♦ 28 mai 2015
Le réveil a sonné. Il est cinq heures et demi. Branle-bas de combat. Ce matin, nous allons nager avec les requins blancs, ces grands prédateurs à la légende terrifiante.
Vous ne me croyez pas ? Suivez-nous alors, bande de sceptiques. Juste un détail insignifiant : entre nous et eux, il y aura une solide cage en acier…
Tout le monde est là. Café et croissants, consignes de sécurité, choix des tenues de plongée, le temps s’écoule lentement. Finalement, nous embarquons, avec une bonne vingtaine de compagnons d’aventure.
La mer est agitée, nous tanguons. Mes yeux sont braqués sur la cage, qui, pour l’instant, est arrimée à sa grue, à la poupe du catamaran. D’autres bateaux ne sont pas loin. Certains, très petits, disparaissent dans les creux des vagues.
Une vingtaine de minutes. L’équipage s’affaire : les ancres sont jetées, la cage descend dans la mer, arrimée au bastingage bâbord. Christine – aquaphobe – et Louis ont renoncé à plonger d’entrée de cause. Françoise ne parvient pas à se changer car le bateau bouge trop. Delphine, quant à elle, renonce subitement après avoir admiré la gueule béante d’un magnifique requin de 4 mètres et quelques, venu lui dire bonjour.
Moi, j’enfile ma combinaison, j’en serre péniblement la fermeture éclair et, soudainement, le mal de mer m’attrape. Je ne suis pas le seul. Dominique, en bon ami qu’il est, m’imite.
Un premier lot de 8 valeureux ont pris place dans la cage, leur tête à fleur d’eau. Dès que les requins approchent, attirés par une silhouette de phoque en contreplaqué qui flotte à la surface et par une tête de thon faisant fonction d’appât, Ils descendent sous l’eau pour profiter du spectacle.
Malade comme un chien, je les vois à peine. Je cède ma Go Pro à Dominique qui ne l’a jamais manipulée, en lui donnant des explications confuses. Difficile de lui en vouloir si les images seront ratées… Je n’ai pas la force de descendre dans la cage. Je veux renoncer.
-Allez-y, allez-y- me crie un marin. – Ca ira mieux une fois dans la flotte- ajoute-t-il.
Tu parles, Charles ! Je suis tellement occupé à lutter contre le mal de mer, que je n’apercevrais même pas une baleine rose ou presque. Il y bien quelques silhouettes fugaces qui passent devant mes yeux, dans les eaux rendues troubles par la vase soulevée par le vent et les vagues. Je les vois à peine, même lorsqu’une d’elles heurte violemment la cage.
Une des demi-heures les plus longue de ma vie. Et ce n’est pas fini, car il faut patienter le temps que la cage descende à deux reprises pour permettre à d’autres malades de vivre la même expérience.
-Terre, terre- s’écrie la vigie… Je suis soulagé.
Finalement, Christine, Françoise et Delphine ont pu admirer les requins mieux que nous. Louis, lui, a beau être resté sur le pont, il n’a rien vu. Il était plus malade que moi.
On mange divinement à Forest Lodge. Un excellent déjeuner est ce qu’il faut pour nous remettre de nos émotions. Notre esprit d’aventure ne s’est pas amenuisé. Christine et moi-même décidons de suivre Delphine dans sa promenade équestre. Ainsi, ma femme ne pourra plus affirmer n’avoir jamais fait du cheval…
Quant à moi, je dois avouer ne pas avoir des grands souvenirs des paysages de la réserve, tellement j’étais occupé à faire comprendre à ma monture la direction qu’elle devait prendre.
Reste à savoir qui a été le plus stressé : l’homme ou le cheval ?