VIK ET SA PLAGE

♦ 2 juillet 2014

 

Devinez quel temps fait-il ? -Il pleut- dites-vous ? Gagné ! D’ailleurs, cette nuit, la tempête s’est déchaînée. Nos terrasses sont couvertes de branches et feuilles arrachées aux buissons qui nous entourent.

Les prévisions météo ne sont pas folichonnes. Dans le groupe, on s’interroge sur le programme des prochains jours. Certains parlent de Reykjavik. Sûrement pas pour Christine et moi..

Il nous semble néanmoins décerner une lueur d’espoir, là-bas, à l’horizon.  En route pour Vik et sa plage de sable noir. Oh, miracle. Le soleil perce les nuages. Nous pouvons même avoir une vision fugitive du Myrdalsjökull. Ca ne durera guère.

   

   

Comme nous pouvions nous y attendre, nous ne sommes pas seuls à Reynisfjara. Qu’importe. Même grouillante de monde et enfermée dans une cape grisâtre, cette plage est l’une des plus belles au monde. La marée monte et les rouleaux des vagues s’écrasent sur les pitons de Reynisdranger, pour venir mourir à nos pieds. Surtout sur les miens, d’ailleurs. Je suis tellement concentré sur ma caméra pour éviter de ramener les images d’un touriste inconnu que j’ai la mer dans mes souliers.

Spectacle fascinant que cette mer. Les vagues déferlent, changeant sans cesse de direction. Elles dessinent des arabesques fugitives sur le sable noir, dentelles élégantes et éphémères. Quelques rares oiseaux, des goélands, défient le vent et jouent avec l’écume.

Le cap Dyrholaey, à l’autre extrémité de la plage, apparaît et disparaît dans le brouillard. Nous y allons quand-même. Pluie et vent redoublent d’ardeur. Un touriste se fait arracher son ombrelle.

       

       

Un court chemin très pentu donne accès à la réserve ornithologique, là-haut, sur la falaise. Dominique, Christine et moi-même sommes les seuls à faire preuve de persévérance. Nous marchons, le vent dans le dos qui nous pousse, jusqu’au rocher percé. Des centaines de goélands et de fulmars s’agrippent aux parois de pierre.

Il pleut maintenant et le vent a redoublé de puissance. Péniblement, nous remontons la pente. Mouillé comme un poussin (le Goretex est évidemment resté dans le coffre), je me précipite vers Otto. Impossible d’ouvrir la portière. La voiture tangue sous les rafales, on dirait qu’elle veut partir. Avec l’aide de Christine, je parviens à la retenir.

Le chauffage fonctionne à fond dans la voiture. Nous nous dirigeons vers Skogar, son musée et sa chute. Après tout, il n’est pas interdit de faire preuve d’optimisme. Nous avons lu quelque part qu’en Islande, après la pluie, il y a le soleil.

Pour lui donner une chance, au soleil, nous nous restaurons dans le bistrot du coin. Peine perdue, il ne viendra pas. Par contre, il a cessé de pleuvoir et nous parvenons à mettre en boîte quelques clichés qui ne passeront pas à la postérité.

Mes compagnons d’aventure veulent visiter le musée. Je ne suis pas intéressé. Je préfère me remplir les yeux de la puissance de l’eau qui se précipite de la falaise. J’avais déjà remarqué que ma fascination pour les chutes était modérément partagée.

Resté seul, je tente l’escalade. Douze minutes et 36 secondes plus tard, j’ai franchi les gradins de l’escalier qui monte au sommet de la chute. Je venais de me sécher, je suis à nouveau trempe, une averse m’ayant surpris en chemin. Je me trouve courageux d’avoir tenté de filmer Skogafoss depuis le haut…

 

 

Il était prévu de pousser jusqu’à Seljalandfoss. Le mauvais temps aura gagné. Nous rentrons. Après tout, demain est un autre jour.