EL PARQUE NACIONAL DE DOÑANA

Une autre zone humide mondialement connue, paradis des ornithologues. Plus grand que le parc naturel du delta de l’Èbre (540 kilomètres carrés contre 320), il s’articule aussi autour de différents environnements. Nous sommes toujours en rive de mer, mais plus au Sud, entre les provinces d’Huelva et de Séville. La pinède envahie parfois par les dunes mobiles fait son apparition.

 

Les cinq jours dont nous disposons seront-t-ils suffisants pour se faire une bonne idée du parc ? Parviendrons-nous à dénicher les meilleurs endroits pour observer la faune ? Serait-ce judicieux de recourir à l’un des opérateurs locaux qui proposent des visites guidées du parc en 4×4, malgré ma méfiance vis-à-vis de ce genre de tourisme de masse ?

Des questions que je me pose en arrivant à Ardea Pupurea Lodge, une propriété rurale sise à l’extérieur du parc, près de Villamanrique de la Condesa, où nous avons loué un confortable bungalow indépendant pour y établir  notre camp de base.

Ma gré la renommée internationale du parc, la documentation officielle est plutôt lacunaire. J’ai dû piquer des renseignements ici ou là sur le Net, dans des blogs de passionnés comme nous. Nous sommes dans le vague…

Mais arrêtons donc de cogiter. Le premier jour a déjà commencé.

En route pour l’un des cinq centres des visiteurs, celui d’Acebuche. Sur place, nous découvrons qu’il y a deux sentiers piétons qui mènent à deux lagunes. Nos premiers pas pleins d’espoir…

Le premier observatoire est bien fait et bien situé, le deuxième également, les suivants aussi. Petit problème : les lagunes ont disparu, complètement asséchées !

Mais il en faut bien plus pour nous décourager.

 

 

Un autre centre, celui de la Rocina, n’est pas bien loin. Il suffit de revenir en arrière, sur une quinzaine de kilomètres, le long de la même route, la  A483.

Ici aussi, une passerelle en bois marque les premiers pas d’une longue promenade. Ici aussi, nous parvenons au premier d’une longue série d’observatoires, mais ici la lagune est bel et bien présente !

Si Gallocanta nous avait ébahi avec ses grues cendrées et l’Èbre avec ses ibis falcinelles, Coto Doñana ne veut pas demeurer en reste. Il nous offre la danse d’une ou deux centaines de flamants roses.

 

Avec en prime, nos premières spatules blanches et quelques autres friandises…

 

 

 

 

Quinze kilomètres dans les jambes ! Il est temps de rentrer. Mais cette première expérience nous a fait comprendre que nous ne pourrions pas visiter l’intégralité du parc. Les distances sont trop importantes et le parc ne peut pas être traversé, faute de routes. Nous devrons renoncer en tout cas aux Salinas de Bonanza, qui nous tentaient bien. Qu’importe, une bonne raison de revenir !

D’autant plus que le lendemain, le temps se gâte. Il a plu pendant la nuit et le ciel est très menaçant. Un orage approche.

La météo des prochains jours n’est guère plus encourageante. La région fait face à des déluges inhabituels pour la saison. Nous décidons de changer de stratégie et adoptons celle qui nous a souvent réussi dans nos autres aventures.

Plus de plans précis. Notre sophistiqué matériel photo, lourd et un brin encombrant supporte mal de longues ballades sous la pluie.

Nous allons faire des deux principaux observatoires de La Rocina, distants de quelques centaines de mètres l’un de l’autre, nos points de repère. Ils sont propices à l’observation sous la pluie.

Pour le reste, nous allons suivre notre inspiration et sillonner les rares routes du parc, qui deviennent parfois pistes, à la recherche d’une bonne rencontre.  Sans oublier de profiter des éclaircies qu’un vent violent et constant nous apportera pour marcher jusqu’à un observatoire ou une lagune cachée.

 

Justement, la Dehesa de Abaja semble un bon endroit à découvrir, d’autant plus que le soleil semble revenir. Mais c’est raté ! Une longue promenade pour arriver à des observatoires où la lagune a encore une fois disparu.

Raté ? Pas tout à fait.

 

 

La route rectiligne qui longe les rizières entourant Isla Mayor risque d’être un piège mortel. Voitures et camions y roulent à une vitesse folle. Il y a très peu d’endroits où garer la voiture et faire quelques pas à pied, car la pluie a transformé ses bas-côtés en boue. Mais comment s’en empêcher ?

 

 

 

J’ai aperçu une grande aigrette. Ce n’est pas très courant, tout au moins en cette saison. Nous nous arrêtons. En la cherchant dans les roseaux du Brazo della Torre, Christine déniche une talève sultane. Attendons, elles vont finir par ressortir. Vaine attente…

Mais un peu plus loin, les roseaux s’écartent. Le spectacle recommence.

 

 

 

Notre voiture de location a beau être un SUV 4×4. Ses pneus de ville, sans aucun profil, s’enrobent de boue, dès que la piste  se détériore à cause de la pluie. Une vrai savonnette !

J’entends les reproches d’Otto, notre vaillant tout terrain resté à Genève. Promis, juré. Notre prochain voyage en Espagne se fera avec lui.

Nous essayons de rejoindre le centre visiteur José Antonio Valverde, mais un trou boueux qui travers largement la piste m’en dissuade. Demi-tour. Profitons-en pour piqueniquer…

 

 

 

Au moins 73 bihoreaux gris, adultes et immatures, nous tiennent compagnie. C’est incroyable et je peine à avaler mon sandwich abasourdi par leur ballet contre le vent. J’admire et je ne m’en lasse pas.

Jamais, avant de venir en Espagne, nous n’avions vu autant d’oiseaux de la même espèce en même temps, sinon sur les falaises lointaines en bord de mer.

Il est désormais temps de quitter Doñana. Comme notre prochaine destination n’est pas loin, je propose à Christine une dernière ballade le long de la lagune d’El Rocio, le village le plus connu du parc, où affluent tous les touristes et les opérateurs touristiques…

Malgré le monde d’un dimanche matin, c’est une bonne idée.

 

 

 

 

 

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