WEST COAST NATIONAL PARK

♦ 25 mai 2015

Nous roulons en direction du West Coast National Parc. Si la traversée de Cape Town nous a réservé des agréables surprises telles cette lagune peuplée de flamants roses ou ces marécages où pataugent toute sorte de canards et de limicoles, la route est rapidement devenue rectiligne et monotone, traversant des paysages sans intérêt.

Nous en profitons pour rouler rapidement et avaler les quelques nonante kilomètres qui nous séparent de notre but du jour. Une petite halte à Yzerfontein pour songer à notre pique-nique et nous y voilà.

Le parc n’est qu’une gigantesque dune recouverte de buissons. Ici et là, pour des raisons que seule la nature connaît, le sable refait surface en créant des larges bandes blanches du plus bel effet. En août, le spectacle est magnifique, paraît-il, grâce aux fleurs qui poussent partout. Aujourd’hui, ce n’est pas mal non plus. Roulant au pas, nous apercevons des steenbocks qui s’enfuient en vitesse, des élands et des koudous qui sont trop loin pour tenter une approche. Et puis, il y a la mer, tout d’abord lointaine, puis plus près de nous, dans la lagune qui jouxte le « Visitor Center », où Françoise décide de jouer à cache-cache avec un francolin.

Non, n’insistez pas. Je ne vous dirai pas qui a gagné !

Et voilà, c’est l’apothéose. Au lieu dit « Tsaarsbank » l’Atlantique se déchaîne. Vent, rochers et eau mettent en scène une coréographie de rêve. J’avale en toute vitesse mon sandwich, j’emporte une bouteille d’eau dans mes poches et je m’installe. Le rouleau se forme là-bas au large, prend de la hauteur, s’enroule, s’écrase et se reforme, toujours plus haut, toujours plus fort. Il s’abat à mes pieds, sur les rochers, dessinant des gerbes d’eau toujours différentes, puis se retire pour renaître, encore et encore.

Je suis fasciné. Mes yeux ne peuvent pas quitter cette masse liquide à la force inéluctable. Hypnotisé, je tend la main, je voudrais la caresser, me fondre en elle.

-Roule avec moi Rudy- me murmure-t-elle à l’oreille. Rêve ou réalité ?

L’après-midi est déjà bien entamé. De l’autre côte de la lagune, les responsables du parc ont construit un observatoire. Nous nous y rendons sans grand espoir, car ce n’est pas la saison des grands rassemblements d’oiseaux.

Quelques flamants à l’horizon, en total contre-jour. Une dizaine de minutes à pied et nous sommes installés. Les oiseaux se sont multipliés, allant et venant dans leurs étranges ballets, entre une avocette et l’autre. Tout d’abord lointains, puis un peu plus près de nos puissants zooms qui font merveille.

Le temps s’écoule. Nous renonçons à regret aux fous du Cap qui nous attendaient à quelques dizaine de kilomètres plus au nord, à Bird Island. La route est longue. Nous devons envisager de rentrer.

Je cède volontiers le volant à Louis et je m’endors paisiblement. Seule la circulation du Cap parvient à me réveiller. La nuit est tombée, lorsque nous parvenons à l’hôtel. Mais pas question de fainéanter. Une douche rapide et nous voilà en route. Ce soir, nous dînons en ville.

« Kolossale » erreur, mais nous ne le savons pas encore…

Le Waterfront est un immense centre commercial sur plusieurs étages, desservi par des parkings gigantesques qui, ce soir, ne sont pas bondés, probablement parce qu’il pleuvine et il fait frisquet. Malgré sa taille, ses terrasses donnant sur le vieux port sont assez attrayantes. « Il Meloncino », le restaurant qu’on nous a conseillé, n’est que l’un des dizaines d’estaminets qui proposent des plats du monde entier.

Saltimbocca alla romana en Afrique du Sud… J’ai déjà mangé mieux, mais ce n’est pas mauvais du tout.