Michel nous a habitué à des réveils matinaux. A 0600 heures, nous sommes déjà installés sur une colline, d’où nous dominons la plaine. Nous attendons le lever du soleil et le petit déjeuner va être servi. Entourés des lumières et des couleurs de l’Afrique, nous humons ses odeurs et nous goûtons à ses silences. Nous sommes heureux.
Nous jumelles scrutent la plaine. En vain. Où diables sont passés les dizaines et les dizaines d’éléphants du parc ? Ils ont peut-être décidé de faire la grasse matinée…
Qu’importe. Nous roulons vers le lac. En fait, il s’agit d’un vaste marécage plus ou moins rempli selon la période de l’année. Aujourd’hui, il est pratiquement sec, malgré les fortes pluies d’avril et début mai. Mais, il fait déjà très chaud, plus de 30 degrés et la chaleur, jour après jour, fait son travail. Le sol commence à se craqueler. Bientôt, on pourra le traverser en voiture.
Soudainement, venu de nulle part, un gnou, un seul, traverse la plaine devant nous, jetant un regard inquiet à nos silhouettes. Etrange vision d’un solitaire dans la solitude.
Bien plus loin, nous allons rencontrer ses compagnons, ainsi que quelques zèbres. Michel nous désigne une gazelle de Peter, endémique du parc.Elle est pratiquement identique à la gazelle de Grant que nous avons déjà vu à maintes reprises dans nos voyages africains. Nous n’aurions pas su faire la différence.
Comme par enchantement, les éléphants sont de retour. Ils sont partout. Nous n’en avions jamais vus autant. Je me demande comment des animaux si énormes peuvent apparaître et disparaître dans un décor si désertique. Aucune réponse ne me semble satisfaisante…
Après quelques passages dans les savanes africaines, nous sommes devenus exigeants. Nous recherchons des gros plans, des attitudes particulières, des lumières extraordinaires. Aujourd’hui, nous n’avons pas de chance. Nos caméras sont au chômage. Une pensée émue pour Michel : des heures , voir des jours en attente de l’instant de LA photo…
Nos yeux, par contre, se remplissent d’images, telles de cette jeune hyène qui longe un marais où pataugent quelques dizaines d’oies d’Egypte. Son apparent désintérêt ne trompe personne. Ses trois attaques successives ne réussissent qu’à provoquer des envolées massives. Jeu ou apprentissage ?
Ou encore celles de deux lionnes avec leur petit qui fuient notre approche, en disparaissant rapidement dans les rares fourrés du parc. Ou alors le combat entre ce pyrargue à tête blanche et un aigle ravisseur pour un poisson chat.