Nous venons d’atterrir à Honolulu, après une escale de 24 heures à Vancouver, où nous avons échangé nos tenues polaires pour un habillement plus adapté aux températures d’Hawaii. Nous en avons profité pour dîner agréablement en compagnie de Patrice, le fils d’Irène, une ancienne greffière de Christine. Établi depuis une dizaine d’années au Canada, il a acquis le célèbre accent… Sa femme, Momoko et leur très jeune fille, Naomi, l’accompagnaient. Un repas à 1730 heures. Avouez-le, plutôt inhabituel pour des Européens. Heureusement, nous avions deux heures de décalage…
Les clés de notre voiture de location en poche, nous plongeons immédiatement dans la circulation infernale de l’île. Des queues et, une fois éloignés de la ville, des autoroutes à quatre pistes, où les autochtones roulent à des vitesses largement supérieures à celles autorisées, en vous dépassant à gauche et à droite. Très peu américain…
Nous nous dirigeons vers Pupukea, au nord de l’ile, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale. Nous y avons loué une maison, comme d’ailleurs dans toutes nos étapes dans les îles. Tout est assez construit dans les parages.
Notre gîte est magnifique. Construite sur une colline très verdoyante, la maison domine la côte. Deux chambres, double services, un très vaste espace séjour sur deux étages, avec deux grandes terrasses, où nous nous relaxons un moment. Il ne fait pas trop chaud. Vingt-deux degrés. Les averses succèdent aux éclaircies. L’arc-en-ciel va et vient. Il justifie sa présence sur les plaques d’immatriculation de l’État.
Honolulu est une étape obligatoire pour le touriste. Tous les vols internationaux y atterrissent. Mais ses plages renommées, bondées de monde, flanquées par des hôtels à 500 chambres, ne nous attirent guère. Nous avons songé à n’y rester qu’une nuit. La présence de Pearl Harbor nous a fait changer d’avis.
Waikiki, la plage par excellence, où nous passons la soirée, après avoir à nouveau vaincu une circulation démentielle, est sommes toutes agréable. La nuit gomme toute horreur. Même la démesure des installations balnéaires du Sheraton peut paraître jolie. Pour le reste, un défilé de boutiques des grandes marques, des magasins et des restaurants à chaque coin de rue, une animation de tous les instants…
Le lendemain, nous arrivons à Pearl Harbor vers 0930 heures. Les parkings sont déjà pleins. L’accueil pourrait être plus agréable. Les panneaux d’interdiction de tout genre pullulent.
Nous devons laisser nos petits sacs à dos dans une consigne. Ils sont interdits à l’intérieur de peur peut-être que nous volions un sous-marin. Nous finissons par accéder au site sous l’œil suspicieux de l’un de nombreux individus en uniforme censés contrôler le respect des interdits…
Nous y resterons quelques heures. J’en ressors avec une impression très mitigée, sensation que nous partageons tous, je crois.
Lors de voyages précédents, j’ai eu l’occasion de constater que les Américains sont friands de repères historiques qu’ils ont de la peine à trouver à cause de la jeunesse de leur nation. Avec Pearl Harbor, ils en tiennent un de taille, mais celui-ci est vraiment peu mis en valeur.
Pas de fil conducteur qui amène au 7 décembre 1941, pas d’explications sur un fait majeur de la deuxième guerre mondiale, pas d’évocation des temps qui furent, pas de trace de la solennité que ce lieu devrait susciter, à l’exception peut-être du mémorial construit sur les restes de l’Arizona, coulé par les bombes japonaises que, pour finir, nous n’avons pas voulu visiter, de guerre lasse.
Certes, la visite du cuirassé Missouri a été intéressante. Mais ce bâtiment a joué un rôle majeur dans le conflit. Les quelques photos de la signature de la capitulation japonaise ne suffisent pas à sa mise en valeur.
Bref, j’ai l’impression d’avoir visité une foire bon enfant, un parc de loisirs américain un peu suranné.
Et ce n’est pas le tour du nord de l’île qui occupe notre après-midi qui me remettra de ma déception. La circulation est toujours intense, à travers un habitat moins luxueux mais très présent. De temps en temps et plutôt rarement la vue s’égare sur une plage…
Si Honolulu possède des trésors cachés, nous n’avons pas su les découvrir…