VOLCANS ET BALEINES

♦ 21 juin 2014

 

Pour une fois, le soleil brille à notre réveil, ce qui nous pousse à écourter notre petit-déjeuner. C’est parti pour une séance de chasse photographique. Pendant nos deux premiers séjours, nous avions toujours pu admirer les garrots arlequins sur les eaux agitées de la Laxa, nom générique d’un torrent qui coule pas bien loin de nos cottages. Nom générique, car les Islandais lorsqu’ils manquent d’inspiration ou sont un peu paresseux, nomment Laxa plusieurs de leurs torrents.

En route, donc.

   

 

À peine descendus de voiture, deux garrots nous survolent. Bon signe, diriez-vous ? Eh bien, non. Nous arpentons les rivages de la Laxa, mais pas de trace de ce satané canard. Par contre, nous subissons une véritable attaque d’au moins un bataillon de moucherons islandais.

« Sortez les moustiquaires » crie Georges, tout en crachant une livre de ces bestioles qui ont profité de l’aubaine pour s’engouffrer dans sa bouche. Non d’une pipe, j’ai oublié la mienne. Dominique, stoïque, me prête la sienne.

C’est pour fuir cette peste ailée ou parce que ce matin elle n’a pas pris sa douche, que Christiane décide de prendre un bain dans le torrent ? Nous ne le saurons jamais. Nous savons par contre que son appareil photographique n’a pas du tout apprécié !

 

     

Nous ne rentrerons pas bredouilles de notre expédition. Un couple de garrots islandais, oiseaux endémiques au pays, et une harelde boréale se pavanent longuement devant nos objectifs. Encore mieux, nous découvrirons plus tard, en regardant ses photos, que Françoise, comme d’habitude la plus chanceuse (ou la plus adroite ?) a photographié une femelle de garrot islandais dissimulée dans les buissons d’un ilot de la Laxa.

Rentrer ? Il n’en est pas question. Il n’y a pas beaucoup d’endroits où l’on peut se promener dans le cratère d’un volcan encore actif. Krafla en est un et il convient d’en profiter.

Après avoir payé notre dîme, nous pénétrons dans un monde fascinant où la désolation est œuvre d’art. Fissures, fumeroles, coulées de lave, pseudo-cratères, lacs de soufre nous accompagnent. Le soleil même s’avoue vaincu. Le ciel de plus en plus noir et ensuite l’orage accentuent cette impression d’être dans les entrailles de la terre.

           
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Shadow
               

Il est écrit quelque part que nous ne verrons pas Dettifoss et Selfoss sous une bonne lumière. Dès que nous empruntons la 864, au demeurant en meilleures conditions que sa sœur de la rive gauche du canyon de la Jokulsa, la pluie reprend à tomber. Mais il nous en faut plus pour nous décourager.

 

   

Husavik, la capitale islandaise de l’observation des baleines, nous attend. Bien que je garde un cruel souvenir d’une sortie précédente à Olafsvik (six heures de mal de mer sans croiser aucun cétacé que je n’aurais de toute façon pas vu tellement j’étais malade), nous avons décidé de tenter le coup.

Il y a deux compagnies qui organisent des sorties en bateau :  Gentle Giants et North Sailing. Nous avons choisi la première à cause de la possibilité d’utiliser un zodiac à la place d’un petit bateau de pêche.

Il est 1900 lorsque, harnachés comme des cosmonautes, nous surfons sur la mer plate de la baie. Les baleines sont fidèles au rendez-vous, parfois au loin, souvent toutes proches. Il ne nous reste qu’à réussir le cliché du jour. Pas évident, car ces bestioles ont la mauvaise habitude de surgir partout sauf là où nous les attendons. Quoi qu’il en soit, nous vivons un grand moment, excités comme des gamins. Nos six compagnons d’aventure ne font d’ailleurs pas preuve de retenue.

Pendant que je filme l’énième queue se glissant dans l’eau, du coin de l’œil, j’aperçois une baleine à bosse sortir complètement de l’eau. Mon rêve. Pas de chance, nous étions trop loin. Ou plutôt oui, en voilà une deuxième. Je dégaine ma caméra, plus rapide que Lucky Luke. La séquence ne gagnera pas le premier prix d’un concours auquel je n’ai nullement l’intention de participer, mais je l’ai eue.

Goguenard, le capitaine du bateau nous annonce que, lors de la sortie du ce matin, à 0900, il a cessé de compter au nonantième saut. J’ignorais que les Islandais lisait aussi l’Orlando Furieux !

 

 

                          *cliquez sur la photo

     

De retour dans le port, un charmant  restaurant, le  Gamli Brukur, nous offre d’excellents poissons et un délicieux hamburger, accompagnés de bons vins italiens et espagnols. dans une ambiance joyeuse de samedi soir.