 2017

 

Son nom déjà évoque en moi fascination. Puis il y a les légendes vraies ou fausses. Celle des quarante-neuf chercheurs d’or que s’y sont égarés dans leur quête de la Californie et qui seraient à l’origine de son nom. Les températures infernales qui font fondre les pneus des voitures en été. L’interdiction d’y pénétrer entre mai et octobre décrétée par les compagnies de location des voitures…

Vous comprendrez aisément pourquoi donc j’ai hâte d’y arriver.

Mais rassurez-vous. En cette période de l’année, pas question de battre le record de température (56,9 degrés Celsius). Selon mes recherches d’avant-voyage nous devrions y rencontrer un climat délicieusement langoureux…

Nous avons trop tardé à réserver nos chambres. Furnace Creek et Stovepipe Wells, les deux seuls hôtels dans le parc sont complets. Nous avons dû nous rabattre sur le Best Western de Parhump, un gros bourg typiquement américain sans attraits particuliers, tout comme notre logis, d’ailleurs. Une septantaine de kilomètres à faire, à l’aller et autant pour revenir.

Mais cessons donc de nous plaindre. Sommes-nous des aventuriers ou pas ?

                                 

L’entrée du parc ne paie pas de mine : un panneau, des toilettes et une machine où payer sa dîme… Pas un chat. Même les paysages me laissent sur ma faim. Des collines parsemées de ces buissons squelettiques typiques des déserts. J’ai déjà vu mieux…

En désespoir de cause, nous prenons une déviation vers « Dante View ». La route monte, en lacets serrés. Bientôt nous sommes à 1600 mètres. Homme de peu de foi ! Depuis le belvédère, un grand spectacle s’offre à nos yeux.

                             

Une immense étendue de sel se perd dans l’infini, laissant paraître, ici et là, une terre aride, grise, jaune, violette. La chaleur vibre dans l’air, elle se dépose en fines gouttelettes sur notre peau. Le désert dans sa splendeur menaçante.

A propos, il fait trente degrés, déjà quatre plus que la température maximale prévue par les météorologues  d’avant-voyage.

Nos estomacs réclament. Il est temps de piqueniquer. Oui, mais où ? Il n’y a pas un arbre à la ronde. Nous prenons une piste en terre. On ne sait jamais… Mais nous finirons par croquer nos sandwiches à l’abri du hayon de notre voiture. Pas besoin d’étaler le fromage, il y arrive tout seul. Vivement un petit arrêt au Visitor Center. Ses locaux à l’air conditionné nous semblent bien accueillants. Si nous avions des doutes, un thermomètre géant nous les ôte rapidement. Cent et un degrés Farhenheit… Sortons nos calculettes : moins 32, divisé par 1.8, cela fait 38,33 degrés Celsius. Nous apprendrons par la suite que nous sommes à moins d’un degré du record absolu du jour. Vive les prévisions des spécialistes…

                         

Tels les chercheurs d’or d’antan, nous fuyons. Notre GPS nous aide à retrouver notre chemin, mais Death Valley a gagné encore une fois…

Il ne nous reste qu’à chercher un peu de fraicheur au Symphony’s Restaurant, un établissement étonnant dans le contexte de Pahrump. Cadre élégant, nappes sur les tables, cuisine inventive bien que trop abondante, service soigné. Il s’agit en réalité d’un restaurant installé dans une vinothèque.

Et les vins ? Mieux vaut oublier ceux de l’Utah…

…Ce matin, nous avons battu un nouveau record. Départ à 0545 heures précises pour ne pas rater le lever du soleil. La route est longue. Le pied lourd sur l’accélérateur,  j’observe un peu inquiet les premières lueurs qui déchirent l’obscurité de la nuit…

Mais le jeu en valait la chandelle. Zabriskie Point est absolument magnifique. A nos pieds s’étend une mer de roches érodées dont les lignes se perdent dans mille dessins différents. Plus loin, nous apercevons les contreforts encore enneigés de la Sierra Nevada. Tout est encore dans l’ombre, mais il ne va pas tarder à se colorer. Tout d’abord le rose de l’aube, puis le rouge dans toute ses nuances, enfin les jaunes du jour qui s’installe.

                             

                               *cliquez sur l’image

                 

Qui dit jour, dit chaleur, n’est-ce pas ? Fuyons..

Après un rapide et mauvais petit-déjeuner au Furnace Creek Resort, véritable oasis dans le désert avec ses palmiers qui poussent grâce à une source d’eau souterraine, nous sommes en route pour Badwater, ce lac salé asséché que nous avons aperçu hier depuis les hauteurs de Dante View. Quatre-vingt-six mètres au-dessous du niveau de la mer. La blanche couverture crisse sous nos pas, mais ne se casse pas. C’est une étrange sensation de marcher sur cette surface. Malgré la présence d’autres badauds, je me sens seul, perdu dans un irréel océan blanc. Est-ce que je parviendrai à regagner le rivage  ?

                           

Le temps passe. Le soleil brille dans le ciel. Il ne fait pas froid…

Nous avons quitté la voiture pour marcher dans un canyon assez étroit. Je me colle contre les parois, à la recherche d’une ombre salvatrice, Claude, Christine et Louis, inconscients de ma peine,  gambadent joyeusement en papotant. C’est dur, mais c’est beau !

                         

Pas de pique-nique aujourd’hui. Le saloon de Stovepipe Wells nous semble l’endroit idéal pour une bière et un hamburger. Voyage dans le passé. Les trois jeunes filles de la table à côté vont nous danser le cancan sous les applaudissement set les sifflets des quelques cowboys assis ici et là. A une autre table, un Asiatique et un Blanc s’insultent. Les Colts vont bientôt sortir… Mais le shérif va venir faire sa ronde.

Claude et Louis, qui sont venus ici il y plus de vingt ans, nous assurent que rien n’a changé.

                                         

Nous nous en sortons sains et saufs. Pas de duels, pas de coups de feu sur le pianiste. Mais Death Valley gagnera encore une fois. Pas le courage d’attendre le coucher du soleil. Juste quelques images.

     

                           

Je plains les visiteurs de l’été.