LA MURCIE

 

Elle occupe la région la plus aride d’Europe. Pourtant, elle base son économie essentiellement sur une agriculture intensive. Elle manque d’eau et pourtant ses terres sont parmi les plus fertiles du continent. Le jardin maraîcher de Murcie, comme on l’appelle ici, produit de quoi garnir la moitié des tables européennes.

Une apparente contradiction que mes maigres connaissances en la matière ne permettent pas d’élucider.

Ce qui est sûr, c’est qu’en parcourant ses plaines couvertes d’oliviers et de vignes, panorama somme toute pas désagréable, il est facile de comprendre qu’il doit faire très chaud en été.

Alors, que venons-nous faire ici ?

Et bien, au bout des plaines se dresse soudainement la sierra Espuña, massif recouvert de forêts sans fin, s’arrêtant aux pieds de montagnes dénudées. Une petite idée me trotte dans la tête…

Six heures et demie du matin, ce lundi 23 décembre. Nous nous réveillons, l’une de nous plus difficilement que l’autre. Une heure plus tard, nous avons rendez-vous, à quelques kilomètres d’ici, avec notre guide, qui doit nous conduire à un affût pour voir les aigles.

Il fait nuit. Un vent très violent soulève des nuages de poussière qui ternissent les lumières. Des buissons secs virevoltent devant la voiture.

« Impossible d’aller dans la montagne » nous explique notre guide. Il nous propose le lendemain. Changement de programme un peu compliqué, mais c’est faisable.

Nous voilà donc dans l’affût, après une demi-heure de routes sinueuses dans la forêt et une marche de quelques centaines de mètres. Deux carcasses de lapin viennent d’être déposées sur deux rochers.

Ils arrivent. Ils sont deux, puis l’un chasse l’autre du perchoir au-dessus du premier lapin. Curieusement, l’autre ne s’intéresse pas au deuxième et s’en va.

 

 

La nuit n’a pas encore totalement disparu. La photographie est difficile, alors profitons-en pour l’observer. Il est époustouflant de beauté. Il se bat avec sa proie, il voudrait l’emporter. Malgré sa puissance, il n’y parvient pas, le lien assurant le lapin au rocher lui résistant.

Ce qui nous vaut un ballet fait de drôle de postures, d’ailes déployées, de plumes au vent et de serres étincelantes.

Inoubliable.

Au bout d’une heure de combat, il parvient à ses fins et s’en va, majestueux. Aussitôt remplacé par un autre, probablement celui qui était arrivé avec lui. Beaucoup plus patient, il ne se bat pas avec sa proie, il la déguste.

 

 

Nous n’en avons pas fini avec ces images de rêve. Un aigle en chasse un autre. En voici un troisième. La présence d’une bande claire sur la queue semble indiquer qu’il s’agit d’un immature.

 

 

Le soleil est désormais présent. Les couleurs sont plus chaudes et la lumière nous permet d’augmenter la vitesse de déclenchement. Le monde parfait existe donc bel et bien. Nous en sommes témoins.

Il est temps d’appeler notre guide. Nous devons partir, un long trajet nous attend pour atteindre notre prochain objectif et il est déjà onze heures. Le voilà qui s’approche, mais un aigle l’accompagne.

Il s’engouffre dans notre hutte. Le guide, pas l’aigle. Pas question de la quitter avant que le rapace s’en aille.

 

 

Une demi-heure supplémentaire. Qui oserait sans plaindre ? Certainement pas nous.

 

 

                                                    

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