LA TERRE DES LEOPARDS

Claude et Monique ont surmonté une nouvelle épreuve… Le vent nous a transportés là-haut dans les cieux de Kafue National Park pour nous faire atterrir à Lusaka. Une nuit dans la capitale et un nouvel envol vers Mfuwe plus tard et nous voilà en route pour un autre parc, celui du South Luangwa.

       

     

 

Nous roulons désormais en direction de Kaingo, au fond du parc national.  Sensations déjà connues : la traversée de villages où tout le monde s’agite à ne rien faire, un père chanceux qui ramène sa fillette en bicyclette, d’autres écoliers à pied qui nous saluent, quelques regards hostiles… L’entrée du parc foisonne d’animaux : lions, girafes, éléphants, hippos et crocodiles. Nous les observons un peu blasés. Nous avons hâte d’arriver dans notre monde.

La savane nous a engloutis. Je cherche à reconnaître un coude de la rivière, une plaine sablonneuse, un arbre à la silhouette étrange. Suis-je vraiment déjà passé par là ? Peut-être…

Mais ce n’est plus le temps des souvenirs. À peine installés dans notre confortable chalet au bord du fleuve et déjà Sandy, notre guide, nous amène vers de nouvelles aventures. La piste, un virage, un coup de frein. Nous avons failli l’écraser.

Une histoire se dessine.

     

Kaingo, terre des léopards, tu portes bien ton nom ! Dans la lumière du soleil déclinant, elle est là, splendide. Courroucée, peut-être même agacée par notre présence, tout d’abord, puis superbement indifférente, occupée par sa chasse que nous dérangeons certainement. L’un ou l’autre des pukus pâturant dans la zone nous doit peut-être son salut…

Claude, Christine, Pierre-Jean, qu’attendez-vous donc ? Déclenchez, parbleu !

         

       

La nuit est tombée. Elle nous a volé notre léopard. Mais dans l’obscurité, une autre histoire commence.

         

         

Treize lionnes et lionceaux nous entourent. Le faisceau de la torche illumine un bâillement, une grimace, des ombres qui bougent, des griffes et des dents…

-Ou diable est passée celle qui était couchée derrière la jeep ?- chuchote-je.

-Elle est à côté de moi- me murmure Christine.

Des secondes qui paraissent des heures. Des minutes qui durent une vie. Une émotion qui se renouvelle sans cesse.

       

   

Plus loin, un rugissement nous appelle. Un jeune mâle veut aussi son moment de gloire.

Les nuits, mêmes les plus belles, finissent par disparaître. Un nouveau jour se lève, même si celle-là feint de ne pas le savoir…

       
Shadow

Kaingo est peut-être la terre des léopards, mais aussi celle d’autres animaux. Ici, lions et hippopotames s’adonnent à un drôle de sport national. Entraînement ou rencontre de championnat ? Allez savoir…

         

         

Qui a gagné ? Nous n’en savons rien. Nous sommes partis avant la fin.

         

         

Ce qui est certain, c’est que celui-ci a dû abandonner à cause de blessures…

     

   
Shadow

…et cet autre. Il est un peu vexé. Il n’était que remplaçant !

         

           

Kaingo, terre de léopards, lions et hippopotames. Mais pas seulement. Déjà nous apercevons au lointain des tâches de couleur, des becs et des ailes. La gent ailée annonce le début d’un nouveau spectacle.

            *glissez et cliquez sur la photo          

 

Branle-bas de combat. Sandy nous annonce un léopard. Où ?

-Là-bas, derrière le buisson- s’exclame Monique.

-Ah oui, je le vois- annonce fièrement Christine.

Moi, je ne vois rien. Déjà il faudrait que quelqu’un veuille bien situer le buisson… Je suis un peu vexé. Peu importe. Il y en aura d’autres.

Quelques instants de confusion. Mais, derrière nous, quelque chose bouge. Une silhouette qui ne laisse aucun doute. Un vrai léopard, un mâle de surcroît. Tout le monde le voit celui-ci. Il faut dire qu’il avance sans se soucier un instant de notre présence.

         

             

Nous le suivons quelques instants. Et nous tombons sur un autre léopard, une femelle cette fois. Elle feint de dormir la coquine… Je suis sûr qu’elle observe le mâle.

C’est incroyable. Dans quelques centaines de mètres carrés, nous apercevons deux léopards, que dis-je, trois si je compte celui qui est sensé se cacher dans les buissons, de l’autre côté du ravin. Je n’en crois pas mes yeux. Nous avons vu des léopards dans nos voyages africains, mais jamais trois en même temps.

Et voilà que le mâle s’apprête à traverser le ravin. Il s’aplatit, épouse le terrain, cherche à se camoufler dans les aspérités du terrain . Il chasse, sans aucun doute. Quelques secondes et la femelle l’imite, en empruntant une trajectoire légèrement à l’écart.

Juste le temps de foncer de l’autre côté et nous allons assister à une de plus belles scènes qu’il nous ait été donné d’observer en Afrique.

Des feulements et des grognements. Une fusée qui sort des buissons, la carcasse d’un puku dans la gueule. Quelques secondes après, notre léopard mâle est au sommet d’un arbre. Il fait déjà sombre, mais nous apercevons la femelle de tout à l’heure se contenter de quelques miettes de chair tombées du ciel. Quant à la chasseresse, elle a dû s’en aller bredouille… Enfin, pas tout à fait, car la proie était déjà entamée.

             

La nuit est désormais tombée. Les torches illuminent le chenapan. Dans un silence absolu et fascinant, nous entendons clairement ses dents déchirer chair et muscles, briser les os. Nos yeux ne le quittent guère, sauf un court instant, pour admirer une hyène, la fourrure happée par les rayons de lumière, venue quémander quelques restes. L’oeil du léopard sourit goguenard.

Et puis c’est l’apothéose ! Quatre lions mâles surgissent du néant, tels des fantômes flottant dans les ténèbres. Ils hument le sang, tournent autour de l’arbre, l’un d’eux essayant même d’y monter. Ils sont à un mètre, peut-être moins de nous…Moments sublimes où quelques frissons ne cessent de mordiller mon échine.

Il est malheureusement temps de rentrer. Le dîner nous attend aussi à la table commune du mess ouvert de Kaingo Camp. Et nous n’aurons même pas besoin de chasser. Juste d’attendre, un verre à la main, près du feu, au bord de la rivière, que la cuisinière nous appelle.

       

         

Le lendemain. Ou un autre jour… j’ai perdu le compte. Installés dans un affût au bord du fleuve, nous admirons les seigneurs des lieux. Les hippopotames nous offrent un ballet dont la chorégraphie bruyante varie sans cesse. Kaingo est aussi terre d’eau.

 

   

       

Mais voilà que ceux-là nous font signe qu’il est temps de déguerpir…

           

Il m’a semblé apercevoir une ombre fugitive, là-bas dans les arbres. Je me suis certainement trompé. Sandy n’a rien vu. Mais non, la voilà à nouveau. Je n’ose pas le dire, mais je crois l’avoir aperçu.

Ce n’est pas possible. Claude et Louis ne l’ont jamais vu, malgré tous leurs voyages en Afrique… Le sujet est même devenu une blague entre nous. Qui donc ? Mais le lycaon, pardi !

Et pourtant c’est bien lui. Lui ? Non, eux. Tout un groupe de lycaons.

               

 

Un grand moment. La découverte d’un nouvel animal, dans des conditions exceptionnelles car nous restons pendant longtemps avec eux. Ils jouent, ils se reposent, ils prennent la pose. Nous les comptons et nous les recomptons. Le compte n’est jamais bon. Il y a toujours un qui disparaît derrière un tronc ou un buisson…

 

     

Nous jouerions avec eux. Difficile d’imaginer qu’il s’agit d’un prédateur féroce qui réussit sa chasse plus de deux fois sur trois. Il repère sa proie et l’épuise dans des interminables poursuites avant de la mettre à mort. Seule chance pour sa victime : parvenir à se cacher.

Mais il est déjà temps de repartir. Là-bas, sur un arbre perchés, deux lascars nous appellent. Ils veulent sûrement nous montrer quelque chose.

       

Une fois sur place, nous avons de la peine à comprendre leur langage. Nos questions ne sont peut-être pas claires… Nous cherchons et nous recherchons quand soudain, il apparaît, dans toute sa splendeur.

     

Kaingo, terre de léopards. Quelle meilleure image pour te quitter ?