OURS POLAIRES ET AURORE BORÉALE

♦ 15 septembre 2014

   

La neige annoncée et promise est bien là. Une fine pellicule blanche recouvre les escaliers de la tour d’observation, où je me hisse péniblement en bravant le froid et le vent. Mes jumelles scrutent l’horizon. Les trois mâles de hier ont été voir ailleurs. La toundra est vide.

En réalité, comme nous l’expliqueront Jeff et Terry, le seul ours dans les parages ce matin, est un vieux ronchon qui n’aime guère se montrer et qui apprécie encore moins que les humains lui rendent visite.

                     

Il nous en fera une éclatante démonstration lors de notre sortie matinale. Nous l’apercevons à peine, parfois caché dans les herbes, souvent de dos, lorsqu’il nous fuit. Ce n’est pas grave. Le soleil est là. Nous marchons dans des paysages de rêves et nous pouvons toujours nous consoler en admirant le portrait d’un autre habitant des lieux.

         

 

         

Il est temps de passer à table. La chef de cuisine du lodge et son staff se donnent beaucoup de peine pour nous concocter des plats originaux. Ils souffrent néanmoins d’un handicap de taille.

« Un ours près du lodge » s’écrie quelqu’un. Le rôti se fige dans son assiette, les légumes refroidissent. Tout le monde se précipite à l’extérieur, cherche le meilleur endroit pour se placer.

       

         

Un gros mâle est venu nous dire bonjour. Il hume la clôture, s’éloigne de quelques mètres dans les herbes et les buissons, fait le tour du lodge, revient vers nous. Fasciné, je le suis, l’œil collé au viseur de ma caméra. Un vrai spectacle en technicolor.

Nous nous équipons. Les portes grillagées s’ouvrent. La meute s’élance.

Il s’est couché sur la plage. Nous l’approchons, un pas hésitant après l’autre. Il nous regarde, indifférent. Vraiment ? Non, le voilà qui baille.

Combien de minutes sommes-nous restés à une trentaine de mètres  de lui ? Je l’ignore, le temps s’est figé et je savoure mon bonheur.

     

 
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Shadow
         

La cheffe s’est remise de ses émotions. Nous dégustons un apéritif bien mérité. Le soleil se couche sur la toundra. Tout est paix et tranquillité.

   

Pas tout à fait…

                   

Je suis devenu un ours. Paresseusement installé sur mon iceberg flottant dans la baie d’Hudson, je me relaxe. Il fait délicieusement froid. Mon oursonne préférée n’est pas loin. Autour de moi, les phoques frétillent partout. Je n’ai qu’à tendre la patte pour m’offrir mon déjeuner…

Brusquement, on me sort de mon rêve. Il n’est pourtant que minuit à peine passée. L’aurore boréale est venue nous voir.

Au-dessus de nos yeux ébahis, le ciel s’embrase. Des volutes de lumière, vertes et jaunes, aux reflets parfois rosés, se déplacent dans le ciel, changent de forme, se figent, disparaissent pour refaire surface. Contrairement à mes amis, ce n’est pas ma première aurore boréale. À chaque fois, je ne trouve que difficilement les mots pour la décrire. C’est superbe.