MAUI ISLAND

♦ 29 novembre-3 décembre 2016

   

Mike, notre logeur à Kona, nous avait prédit la foule à Maui. Apparemment, il avait raison. Nous retrouvons la circulation d’Honolulu. Après nous être extirpés du trafic de l’aéroport, nous procédons en colonne, presque pare-chocs contre pare-chocs.

Mais la comparaison s’arrête ici. La route qui nous amène à Lahaina longe une côte très sauvage. Le regard suit les vagues et se perd à l’horizon. Chaque virage dessine un nouveau tableau. Ici, la montagne plonge directement dans la mer, là-bas un bosquet fait rempart aux vagues. Malheureusement, il pleuvine et la lumière est vraiment mauvaise.

Lahaina est une petite ville très animée, en ce milieu d’après-midi. Les guides touristiques disent qu’elle incarne encore l’esprit de l’Hawaii d’antan…Il est vrai que ses bâtiments en bois, parfois suspendus sur la mer lui donnent des airs sympathiques de ville du passé. Mais l’ancien bourg, où, au XIXème siècle chassaient les baleiniers, s’est transformé en une suite ininterrompue de boutiques et restaurants, entrecoupés de galeries d’art.

C’est toutefois agréable de s’y promener, surtout que nous dénichons un estaminet qui sert des cafés de comme chez nous.

                           

Maui est beaucoup plus petite que Big Island. Nous avons tout le temps pour rejoindre notre logis, à Kihei. Nous flânons un peu, avant de nous mettre en route. Toute la côte est un gigantesque centre balnéaire, où se mélangent des innombrables condominiums, des hôtels cinq étoiles et des terrains de golf. C’est récent, c’est moderne et c’est soigné, souvent plongé dans le vert. Les panneaux d’interdiction sont presque plus nombreux que les immeubles…Les vacances de rêve ? Pas pour nous.

Des pâtes sauce « Rudy » et demain est déjà là.

En route pour un peu d’intimité. La Hana Road, à l’est de l’île est renommée pour être une très belle route, sinueuse, étroite et spectaculaire. Mais auparavant, une petite halte pour nous dégourdir les jambes. La mer est belle et je sors mon kite surf.

                           

Ce n’est pas moi ? Vous en êtes sûrs ?

Quoi qu’il en soit, nous quittons rapidement les plages pour pénétrer dans la forêt tropicale. Une végétation exubérante, qui nous serre de près. La route s’est faite étroite et les possibilités de s’arrêter ne sont pas nombreuses. L’orage nous a rejoints et les frondaisons ne suffisent pas à nous protéger.

                       

Il n’y a pas beaucoup de monde, mais les très nombreux ponts à voie unique -il y a en 46 le long des 80 kilomètres de la route- créent des embouteillages et des situations cocasses. L’eau ne coule pas uniquement sur nos têtes, mais de partout. Torrents, chutes et rigoles… De temps en temps, trop rarement à mes goûts, la forêt s’écarte et la vue s’échappe jusqu’à la mer. Il ne fait aucun doute, c’est une belle route.

                       

-Tiens, un jardin botanique… Et si nous nous arrêtions ?-

Aussitôt dit, aussitôt fait. D’autant plus que la pluie a cessé et que le soleil refait sa timide apparition entre les frondaisons. Une agréable promenade, sur des sentiers aménagés, entre fleurs, bambous, eucalyptus et j’en oublie. Claude sûrement pas… Elle doit se régaler.

                       

-Tiens, vous n’avez pas un petit creux, vous ? Et si nous piqueniquions ?

Aussitôt dit, presque aussitôt fait. L’un de nous, devinez qui, se dévoue pour aller chercher la voiture et nous voilà installés entre nénuphars et palmiers. Bientôt Louis réclame un café, Claude un dessert, il faut donc repartir pour Hana.

Nous avons passablement trainé. L’après-midi est déjà bien entamé. Christine se fait du souci. Pour ne pas revenir sur nos pas,  nous devons encore parcourir une route que les compagnies de location interdisent car elle est en terre et en mauvais état.

En fait, elle s’avère magnifique. La mer se dévoile enfin dans sa plénitude. Nous la surplombons, la côtoyons et la découvrons. Nous avons même droit à un superbe coucher du soleil.

                       

Puis la nuit s’installe. Pour des raisons que nous ignorons, le dernier bout de la route, celui qui doit nous conduire à Kihei, n’a jamais été construit. Nous repartons vers l’intérieur, sur plusieurs dizaines de kilomètres. Drôle de raccourci que nous avons choisi…

Mon pied s’alourdit sur l’accélérateur, l’attrait de l’écurie. Une bosse, derrière elle le vide, la route plonge. Comme au cinéma, je décolle. Ma bonne étoile me permet de maîtriser l’atterrissage. Le bras de Christine proteste vigoureusement…

Plus loin, je pèse de toutes mes force sur le frein. Une vache, surgie du néant, nous traverse la route. Ouf, il s’en est fallu de quelques centimètres. Enfin, il est vingt heures et nous voilà parvenus à bon port.

Mais Kihei est une station balnéaire. Les restaurants sont bondés. Il faut attendre. Une heure par ici, davantage par là. Nous finissons pour dénicher la perle rare où, malgré un bruit assourdissant, nous dînons agréablement. Les sushis étaient parait-il délicieux. Quels drôles de goûts !

Maui n’est pas très généreuse avec nous. Après les averses de hier, un ciel gris ne promettant rien d’agréable, accompagne nos premiers tours de roues. Mais il en faut davantage pour nous décourager…

Notre première impression se confirme. La côte ouest de l’île n’est qu’un vaste centre de vacances. Autant de raisons pour la fuir, direction le nord.

A pieds, pour une promenade en bord de mer, et en voiture, par une route superbe surplombant la mer, très étroite, à l’extrémité de l’ile. Louis accomplit des véritables prouesses pour ne pas rayer la carrosserie… Malheureusement, la pluie ne nous lâche guère.

                         

Depuis notre arrivée sur l’île, j’ai repéré, pas trop loin de notre logis, une passerelle en bois qui s’enfonce dans les marais. Elle fait partie du Kealia Pond, une réserve du National Wildlife Refuge. Cette fin d’après-midi, où le soleil est enfin revenu, nous offre l’occasion de s’y arrêter.

Et c’est le nirvana, le paradis de l’observateur ornithologique. A quelques mètres de nous, s’ébattent bihoreaux gris, foulque de Hawaii, échasses d’Amérique, bécasseaux sanderling, chevaliers errants, pluviers fauves. Et j’en oublie certainement, tellement je suis pris à les suivre avec mes jumelles et ma caméra.

-Christine, c’est quoi celui-ci ? Un butor d’Amérique ? -Attends… Je ne le trouve pas… Ah, le voilà ! Peut-être, mais il pourrait s’agir d’un bihoreau juvénile…

Juste une question de couleur de l’oeil. Nous ne le saurons pas, même si nous avons notre petite idée.

                         

Je pourrais y passer la nuit. Mais je crois déceler un brin d’impatience parmi mes compagnons d’aventure…

D’autant plus que demain c’est la dernière occasion de monter à l’Hale-a-kala, le volcan culminant à 3055 mètres, qui occupe les deux tiers de l’île. Le lever du soleil y est, parait-il, sublime.

Une raison de plus de scruter le ciel, pendant que d’autres s’occupent du dîner. Ça va, c’est étoilé…

                         

En connaissant mes lascars, je n’ai pas fini d’en entendre parler, du lever du soleil de l’Hale-a-kala !

Dix degrés au sommet, vingt-huit en plaine, six mille et quelques mètres de dénivellation, un réveil que certains jugent très matinal… Aujourd’hui, nous traînons un peu la patte. Une escapade à La Perouse Bay, à travers d’immenses champs de lave, une agréable promenade dans une forêt d’eucalyptus où nous avons d’ailleurs failli nous égarer.

                         

Nous attendons le soir. Notre dernier repas sur l’île nous attend au Kimo’s, une terrasse sympathique que nous avions repérée lors de notre passage à Lahaina. Pour moi, il est temps de partir…