Quittons enfin cette nature merveilleuse. Nous sommes des citadins et les bruits et la frénésie de la ville semblent nous manquer…
Naïvement, j’en étais resté à la description de Las Vegas fournie par des les écrivains et les metteurs en scène d’une époque révolue. Casinos, jeux d’argent, mafia, violence et corruption. Je m’attendais à découvrir la ville surgissant du désert, telle une splendide fleur malveillante aux mille couleurs attirant ses futures proies pour mieux les dévorer.
Certes, nous avons traversé le désert du Mojave. Mais depuis des dizaines de kilomètres, nous roulons entre maisons identiques, casinos de deuxième zone, magasins de tout genre et le célèbre strip n’apparaît toujours pas.
Aujourd’hui, les gangsters désirant enterrer leurs victimes dans les sables du désert doivent en faire des dizaines de kilomètres…
Etes-vous fans de George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon ou encore Julia Roberts ? Avez-vous vu le film Ocean Eleven ? Si c’est le cas, vous vous souvenez sans doute de Terry Benedict et d’un casino. Pour moi, qui dit Las Vegas, pense Bellagio… et le Bellagio sera donc notre gîte.
D’ailleurs, notre arrivée ressemble à un film. Notre misérable voiture coincée entre une berline de huit mètres de long et une Ferrari, un valet nous souhaite la bienvenue, un autre s’occupe de nos bagages et un autre encore s’empare de nos clés et fait disparaître notre carrosse. Juste le temps d’attrapper ma Go Pro et nous nous retrouvons dans le hall de l’hôtel, au milieu de centaines de gens qui cherchent à obtenir l’une de ses quatre mille chambres. Heureusement, nous avions réservé via e-mail et Louis, Claude et Christine, qui s’occupent des formalités d’enregistrement, disposent d’un accès privilégié…
Pendant ce temps, immobile au milieu du hall, je filme. Une foule incroyable se dirige compacte vers moi, se fend à la dernière minute pour me contourner, objet insignifiant, pour se refermer immédiatement et s’éclater à nouveau à quelques mètres de moi où se trouvent les premières rangées de « slot machines ». Ahurissant !
Nous avons pris deux chambres avec vue sur le Strip. En attendant nos bagages, je découvre la tour Eiffel, la statue de la Liberté et la roue du Prater viennois et j’en oublie… Puis, soudainement, vingt cinq étages plus bas les célèbres fontaines du Bellagio explosent, véritable feu d’artifice liquide.
Il fait chaud, trop chaud pour la saison, mais personne ne s’en soucie. Le Strip est envoûtant. Bruissant de monde, de bruits, de couleurs, il aligne casinos, magasins, restaurants et palais de verre dans un mélange de styles surprenant qui ne peut paraître beau qu’à Las Vegas… La musique est omniprésente, agaçante pour mes oreilles habituées aux silences.
-Fuyons-la- supplié-je mes amis. -Tiens, voila le MGM, entrons donc.-.
Un casino ressemble à un casino, une slot machine à sa soeur du Bellagio. Malencontreusement, le bruit des pièces tombant de la machine lors d’un jackpot a été remplacé, modernité oblige, par un décompte électronique. Adieu l’ambiance…Lorsque vous voulez encaisser vos gains, vous pressez sur un bouton et vous récupérez un ticket. Christine exhibe fièrement le sien : elle a gagné 4,20 $.
Et moi ? Pas de questions stupides, s’il vous plaît.
Nous retrouvons le Strip. Las Vegas est démesure… Dans la circulation, une voiture passe et repasse. Sur son toit, un panneau avec la silhouette d’une jolie fille et un numéro de téléphone. Vous ne savez-pas comment passer votre nuit ?
Cette nuit qui a désormais enveloppé la ville et qui fait briller tous ses atours. Maintenant, Las Vegas est décidément belle.
Nous dînons dans un excellent restaurant, la Brasserie Bardot, dans le complexe de l’Aria, l’un des plus récents casinos de la ville. Mets et vins redonnent du plaisir à nos palais de gourmets un peu délaissés ces derniers temps. Mais, il est temps de revenir sur nos pas. Les salles du Bellagio n’attendent que nous.
Trois cents dollars plus tard, je regagne mes pénates.
Je suis venu, j’ai vu et j’ai perdu… Je ne reviendrai certainement jamais plus à Las Vegas, mais il aurait été dommage de ne pas la connaître.
Une idée me trotte soudainement dans la tête. Le gouvernement des États-Unis se fait le pionnier de la santé de ses citoyens. Il mène une lutte bienfaisante contre la fumée au point d’interdire la cigarette même en pleine nature. Tiens. Dans les casinos qui sont désormais derrière nous, il est autorisé de fumer.