L’Islande est vraiment un drôle de pays. Ce matin, la F26 est indiquée comme « incertaine ». Certes, nous pourrions nous renseigner plus en détail auprès de Vegagerdin, l’Office d’administration des routes islandaises. Mais, à quoi bon ? Les hôtels de notre nouvel itinéraire sont déjà réservés. D’autre part, nous aventurer sur des pistes qui pourraient nous contraindre à revenir en arrière, sur des centaines de kilomètres est tentant, mais un peu inconscient à quatre jours de l’embarquement.
Cesse donc de rêver, Rudy. Les fjords de l’Est nous attendent.
Nous avons déjà parcouru cette route. Premier arrêt à Skaftafell. Il y a un peu moins de monde, ce qui nous incite à partir en promenade. Certains parmi nous sont fatigués, pas question de Svartifoss ou d’autres marches plus ou moins exigeantes. Nous irons jusqu’à la lagune glaciaire du Morsarjökull, une courte promenade plate d’environ une heure aller-retour. C’est agréable, mais nous avons déjà vu mieux. Ou alors, c’est une impression influencée par le moral du jour…
Jökulsarlon, sous le soleil, c’est évidemment autre chose qu’il y a quelques jours. Les couleurs de l’eau et de la glace sont magiques. Nous y passons encore une fois pas mal de temps.
La région de Höfn est rarement citée dans les guides de voyage et par les visiteurs de l’Islande. Pourtant, les quelques dizaines de kilomètres précédant la ville sont superbes. Les jaunes et verts des plaines marécageuses aux alentours de Hornafjördur contrastent magnifiquement avec le bleu de la mer. Les cygnes chanteurs y règnent en maîtres, taches blanches dans une palette aux tons pastels.
Une courte piste part en direction de Flatey. Elle s’enfile entre mer et marécages pour vous conduire au bord de l’Atlantique. D’autres oiseaux foisonnent ici : sternes arctiques, huîtriers pies, chevaliers gambettes, gravelots. Il suffit de se donner la peine de les chercher.
Puis, dans un paysage verdoyant et bucolique, des images d’eau et de glaciers venant y mourir s’alternent sans cesse. La lumière est belle. Les haltes photographiques s’imposent.
Notre hôtel du jour s’approche. Comme tous les hôtels islandais, il est un coup de poing dans le paysage, morne caserne dans des endroits de rêve. Christiane, Françoise et Georges reçoivent la permission d’aller sous la douche, avec mission de réserver le restaurant pour ce soir. Nous autres nous revenons en arrière. La 984 nous tend les bras et nous attire.
Après avoir franchi un gué qu’Otto décide d’aborder par son côté le plus difficile, la piste s’enfonce dans la plaine jadis recouverte par les glaces de l’Hoffellsjökull. Une autre voiture, moins adaptée aux pistes du coin, tente de se tailler un passage. Nous la distançons rapidement. En quelques kilomètres, la route nous amène à une magnifique lagune glaciaire, superbe découverte dans une nature sauvage et agressive.
Pas de foule ici. Nous sommes presque seuls, la famille de l’autre voiture nous ayant rejoints. Dans une lumière métallique, accentuée par les nuages qui descendent du glacier, nous nous régalons.
Apparemment, il n’est pas coutume en Islande de réserver des places au restaurant. Il faut y aller, profiter d’une table libre ou patienter pour qu’elle se libère. C’est tout au moins la réponse que Georges a reçu au Pakkus, restaurant connu de Höfn.
Lorsque nous y arrivons, la serveuse refuse de nous inscrire sur la liste d’attente car nous sommes trop nombreux, paraît-il ! Georges monte le ton et les tours, à la limite de l’esclandre. Il parvient à obtenir le droit de patienter au bar pendant une heure.
Pour ma part, je serais parti tout de suite, mais je me plie au choix du groupe.
La cuisine est très bonne, les langoustines sont excellentes. Toutefois, il ne suffit pas de savoir cuisiner pour avoir un minimum de classe. Le Pakkus est pour le moins victime de son succès.