MALIGNE ROAD

♦ 7 septembre 2014

       

Ce matin, réveil à 0615, départ à 0730. Nous voulons parcourir la Maligne Road, cette route où nous avons les meilleures chances d’observer des animaux, lorsque la masse des touristes est encore bien au chaud dans son lit.

Le plan fonctionne. A la perfection ? Pas tout à fait. Nous sommes seuls ou presque, mais ours, wapitis et autres bestioles ont aussi décidé de faire la grasse matinée. Qu’importe. Les paysages sont splendides dans la lumière dure du matin et, pour une fois, il n’y a personne autour du lac Maligne, au bout de notre périple.

         

 

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Qui n’a pas vu, au moins une fois dans sa vie, la mythique photo d’un groupe de sapins poussant sur un îlot, perdu au milieu d’un lac aux eaux bleutées, avec les glaciers en toile de fond ?  C’est autant l’un des emblèmes du Canada que la feuille d’érable… C’est le lac Maligne.

Eh bien, nous ferons encore une fois la preuve de notre différence. Nous ne photographierons pas cette huitième merveille de la nature. Pour l’apercevoir, il faut prendre l’un des bateaux qui effectuent des croisières sur le lac. Or, il est trop tôt et les bateaux aussi font la grasse matinée. Plus tard, il y aura certainement foule.

La forêt entourant le lac foisonne de chemins pédestres. Nous en prenons un au hasard, le « Mary Schaeffer Loop ». Il nous amène tantôt sur les rives du lac, tantôt dans la forêt, nous dévoilant ici et là des coins de paradis. Nous avançons avec une certaine prudence, attentifs aux traces au sol et aux bruits du sous-bois. Après tout, nous sommes au pays des ours !

Un mouvement dans les buissons, un éclair de couleur. Ce n’est pas un plantigrade, mais simplement un lagopède. Il a revêtu sa tenue d’été, parsemée de brun et gris. La tâche rouge autour de l’œil indique clairement qu’il s’agit d’un mâle.

   

               

Forts de notre longue expérience de photographes animaliers, nous déplions toute la panoplie connue  de ruses démoniaques pour l’approcher le plus discrètement possible, sans l’effaroucher et le faire s’envoler.

Totalement inutile. Affairé à trouver de quoi se nourrir, il nous regarde à peine, absolument indifférent à notre présence. Nous devons même faire attention à ne pas le piétiner…

La foule est désormais là. Il est temps de partir vers d’autres aventures. Nous redescendons en direction de Jasper, ce qui nous vaut notre deuxième rencontre avec les mouflons des Rocheuses. Un groupe de femelles et de jeunes occupe la chaussée, en semant la panique parmi les voitures. Attirés par le sel présent sur les pneus et les carrosseries des véhicules, ils les lèchent goulûment, en n’hésitant pas à introduire leur tête par les fenêtres ouvertes, ce qui provoque parfois des scènes cocasses. Après tout, ils ont aussi le droit de pratiquer la photo animalière, n’est-ce pas ?

   

               

Un peu plus loin, nous abandonnons la voiture. La rivière Maligne assume ici pleinement son nom. Elle a creusé dans le calcaire des gorges étroites et profondes parfois de plusieurs dizaines de mètres. Un sentier descend, abrupt, en suivant ses rives. Plusieurs ponts enjambent les eaux tumultueuses. C’est assez joli, mais évidemment très fréquenté. Nous supposons que les animaux, dont la présence est annoncée par plusieurs panneaux, attendent un moment plus propice pour visiter les lieux.

Mais notre persévérance sera enfin récompensée. Nos premiers wapitis, un jeune mâle et une biche plus âgée nous attendent patiemment au bord de la route, à la lisière d’une forêt, à une encablure des premières maisons de Jasper.

Branle-bas de combat. Nous essayons de trouver le meilleur angle pour les photographier, sans descendre de la voiture. C’est la période du rut et, paraît-il, le mâle peut être dangereux si l’on marche sur ses plates-bandes…

       

   

Le temps passe. Le mâle se déplace, il grimpe une colline, il se couche. Je ne tiens plus. Je le contourne, en gardant constamment le vent en ma faveur. Je m’arrête chaque fois qu’il semble m’observer. Je parviens enfin à une distance raisonnable pour quelques séquences vidéo que je savoure à l’avance. En ce moment, je suis loin de savoir qu’il ne s’agit que d’un hors-d’œuvre.

Et, à propos d’hors-d’œuvre, ceux du « Raven’s bistrot » sont excellents, comme d’ailleurs les viandes et les poissons. Nous sommes réconciliés avec la cuisine canadienne…