OISEAUX ET CANARDS

Quelque part au nord de Kuusamo, dans le dédale des petites routes sillonnant l’abord des nombreux lacs. Nous cherchons une tour d’observation. Pas évident dans un pays où les panneaux indicateurs n’abondent guère et sont écrits uniquement en finlandais…

Christine consulte sa carte.-« Prend à droite- me crie-t-elle dans l’oreille. Je m’exécute. Pas de chance, c’est un cul-de-sac ! Notre légendaire bonne humeur nous pousse à recommencer à chercher. Nous finirons par la trouver.

Perchés à quelques mètres au-dessus d’un lac, nos jumelles balayent la surface de l’eau, nos regards s’infiltrent dans les roseaux. Des garrots à oeil d’or femelles, des fuligules morillons, une maman colvert qui se promène avec sa progéniture, un couple de cygnes chanteurs, tous hors de portée de nos caméras. Tout au fond, près de la rive, un canard que nous ne parvenons pas à identifier.

-Nous pourrions tenter de l’approcher- proposé-je.

Sitôt dit, sitôt fait. Quelques centaines de mètres plus loin, nous abandonnons notre voiture et  tentons de traverser une bande de forêt sur un sentier à peine dessiné. Nos amis les moustiques ne nous lâchent pas d’une semelle… Puis, nous franchissons une étendue d’herbes et de fougères, attentifs à l’endroit où nous mettons les pieds, le terrain s’étant fait spongieux. Nous parvenons à nos fins, juste cachés par des arbrisseaux. Les oiseaux nous ont repérés et s’éloignent rapidement vers d’autres rivages. Pas assez rapidement cependant : des canards siffleurs.

Une observation réussie, mais combien de ratées ?

Il est assez difficile d’approcher les rives des lacs finlandais. Les endroits plus favorables sont occupés par les « mokki », ces chalets aux couleurs et formes disparates, où les Finlandais adorent venir passer leur temps libre. Il en a partout.

                           

Ailleurs, il est parfois impossible de franchir la forêt ou alors l’étendue d’eau est tellement immense que les canards se tiennent à l’abri de notre curiosité. Quant aux oiseaux, nous entendons leurs chants moqueurs dans les frondaisons impénétrables.

Mais nous sommes têtus, c’est bien connu. Au fil des jours et des heures de planque, notre liste s’allonge et prend de l’envergure. Parfois, nous parvenons même à réaliser une prise de vue !

             

                                                 *cliquez sur le garrot à oeil d’or

           

Notre récompense ? Deux nouvelles observations, pardi !

Le premier est un magnifique canard d’une blancheur resplendissante, bec et masque noir. Noires sont aussi la virgule au sommet de la tête et les minces stries de sa poitrine. Nous l’admirons quelques longues minutes avec nous jumelles. Pas de doute possible, c’est un harle piette. Non seulement il est splendide, mais aussi rare à rencontrer, si nous nous fions à nos livres.

Cachés dans notre voiture, nous attendons qu’il s’approche. Nos caméras trépignent. Eh bien, non. Il ne nous fera pas ce plaisir. Il préfère disparaître à jamais là bas, au fond, dans les marais. Ça ne fait rien, notre journée est déjà réussie !

La deuxième est une chouette épervière qui domine la route, perchée sur un câble électrique. Celui-ci ou celle-ci (il aurait été indélicat de lui poser la question…) nous laisse approcher. Nous avançons prudemment, nous arrêtant tout les trois ou quatre pas. Incroyable, il ne s’envole pas. Plutôt rare pour un rapace.

                         

« Mamma son tanto felice…mamma solo per te la mia canzone vola… ». Ces célèbres paroles chantées par les plus grands ténors d’Italie sont aussi connues en Finlande.