♦ 3-7 décembre 2016
Nous voilà sur notre dernière île. Kauai est la plus nordique et la moins peuplée des quatre grandes îles hawaiennes. La plus pluvieuse aussi. L’eau y a d’ailleurs sculpté des paysages grandioses que nous avons hâte de découvrir.
Désormais routiniers des aéroports hawaiens et des compagnies de location de voitures, nous sommes rapidement opérationnels. Il n’y a pas de temps à perdre. Il fait beau et chaud, il faut en profiter…
Au coeur de l’île, pas très loin de notre logis, une très jolie villa à deux étages à Koloa, le temps a façonné Waimea Canyon.
Depuis le bord de la mer, deux routes peuvent nous y amener. En suivant le conseil d’un guide, nous empruntons la 552, la plus spectaculaire, paraît-il. En fait le spectacle commence après le croisement des deux routes.
Depuis les nombreux points de vue, aménagés ou pas, la Waimea River n’est qu’un mince filet d’eau plusieurs centaines de mètres en contre-bas. Autour de nous, les couleurs explosent. Parfois collées à une parois vertigineuse, parfois suivant la pente et disparaissant dans le vide. Les bruns, rouges, jaunes et noirs s’animent sous la baguette des directeurs d’orchestre, le soleil et les nuages. Tantôt doux, tantôt agressifs…
Et la route continue. Nous quittons Waimea Canyon pour pénétrer dans un vaste plateau cerné par forêts et montagnes. Nous sommes dans le Koke’e State Park. Au bout de la route qui prend de la hauteur avec quelques tourniquets, un belvédère. Et un autre spectacle grandiose.
La vallée se creuse, tailladant le plateau et s’enfuyant vers la mer, dévoilant les crêtes déchiquetées de la Na Pali Coast, sauvages et inatteignables. Pics, pitons, falaises, arêtes et couloirs dessinent une dentelle.
Il est temps de revenir, le soir nous guette. Un dernier coup d’oeil : voilà Waimea Canyon qui change de couleurs …
Le coq a chanté. Il est temps de se lever.
Aujourd’hui, nous sortons nos souliers de marche. Au programme, un bout du sentier du Kalalau, probablement le plus connu d’Hawaii. Le seul moyen de découvrir la Na Pali Coast, autrement qu’en hélicoptère ou en bateau.
Pourquoi un bout ? Tout d’abord parce que onze miles se terminant en cul-de-sac sont un peu trop pour nos vieilles jambes. Puis, parce qu’il traverse des falaises à pic sur la mer. Vertige mis à part, les conditions du terrain gorgé de pluie le rendent dangereux.
Mais, tout d’abord, il faut y arriver à ce sentier. Nous devons remonter toute la côte est de l’île. Environ 80 kilomètres.
La route se révèle d’ailleurs très jolie, parfois enfouie dans la végétation, très intime, souvent bordant la mer, avec des jolis coups d’oeil sur quelques plages. Les pics déchiquetés de l’ile ne sont jamais bien loin. Ils ajoutent du cachet à l’itinéraire.
Une fois au bout de notre périple, nous découvrons rapidement que nous ne sommes pas les seuls à avoir eu l’idée. C’est dimanche et les parkings sont débordés. Pire encore, le sentier est barré.
Comment diable allons-nous occuper la journée ?
Christine donne l’exemple. Elle déniche une grotte remplie d’eau, enfouie dans la forêt tropicale et un hôte plutôt inhabituel.
Toutes ces péripéties nous ont donné faim. Autant partir à l’exploration des plages pour trouver un endroit tranquille et adapté à notre pique-nique…
-Dis Christine, laisse tranquille cet oiseau ! Il ne t’as rien fait…Il a le droit de vivre sa vie.
-Mouais…-
-Il ne t’a piqué qu’une tranche…enfin…
-Mouais… j’ai faim, moi !
*cliquez sur la photo et lancez le diaporama
Pas toujours commode, la vie à la maison, n’est-ce-pas ?
Mais oublions tout ça. Ce n’est qu’un moment d’égarement. Après tout, nous sommes en vacances. Une partie de minigolf dans un jardin botanique ?
Pourquoi pas ! Histoire de s’amuser un peu. Le gagnant ? Elémentaire, mon cher Watson…
Mais, amis lecteurs, nous sommes au pays des dinosaures. Vous souvenez-vous de « Jurassic Park », ce film culte sorti en 1995 qui a ramené parmi nous des animaux disparus mystérieusement il y a belle lurette ? Ses scènes principales ont été tournées ici.
En attendant notre envol, dans les locaux d’Island Helicopters, je regarde sur un écran le tyrannosaure dévorer l’avocat de la compagnie, Donald Gennaro, caché dans des toilettes. Je voyage avec trois avocats… Certes, ils ont cessé d’exercer il y a longtemps. Tout de même, il faudra que je fasse attention, surtout que l’une d’eux me tient à coeur…
Mes soucis disparaissent avec le décollage de l’hélicoptère. Kauai vue du haut dévoile toute sa sauvagerie. C’est magnifique. Puis l’engin pique vers le sol, s’engage dans une gorge verdoyante en suivant les virages de la rivière. L’aventure défile à nos côtés. Les portes de « Jurassic Park* s’ouvrent… Nous y sommes.
Où est-elle ? Mais qui donc ? La chute, pardi !
La voilà enfin, chargée de souvenirs et de frissons. Nous atterrissons presque à ses pieds. J’ai déjà vu des chutes bien plus impressionnantes, mais celle-ci est particulière. Pas de carnassiers dans les parages, juste un innocent brontosaure… Tout au moins dans mon imagination.
Nous ne tardons pas à redécoller. Waimea Canyon et ses vallées rocheuses, Na Pali Coast et ses falaises déchiquetées. Nous adorons chaque minute, que dis-je, chaque seconde.
Le survol de Big Island avait déjà été une grande réussite. Ici, c’est encore mieux. Si vous passez dans le coin, n’hésitez pas un seul instant. Faites-nous confiance.
La simple lecture d’une carte suffit pour découvrir que l’île de Kauai n’a pas beaucoup de routes. Nous les avons toutes empruntées… Toutes ? Non, il nous reste un bout de chemin qui conduit à Polihale State Park, à l’extrémité de la côte ouest.
Les quelques kilomètres de la route qui s’arrête pour ne pas plonger dans la mer sont une piste assez défoncée, bien entendu interdite par les compagnies de location de voitures. Mais évidemment nous l’ignorions et nous sommes désormais sur une magnifique plage barrée au nord par les contreforts imposants de la Na Pali Coast et au sud par des dunes qui se prolongent à l’infini. Trois ou quatre campeurs mis à part, nous sommes seuls et libres de jouer avec les vagues qui déferlent à nos pieds.
Ces vagues hawaiennes que j’imaginais hautes et chevauchées par des surfeurs sans peur, je les découvre plutôt plates et désertes.
Mais elles restent puissantes et dangereuses. Non seulement elles peuvent vous assommer comme j’en ai fait l’expérience, mais également vous amener au large, dans les courants traîtres de la côte. Il vaut mieux se contenter de les défier depuis la plage et faire rapidement marche arrière lorsqu’elles s’approchent sournoisement.
Un somptueux coucher de soleil nous accompagne sur le chemin de retour. Mais nous sommes tous attirés par le barbecue qui nous attend sur notre terrasse. Honte à nous, personne ne trouve le temps et l’envie de prendre une photo… Blasés, dites-vous ? Vous avez raison !
… Claude n’aime pas le vide, c’est désormais connu. Elle s’adonnera au plaisir du snorkelling sur la plage près de la maison, pendant que Christine, Louis et moi-même allons plonger dans le néant le long des câbles de Koala Zipline.
Pendant deux heures, nous allons redevenir enfants et glisser au milieu des arbres et au-dessus d’un lac en nous jetant dans le vide depuis huit plateformes dressés dans la forêt. Professionnel, amusant et différent. Pour les frissons, nous irons voir ailleurs…
Depuis notre arrivée sur l’île, les températures ont été conformes aux prévisions météo de départ, alors qu’ailleurs, il a fait nettement plus frais. Aujourd’hui aussi nous nous offrons 28 degrés et le ciel est assez dégagé. Une occasion pour retourner à Waimea Canyon sous le soleil.
Mais plus nous avançons, plus les nuages nous rattrapent. Le brouillard envahit les gorges, les ondées nous surprennent. Certes, cela a un charme certain, mais nous n’étions pas venus pour cela…
Et nous n’aurons guère plus de chance sur la plage où nous nous arrêtons pour fêter dignement notre dernier soir hawaien. Le coucher du soleil de hier soir n’est qu’un souvenir. Une large bande de nuages obstrue l’horizon. Mais la bonne humeur règne…
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Au fait, nous disposons encore de quelques heures sur l’île de Kauai avant d’embarquer ce soir pour Honolulu et Vancouver.
Une dernière partie de minigolf, une visite à la réserve ornithologique sise tout autour du phare de Kilauea où nichent frégates, albatros et fous à pieds rouges.
Celle-ci souffre de l’éternel débat entre la nécessité de protéger la nature et sa faune et la possibilité de la montrer au monde… Ici, le choix a été fait d’empêcher toute approche, même lointaine, des aires de nidification. Un choix que je ne partage pas, mais que je dois accepter.
Enfin, un dernier hamburger au Mediteranean Gourmet, un agréable restaurant en bord de mer. Nous y dénicherons leur dernière bouteille de riesling Clos Hauserer de Zind Humbrecht.
Une façon sympathique de faire nos adieux aux îles de Hawaii, n’est-ce-pas ?