• 10 au 15 octobre 2023
Le plus ancien parc américain est aussi souvent cité comme étant le plus beau non seulement aux Usa, mais au monde.
Un avis que partagent certainement ses trois Seigneurs.
Les deux premiers, Old Faithful et le bison, sont aisés à observer. Il leur arrive même de se côtoyer. Le troisième, le loup, l’est un peu moins. Arrivé plus tard dans son domaine, il aime se tenir à l’écart des foules. Il n’a pas besoin de l’admiration de ses sujets. Il sait qu’il est beau.
Mais quel plaisir de parvenir à dénicher sa silhouette lointaine se confondant avec les ombres des pentes ou se faufilant à l’orée d’une forêt. Cette année-ci je suis encore profondément ému d’avoir pu l’observer à la jumelle dans sa résidence de Lamar Valley.
Cessons de nous occuper des seigneurs des lieux pour nous consacrer à leurs sujets et à leur habitat. Ils le méritent bien.
Nous logeons dans un très confortable bungalow à West Yellowstone, à proximité immédiate de l’entrée ouest du parc. Tous les matins nous prenons une direction différente, à la découverte des merveilles de Yellowstone. Le choix est conséquent.
Une immense caldeira d’un peu moins de 4000 km carrés occupe une partie importante du parc. La dernière éruption du géant endormi se cachant sous elle remonte à 600000 ans. Tous les experts s’accordent à prévoir qu’il y en aura une autre. Soyez rassurés, elle n’est pas prévue pendant notre passage.
Cette caldeira abrite la plus grande concentration géothermique du monde. Geysers, fumerolles, concrétions calcaires, sources d’eau chaude… Ici la terre nous parle, dans un langage que chacun peut interpréter à sa façon. Début ou fin du monde ?
Old Faithful en est devenu le symbole. Sa puissante colonne d’eau haute d’une cinquantaine de mètres jaillit plusieurs fois par jour des entrailles de la terre, avec une régularité impressionnante. Les rangers parviennent à indiquer la fourchette horaire de la prochaine explosion. Pour le bonheur des centaines de touristes encore présents en cette fin de saison.
Impossible de se soustraire à sa fascination. Comme tout le monde nous attendons patiemment les bons vouloirs du Vieux Fidèle.
Le symbole, certainement. Mais depuis son emplacement, des sentiers de plusieurs kilomètres nous amènent dans un monde de couleurs et lumières. Geysers dormants ou se réveillant quand bon leur semble, sources chaudes, bassins multicolores se succèdent. Ils ont tous un nom. Mais est-ce vraiment important ? Ce qui compte c’est que nous sommes dans un monde hallucinant.
Nous avons parcouru des kilomètres à pied. Allons donc nous reposer dans la voiture… Pure illusion. La terre fume de partout, impossible de ne pas s’arrêter à chaque moment.
Des mares bouillonnantes, des piscines aux bords saillants, de nouvelles arabesques. Incroyablement, ici rien ne se ressemble, tout est différent.
Nous sentons le souffre. Allons nous aérer. Lamar Valley évoque en nous de grandioses souvenirs hivernaux, lorsque nous étions venus ici pour observer le loup. Nous sommes tous curieux de voir si la magie opèrera toujours à une autre saison.
Malheureusement, d’importants travaux sont en cours sur la route. Là ou nous avions dégusté un café, à moins 15 degrés, face à un bison dont la fourrure fumait sous les rayons d’un timide soleil, là où nous avions admiré une meute lointaine de loups, quelques engins de chantier nous empêchent l’arrêt.
Qu’importe. Nous retrouverons sûrement quelques instants magiques ailleurs.
Une bande de pronghorns s’annonce. Deux cerfs mulets aussi. Mais ce sont les bisons les protagonistes du jour. Il y en a partout, des troupeaux entiers dans chaque prairie que nous croisons. Nous n’en avions jamais vus autant et surtout pas ici.
Étrange animal, ce bison. Sa silhouette puissante devrait inspirer le respect, voire une légère crainte. Pourtant il n’en est rien. Leur attitude lymphatique en est sûrement la raison principale. Prudence pourtant. Ils courent à 70 km/h et ils sont lunatiques.
Ils ont failli disparaître, à cause des grandes chasses du 19ème siècle. C’est raté. Il y en a environ 5000 à Yellowstone. Ils doivent être tous autour de nous.
Cette vallée exerce une telle attraction chez nous que, pendant notre séjour, nous y retournerons dès que possible et par toutes les chemins existants.
L’occasion d’une rencontre avec un superbe wapiti mâle dans les environs de Mammoth Hot Springs.
Ou celle de découvrir Blacktail Plateau Drive, une route secondaire non goudronnée d’une dizaine de kilomètres qui grimpe sur un plateau et offre des vues splendides sur les contre-bas du parc. L’endroit idéal pour quitter les chemins battus et avoir une chance supplémentaire d’une rencontre avec la faune.
Quelques bisons isolés sur les sommets, sûrement des mâles. Pas d’ours, que nous cherchons depuis longtemps. Mais un coyote quand-même !
Un débat s’engage. Certains parmi nous pensent qu’il s’agit d’un renard. Pas moi. Plus tard, une ranger à laquelle nous montrerons nos photos tranche. C’était un coyote.
Peut-être le même que celui que nous croiserons sur le chemin du retour, dans la lumière incertaine du jour qui s’achève. Va savoir.
Il a neigé cette nuit. La route qui traverse Hayden Valley, l’une de celles qui amènent à Lamar Valley était fermée ce matin. Nous comptons bien la parcourir sur le chemin du retour, car c’est un autre endroit du parc où nous pourrions faire des belles rencontres avec la faune sauvage. Et cela commence bien !
La suite ne maintient pas ses promesses. Nous avons beau scruter à la jumelle la vallée. Quelques sempiternels bisons et rien d’autre. Heureusement, la route, qui gravit le Mont Washburn, est magnifique, l’une des plus belles du parc. Un coucher du soleil masqué par les nuages, la neige qui enrobe les forêts et vallées lointaines, ainsi que le sommet des arbres plus proches, la rendent encore plus fascinante.
Magnifique, le Grand Canyon de Yellowstone l’est aussi. Une palette de couleurs rouge, orange, jaune, marron que les rayons de lumières étalent sur ses parois vertigineuses et torturées. Au fond, les méandres de la rivière, dominés par Lower Falls, y ajoutent du blanc et du bleu. Les nuances vertes de la forêt complètent le tableau.
Enfin, pouvions-nous quitter Yellowstone sans nous lever une fois à l’aube et profiter des lumières du jour naissant ? La réponse est évidente.
Nous avions déjà aperçu leurs têtes émerger ici et là dans la prairie. Ce matin, la petite harde de wapitis qui réside dans le coin traverse la rivière, près de nous. Un cadeau d’adieu fort apprécié.
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