LA CATALOGNE

 

En dehors de sa zone montagneuse dans la partie nord de la région, la Catalogne est densément peuplée, hautement industrialisée et largement ouverte au tourisme qui a défiguré ses côtes.

 

 

A première vue, pas vraiment l’idéal, ni pour les visiteurs épris de solitude que nous sommes, ni pour l’observateur ornithologique. Pourtant, son territoire accueille deux pépites absolument incontournables :  le delta de L’Èbre et la réserve d’Aiguamolls.

Accolée à la France, elle sera notre porte de sortie d’Espagne. Pas dans l’immédiat toutefois.

 

♥♥♥♥ El Parque Natural del Delta del Ebro

 

Zones de cultures différentes, rizières aux couleurs changeantes , lagunes entourées de joncs et des roseaux, baies et plages désertiques bordées par les dunes, maisons d’un autre temps perdues dans l’horizon, le delta de l’Ebre n’est pas seulement fascinant, c’est surtout un véritable paradis pour plus de quatre-cents espèces d’oiseaux et pour l’observateur ornithologique.

 

 

Chaque passionné d’avifaune devrait passer quelques jours ici.

Au-delà des observatoires qui ne sont pas toujours bien placés, le meilleur moyen d’y faire des rencontres intéressantes est, à nos yeux, celui de rouler le plus lentement possible avec la voiture qui dissimule votre silhouette.

Ce n’est pas toujours facile, car les routes sont étroites, le croisement souvent difficile, les places où s’arrêter plutôt rares. Mais il existe une multitude de pistes, de lieux presque déserts et les habitants du coin sont plutôt tolérants. 

Fin d’un après-midi ensoleillé. Nous cherchons la maison que nous avons louée au milieu des rizières. Les oiseaux sont tellement présents que nous sommes obligés de nous arrêter ici et là.

 

 

Nous logeons à proximité de la laguna de la Tancada. Des sentinelles à la posture inhabituelle nous autorisent a y pénétrer.

 

 

La lagune n’est pas plus belle que d’autres. Mais les lumières qui la baignent, au lever du jour et au coucher du soleil,  en font un endroit spécial où nous allons retourner souvent.

 

 

Et puis, au bout de la lagune, il y a El Trabucador. Une mince bande de sable qui coupe la mer en deux. Une longue promenade à la recherche d’oiseaux qui fuient notre approche. Il vaut mieux s’arrêter sur les pontons et s’armer de patience.

 

 

La lagune de l’Encanyissada, la baie de Fangar, l’embouchure de l’Èbre sont des haut-lieux du parc. Sur les chemins qui nous y amènent, nous faisons des belles rencontres.

 

 

C’est le hasard ? C’est l’habileté diabolique de ma navigatrice ? Quoi qu’il en soit, nous nous retrouvons sur des petites pistes que très peu de visiteurs doivent connaître. Sur notre droite, un étang, la Bassa de la Platjoia, sur notre gauche des rizières presque asséchées.

Nous sommes seuls, les couleurs sont divines et la lumière splendide, à condition d’éviter les contre-jours. Entre boue et flaques d’eau, des centaines de limicoles cherchent leur nourriture. Des passereaux leur tiennent compagnie. Parfois, ils récompensent notre patience et s’approchent de notre voiture.

 

 

Plus loin, les rizières deviennent étangs. L’eau se pare de jaune. « Un, deux, trois, cinquante-neuf » marmonne Christine. Un coup de soleil ? Non, elle compte les hérons cendrés. Dressé sur un rang, prêts à la parade ou dissimulés dans les joncs, il y en a partout. Les cigognes ne sont pas en reste, les ibis et les grandes aigrettes non plus, un peu plus éparpillés.

C’est féérique !

 

 

Enfin, un bon conseil. Ne quittez pas le delta sans vous être rendus à l’observatoire de Riet-Vell. C’est de loin le meilleur du coin. Très bien conçu, il donne sur un étang, où vous pourrez observer la talève sultane…

 

 

 

…en attendant le clou du spectacle.

 

 

♥♥♥♥ Parque natural dels Aiguamolls de l’Empordà

 

Deuxième zone humide de Catalogne, encastrée dans des zones urbaines, elle a dû sa sauvegarde à une historique campagne écologique, au début des années 80. 

Ensemble d’étangs d’eau douce et d’eau salée, d’enclos et de prairies inondables, elle constitue un habitat privilégié pour les oiseaux aquatiques.

 

 

Pour une fois la documentation en notre possession est moins alléchante que la réalité. Le centre d’information du Cortalet est fermé aujourd’hui, mais il ouvrira dès demain. Une série de panneaux très clairs illustrent les cheminements à suivre et la position des nombreux observatoires.

Dès le premier, nous tombons sous la charme de cette réserve qui s’avérera d’ailleurs par la suite un véritable bijou.

 

 

Des dizaines et des dizaines de canards, plusieurs échassiers, une colonie de cigognes et d’oies cendrées. Il n’y a que l’embarras du choix.

A notre avis, ce n’est pas le nombre d’oiseaux observés qui fait la qualité d’un site ornithologique, mais son aménagement et ses possibilités d’observation. Après, c’est une question de patience et de chance.

Un sentier très bien entretenu se faufile dans la forêt. Un, deux, trois autres observatoires, mais aussi des coupures dans la végétation donnant la possibilité d’une observation discrète.

 

 

Après quelques kilomètres, nous parvenons à la plage. Zone de nidification, il est interdit d’y pénétrer au printemps. Aujourd’hui, nous pourrions la parcourir et revenir sur l’autre côté de la réserve. Nous pourrions y rencontrer le pluvier doré. Mais les Espagnols, toutes générations confondues, semblent adorer les chiens et les promener là où ils ne devraient pas. Nous renonçons.

Retour par d’autres chemins. Une dame française, pleine d’enthousiasme, nous signale la présence de deux bécasseaux de Temminck.

Ils sont très lointains, au milieu des bécassines des marais, mais leur rareté mérite bien une tentative.

 

 

La boucle est bouclée. Nous décidons d’aller jeter un dernier coup d’oeil au premier observatoire. Nous y retrouvons la dame. Malgré la règle du silence à garder dans ces lieux, elle ne peut pas s’empêcher de commenter l’arrivée de l’autour de palombes. Je la comprends. Il survole la lagune, semant la panique parmi les oiseaux aquatiques. C’est beau.

 

 

Il se pose sur un îlot. Il veut se faire oublier, mais je suis sûr qu’il va attaquer. Je garde un doigt sur le déclencheur, mais cela dure. Enfin, il se décide. Je rate ma séquence, il rate sa chasse.

Aiguamolls a deux entrées. Nous avons découvert El Courtalet, aujourd’hui nous empruntons celle d’Empuriabrava.

Cela commence bien. Une longue passerelle permet de franchir la rivière Muga. C’est l’idéal pour le photographe, car nous dominons la canopée.

 

 

Cela ne dure guère. C’est mal indiqué et nous peinons à trouver les quatre observatoires figurant sur la carte. Lorsque nous y parvenons, ils donnent sur des lagunes pratiquement vides, ce qui n’est pas encourageant du tout.

Puis le chemin, une route pour cyclistes en réalité, s’engage dans des plaines sans abri quelconque. Il y a bien des passereaux, mais ils fuient notre approche. Nous ne parvenons que rarement à les identifier. Tarier pâtre, moineaux friquet, pie-grièche méridionale, étourneaux sansonnet, bruant proyer, cisticole des joncs, en voilà quelques uns.

Heureusement, en continuant vers El Cortalet, nous découvrons deux nouveaux observatoires.

 

 

Notre bonne humeur, un instant égarée, revient au galop. Un superbe busard des roseaux y contribue définitivement.

 

 

En prime, un grimpereau des jardins vient nous dire bonjour.

 

 

 

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