Nous n’aimons guère les grandes villes. Il n’a donc jamais été question de passer quelques jours à Madrid, Barcelone ou même Séville, malgré toutes les merveilles architecturales et historiques qu’elles peuvent vanter.
Mais nous ne pouvions pas ignorer complètement le riche passé de l’Espagne. Et puis, les quelques heures que nous avons décidé de passer entre églises, monuments et vieilles pierres nous ont permis d’oublier un court instant oiseaux et animaux…
• Cuenca
Petite ville médiévale d’environ 60000 habitants, elle se situe au centre du pays, en Castille-La Manche, dans une région montagneuse que nous avons traversée en parcourant les routes étroites et sinueuses du parc naturel de la Serranía de Cuenca, en côtoyant forêts, torrents et lagunes.
Un plaisir pour les yeux, tout le contraire de la ville basse de Cuenca assez laide et banale. Mais il suffit d’abandonner la voiture au pied de la ville haute et de remonter ses ruelles en pente pour flâner dans un contexte plaisant de vieilles maisons, dont les trois fameuses maisons suspendues, accrochées à un escarpement qui surplombe les gorges de la rivière.
Une petite visite à sa cathédrale de claire origine gothique, avant de faire connaissance avec ses habitants, fort sympathiques.
• Toledo
On dit que Hannibal était armé d’une lame de Tolède lors de ses guerres contre les Romains qui n’utilisaient que le bronze pour leurs armes de poing… Ce qui est certain c’est que les lames en acier de Toledo, forgées dans un alliage de fer et de deux aciers différents, ont peuplé les romans de cape et d’épée de ma jeunesse.
Aujourd’hui les innombrables épées et poignards vendus dans les nombreux magasins de souvenirs qui bordent les ruelles de la ville à des prix de solde proviennent de Chine ou d’Inde.
Mais l’on pardonne facilement à la ville ce petit péché, car, perchée sur sa colline, dominée par son Alcazar, plongée dans le vert, Tolède donne l’impression d’une cité où il fait bon de vivre.
Alcazar, cathédrale, synagogues, monastères et couvents ne manquent pas. Nos pas à travers le dédale de ruelles particulièrement étroites du centre historique, héritées du Moyen-Age parait-il, nous conduisent à une exposition d’engins de siège des siècles passés. Une façon comme une autre d’apprécier le passé de la ville.
• Granada
Nous voulions découvrir l’Alhambra, cet ensemble fortifié qui domine la ville, témoin de la dernière présence en Occident du monde musulman de l’époque.
En cet après-midi de dimanche de fin novembre, les visiteurs sont foule. Des queues se forment à l’entrée de l’Alcazaba, ancienne citadelle militaire, des palais Nasrides, résidence des derniers princes musulmans, du Généralife et ses jardins, où ces mêmes princes passaient l’été ou encore du palais de l’empereur Charles Quint.
Nous avons trouvé la parade. Nous logeons au Parador de Granada, le seul hôtel sis à l’intérieur du parc, à quelques dizaines de mètres du coeur de l’Alhambra. Flânons un peu, entre les vieilles murailles, en attendant que la foule disparaisse avec l’arrivée du soir.
Pour visiter l’ensemble palatial sans contrainte, il faut un billet d’entrée (peu cher au demeurant, 14 Euros). Une seule exception, l’entrée aux Palais Nasrides. Seul 7000 visiteurs par jour sont admis et il est nécessaire de réserver un créneau horaire.
Pour nous, cela sera le premier, à huit heures et demie. Excellent choix, car il nous permet d’éviter une longue file d’attente. Les palais, au pluriel car chaque prince aimait ajouter ici et là une pièce ou un jardin, sont un ensemble de salles rectangulaires, reliées par des vestibules. Le décor et l’architecture sont inhabituels pour un Occidental, mais le sentiment est le même que lors d’une visite d’un château ou d’un palais royal de chez nous : les puissants de ce monde aiment vivre dans le luxe, sous n’importe quelle latitude…
Nous nous arrêterons là pour ce qui est de l’Alhambra et de Grenade. L’appel de la forêt résonne fortement en nous.
• Avila
Les remparts d’Avila, longs de 1700 mètres, se voient de loin, d’autant plus que nous les approchons en parcourant une vaste plaine.
Mais la ville, pourtant classée au patrimoine mondial de l’humanité, nous laissera sur notre faim.
Certes, ses rues pavées, ses sites médiévaux, ses églises et sa cathédrale gothique, la plus vieille d’Espagne, sont agréables à découvrir, mais Avila, dans ce dimanche proche des fêtes de fin d’année, semble figée dans le temps, sans vie comme ses magasins bas de gamme fermés et ses nombreux restaurants qui le sont autant.
Elle reprend un peu de couleur uniquement le soir venu lorsque ses murailles illuminées la réveillent de sa torpeur.
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