♦ 25 mai 2013
Nous quittons Magadi avec des sentiments mitigés. Nous y avons vécu des moments passionnants, dans des paysages parfois superbes, mais les animaux sont peu nombreux et assez difficiles à dénicher. La chaleur écrasante n’est pas non plus notre tasse de thé. Bref, nous avons aimé, mais nous n’avons pas adoré.
A notre demande, l’itinéraire de remplacement concocté par Michel pour éviter l’escarpement de Nguruman comprend une étape au parc national de Nakuru. Nous l’avions déjà visité en 2011, mais Michel nous a appris l’année dernière à Montier-en-Der qu’il subissait un profond changement. Ce parc, le premier crée au Kenya, patrimoine mondial de l’Unesco, se développe tout autour du lac salé homonyme. Il est le refuge d’une faune aquatique remarquable, notamment des flamants. Or, la déforestation des collines avoisinantes, due essentiellement à la spéculation immobilière, a provoqué une montée impressionnante des eaux (2 mètres). Non seulement, elle a envie une partie du parc, mais a causé la disparition du sel. Adieu les flamants. Nous tenions donc à le voir de nos propres yeux. Michel nous a abandonnés à Nairobi et nous rejoindra seulement ce soir sur place.
Mais nous ne sommes pas encore à Nakuru. Il faut tout d’abord retraverser Nairobi avec sa circulation démentielle. Puis batailler avec les très nombreux camions surchargés qui se dirigent vers l’Ouganda, voire le Congo ou le Soudan. Les gens du coin ont un style de conduite assez sportif qui ne semble pas émouvoir Samy qui nous conduit lentement mais sûrement vers notre destination. Michel nous a abandonnés à Naïrobi et il nous rejoindra seulement ce soir sur place.
Comme son véhicule est plus lent que le nôtre, nous nous permettons une halte à Naivasha, ville commerciale et touristique bâtie autour de son lac. Nous déjeunons à la Belle Inn. Si vous passez par ici, n’hésitez pas : belle terrasse ombragée, cuisine tout à fait correcte et service souriant. Vous pouvez même y dormir dans ses quelques chambres.
Un bref arrêt à Nakuru pour refaire le plein de vin et de champagne – pas question de se laisser aller – nous rappelle que cette ville est un cauchemar. Nous avons sous les yeux un résumé de quelques uns des gros problèmes du Kenya : surpopulation, sous-emploi et délinquance. Nous fuyons très vite vers la civilisation de la brousse.
L’entrée du parc est à quelques kilomètres de la ville. Le ton est immédiatement donné : les maisons des rangers ont les pieds dans l’eau. Une fois à l’intérieur du parc, les dégâts sont évidents. Les pistes sillonnant le bord du lac disparaissent, englouties. Il est désormais impossible de le longer. Spatules, aigrettes et pélicans sont toujours là, mais nous ne pouvons plus les approcher. Des arbres se meurent, leurs pieds dans l’eau, d’autres, séculaires, tombent, déracinés par l’humidité qui a infiltré le sol.
Nous pourrions nous croire en Louisiane ou en Floride plutôt qu’en Afrique.
Le parc de Nakuru possède un terrain de camping proche de l’entrée principale. Il offre aussi quelques emplacements privilégiés qu’il faut réserver à l’avance. Il y a deux ans, nous avions campé dans une splendide esplanade, entourées de grands arbres, fréquentée par les gazelles et leurs prédateurs. J’ai encore le souvenir ému d’une hyène qui a passé à une vingtaine de mètres de moi, alors que j’avais mes pantalons sur les chevilles. Un lieu idyllique, où nous ne pouvons plus retourner car les arbres menacent de nous tomber sur la tête.
