Il pleuvine, ce matin. Ce qui ne nous empêche nullement d’admirer, à la lumière du jour, la propriété qui entoure nos magnifiques chambres. C’est un mélange savant de nature à l’état sauvage et de pelouses artistiquement entretenues. Mark, son propriétaire, qui nous accueille au petit déjeuner, peut en être fier. C’est superbe.
Il nous annonce une bonne nouvelle : le temps va s’améliorer. En nous fournissant de nombreux renseignements sur la région, il acquiesce lorsqu’il apprend notre but du jour : Tsitsikamma National Park.
Tout en roulant, nous épions le ciel, à la recherche d’une lueur prometteuse. Les plus optimistes croient voir quelques éclaircies au milieu de la grisaille. A juste titre, car lorsque nous arrivons au bord de l’océan indien, il a cessé de pleuvoir. Les vagues s’écrasent sur les rochers de la côte : superbe. Cela aurait mérité une meilleure lumière.
Quelques timides rayons de soleil nous accompagnent dans l’approche du pont suspendu sur la mer. Une marche d’une petite demi-heure dans une forêt dense et peuplée de damans, puis une descente vertigineuse. Françoise, vaincue par le vertige, renonce. Nous autres, nous amusons comme des gamins. En fait, il y a trois ponts : le principal traverse le bras de l’océan qui s’enfonce dans les terres, les deux autres longent le rivage.
Claude-Nicole est restée endormie ce matin. Elle n’avait pas pu prendre sa douche. C’est désormais chose faite. La vague l’a rattrapée au milieu du deuxième pont…
La terrasse du restaurant nous attend : nous commençons à ressentir le besoin de remplacer les calories que nous venons de dépenser. En dégustant son eau minérale, Delphine annonce, le plus calmement du monde qu’il y des loutres dans la mer. Évidemment, personne ne la croit, même pas ses parents. Pourtant, elle a raison : deux loutres de mer s’ébattent joyeusement dans les vagues déchaînées de la baie.
Ma salade va refroidir. Tant pis. J’attrape ma caméra et bondis sur les rochers glissants, en tentant une approche. J’ai presque oublié que ne je n’ai plus vingt ans. Je réussis. En réalité, elles chassent, en apparaissant et disparaissant dans l’eau bouillonnante. J’en vois une qui avale goulûment un poisson. L’autofocus de mon appareil fait merveille dans des conditions difficiles. Il suit ces satanées bestioles dans leurs facéties, sans se laisser détourner par la danse des vagues.
C’est magnifique. Je suis tellement absorbé par ce spectacle que j’en oublie la marée. Encore quelques minutes et j’aurais dû rentrer à la nage.
Bien que n’étant pas des amateurs de jardins zoologiques, Plettenberg Bay nous donne envie de nous arrêter à « Birs of Eden », une volière géante qui nous a été recommandée par Mark. Nous nous promenons sur une passerelle en bois qui s’enfonce dans une forêt luxuriante. Il y a des oiseaux partout, parfois très proches de nous, au point que je sors ma casquette. On ne sait jamais, n’est-ce-pas ?
Nous nous surprenons à jouer le jeu et à chercher à dénicher dans les frondaisons l’oiseau rare. J’en suis encore étonné aujourd’hui…
-Nous avons le temps pour une dégustation de vins- suggère Louis. Et bien, non. Lorsque nous arrivons devant l’estaminet, un employé affiche le panneau « closed ». Tant pis, nous allons nous rabattre sur les vins du « Cruise Café », un autre restaurant donnant sur la lagune de Knysna.