TERRE DE CARIBOUS

Une journée interminable. Whitehorse-Vancouver, Vancouver-Edmonton, Edmonton-Yellowknife. Trois vols, de longues attentes dans les aéroports, les habituels retards des avions. Mais nous sommes parvenus dans la capitale des Territoires du Nord-Ouest.

Nous y resterons deux jours à l’aller et un au retour, notre destination, Arctic Haven Wilderness Lodge, n’étant pas aisée à atteindre…

Une marche autour du Grand Lac des Esclaves, une visite au magasin de sport de la ville pour compléter notre équipement, un ou deux verres au bar de l’hôtel et nous sommes déjà le soir. Moment attendu, car Yellowknife n’est pas seulement la capitale de la province, mais aussi celle d’un phénomène naturel d’une beauté à couper le souffle.

 

   
Shadow
     

J’ai déjà vu quelques aurores boréales lors de nos voyages, mais chaque fois je peine à trouver les mots pour les décrire. Des volutes de lumière se déplacent dans le ciel en prenant des formes qui bougent sans cesse. Un ballet qui ne cesse de changer de couleur et d’intensité. Le ciel en marche…Il ne reste qu’à l’admirer en silence.

Prélude à d’autres découvertes ? Nous sommes déjà sur l’Ingraham Trail. Cette route qui s’enfonce dans la nature sur une septantaine de kilomètres à l’est de Yellowknife m’avait attiré lors de la préparation du voyage et j’attendais de pouvoir la parcourir avec une certaine impatience.

Je ne peux qu’avouer ma déception. Certes, elle traverse une région magnifique faite de lacs, rivières et marécages que l’automne, désormais là, colore de tâches flamboyantes. Certes, la nature nous peint des tableaux toujours différents : défilés rocheux qui laissent leur place à la forêt qui, infranchissable par moments, s’éclaircit souvent sur un sol de marbre, deux aigles perchés sur un arbre surveillant un lac. Mais le trail, parfaitement asphaltée, est une véritable autoroute qui ôte toute intimité à sa découverte. Rançon probable aux nombreuses résidence secondaires enfouies dans les bois…

Heureusement que nous la retrouvons cette intimité, en nous promenant sur le sentier balisé qui nous conduit à Cameron Falls.

             

Et puis, il y ce vison d’Amérique qui apparaît par magie et qui disparaît aussitôt, chassé par un groupe d’imbéciles qui veut l’approcher à quelques centimètres… Heureusement, Christine a dégainé très vite.

               

Mais qu’attendons-nous ? C’est l’heure, mes amis. Partons, Arctic Haven nous attend. Un peu moins de deux heures de vol.

Le lodge est sis dans un lieu enchanteur, au bord d’un grand lac, au milieu d’espaces couverts de conifères et de couleurs automnales que les lichens étalent devant nos yeux. Mais l’accueil est assez minimaliste et contribue un peu à refroidir notre enthousiasme.

Qu’importe. Il s’agit sûrement d’une première impression destinée à s’estomper…

Quelques rares explications plus tard nous permettent de comprendre que nous sommes 21 hôtes divisés en deux groupes. L’un est composé de photographes qui sont chaperonnés par un guide, l’autre est le nôtre. Demain matin, nous partirons en bateau pour aller jusqu’au fond du lac, profitant de la météo qui prévoit la meilleure journée de notre séjour. Puis, circulez…il n’y a rien à ajouter !

Il ne nous reste qu’à profiter d’un excellent dîner et à aller se coucher.

Heureusement, une superbe aurore boréale nous sort en plein nuit de notre humeur maussade…

             

Le lac Ennadai est immense, il ne finit jamais. Nous dépassons une île, nous franchissons un promontoire pour nous retrouver dans les eaux libres. Chaque bout de terre semble indiquer la fin du lac, mais chaque fois, le jeu recommence. Les jumelles braquées sur l’horizon, malgré les soubresauts du bateau, nous finissons pour dénicher quelques caribous, des tous petits groupes, sur l’un ou l’autre  des îlots qui constellent le lac. Alors que je m’attends à débarquer, pour essayer de les approcher, nous continuons inexorablement à naviguer.

Notre première et unique rencontre avec un caribou est due à une pause-pipi non prévue par le programme… De loin, rassurez-vous. Nous le regardons partir sans même tenter de l’approcher. Il y en bien eu un autre, mais il nageait, celui-là. Une première pour nous.

   
Shadow

-Allons-nous nous approcher quelques mètres- osè-je demander ? Bien sûr que non, il nous prendrait pour des braconniers et il aurait peur. Ridicule…

Sept à huit heures de navigation pour quelques autres images volées de loin. Heureusement, un grizzly nous aperçoit depuis son île. Il court à notre rencontre. Menace ou curiosité ? Nous ne le saurons jamais. L’eau l’arrête, lui aussi…

         

Un premier jour à l’image de ce qui seront les autres… Nous évoluons dans des paysages magiques…

 

 

… parmi les plus beaux qu’ils nous a été donné de voir lors de nos nombreux voyages, mais selon un programme défini à l’avance qu’il faut suivre sans tenir compte des attentes des clients. Si nous avons croisé quelques animaux, c’est uniquement dû au hasard et non pas à une quelconque recherche.

               

Alors, cessons d’écrire et regardons les quelques images que nous avons pu voler ici et là.

             

Nous quittons Arctic Haven Wilderness Lodge sur un tour d’hélicoptère. Les caribous étaient pourtant bien là…