RETOUR DANS LE « MASAI TRIANGLE »

♦ 31 mai 2013

 

Le ciel est couvert aujourd’hui et il fait frisquet. Nous sortons nos polaires pour le petit-déjeuner qui, comme toujours avec Michel, a lieu dans la nuit, car les premières heures de la journée sont l’idéal pour la photographie.

Nous longeons la rivière dans des paysages qui sont le prolongement de ceux d’hier. En plus, nous découvrons enfin les animaux. Des importantes bandes d’impalas s’enfuient sans se presser, toujours drôles dans leurs courses et leurs sauts. Parfois, elles font bande commune avec des cobes à croisant.  Au loin, plusieurs girafes nous toisent. Quelques buffles aussi. Le moral est au beau fixe.

   

 

Nous replongeons dans les herbes hautes. Quelques kilomètres d’un parcours un peu chaotique et nous parvenons à un plateau rocheux où la Sand River se creuse de force un passage entre les rochers. D’un saut à l’autre, entre une cascade et ses remous,  elle crée des mini-piscines où, pendant quelques instants, je songe à prendre mon premier bain africain. Il est néanmoins temps de partir pour une promenade, escortés par Motoron et par Samy.

Je dois avouer que, malgré nos séjours répétés en Afrique, j’ai toujours un petit pincement au cœur lorsque je quitte la soi-disant sécurité de la voiture. Mes sens en éveil, je scrute chaque buisson, je suis à l’écoute de chaque bruit, je  renifle l’air. Heureusement, personne ne s’en aperçoit, car je me sens un peu ridicule. Nous empruntons le chemin de la rivière et nous escaladons parfois des tas de bois, témoins de la violence de l’eau lorsqu’elle déborde, lors des grandes pluies africaines.

Un sifflement. Motoron, qui ouvre le chemin, a découvert un grand python qui dort sur un rocher. Il doit faire environ 5 mètres, c’est difficile à dire, car sa queue est cachée parmi la rocaille. Il ou elle digère visiblement son repas, mais notre présence rapprochée doit le fatiguer. Lentement, en marche arrière, le serpent se faufile entre les enrochements et disparait dans l’eau de la rivière. Je ne peux pas m’empêcher de penser à mon idée de tout à l’heure : j’attendrai la prochaine piscine d’hôtel.

Et ce n’est pas tout. Samy, Motoron et Christine ont découvert, dans une mare près de mes pieds, un autre python. Il doit faire deux mètres environ, ils m’expliquent. Je n’ai pas pu l’apercevoir, avant qu’il disparaisse sous l’eau.

Michel, qui nous a rejoints, n’hésite pas une seconde. Il retrousse ses pantalons, entre dans l’eau. Avec un bâton, il fouille la mare, aidé par Samy qui néanmoins reste plus prudemment au sec, les pieds sur la berge. Motoron, quant à lui, est encore plus circonspect. Comme moi, il ne doit pas trop apprécier les serpents. A une ou deux reprises, nous voyons un bout du python sortir de l’eau, mais il parvient toujours à se libérer et Michel n’arrivera pas à s’en emparer. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Il y en a qui ont des drôles de hobbies.

 

 
       

Si la Sand River nous dévoile ses superbes paysages, elle garde jalousement pour elle ses autres joyaux. Nous avalons les kilomètres, sans voir beaucoup d’animaux. Pourtant, nous cherchons, nous cherchons, croyez-nous.

Tant pis. Nous avons décidé de franchir la Mara River,  afin de pénétrer dans le « Mara Triangle ». Il s’agit d’une partie du parc gérée par une autre communauté masaï. Celle-ci s’est séparée de celle qui administre la plus grande partie de la réserve à la suite de différends sur la répartition des recettes touristiques. Nous pourrions nous croire dans les stations de ski des Alpes suisses. Tout le monde se ressemble.

Si un jour, vous voulez faire comme nous, sachez que vous devrez payer un deuxième droit d’entrée : 70 dollars par personne.

Ici, les pistes sont entretenues et surtout des vastes zones de savane ont été brûlées. Comme par enchantement, les animaux réapparaissent. Des centaines et des centaines de gazelles de Thompson et de damalisques broutent à côté de nous.

 C’est vraiment très beau, d’autant plus que le soleil est en train de se coucher et la lumière est magique. Nous délaissons un groupe de lions paresseusement étalé dans la savane, pour nous intéresser à une famille d’otocyons (quel nom barbare) qui joue près de sa tanière. Ces renards aux oreilles de chauve-souris sont d’habitude assez craintifs et il est plutôt rare de pouvoir les observer à quelques mètres de distance.

Il fait déjà nuit lorsque nous parvenons à l’endroit prévu pour notre camp, dans un bosquet de buissons. Je fais rire tout le monde lorsque je m’empare de la machette de Motoron pour dégager un passage entre notre tente et la table du repas. Pourtant, je suis fier de moi….