En toute logique, la communauté autonome d’Aragon aurait dû figurer en entrée de notre récit. Le Parque Nacional d’Ordesa y Monte Perdido fait partie de son territoire, comme une partie des Pyrénées, qu’il partage avec la Navarre et la Catalogne.
Ayant abusivement décidé de traiter les Pyrénées comme une région en elle même, c’est par la plaine que nous pénétrons bien plus tard en Aragon en provenance d’Estrémadure, via la Castilla La Mancha, que nous parcourons à la vitesse du vent, profitant des excellentes autoroutes espagnoles.
Magnanime, cet ancien royaume à l’histoire prestigieuse nous en tient pas rancune. Il nous accueille avec une divine surprise.
Son plumage juvénile n’a certes pas la splendeur de celui de ses parents, mais c’est notre premier faucon pèlerin et nous aurions tort de faire la fine bouche. C’est d’ailleurs certainement sa jeunesse qui nous permet de l’approcher de si près.
♥♥♥♥ La laguna de Gallocanta
Encore un pèlerinage. Nous avons vécu ici l’un de nos grands moment d’amoureux de la nature. Impossible d’oublier les milliers de grues cendrées se levant en vol au-dessus de notre tête.
Pour être le plus près possible des oiseaux, nous avons décidé de louer une maison à Gallocanta même, un vieux village qui semble endormi. Seul le son des tracteurs partant et revenant des champs semble l’animer un peu. Ainsi que ces deux femmes en robe de chambre le traversant un matin, disparaissant dans l’une de ses ruelles…
Au lever du jour et au coucher du soleil, les grues rejoignant leurs terrains de nourrissage et revenant vers leurs dortoirs peignent des tableaux flamboyants de lumières et de poésie.
Admirons-les en silence.
Elles ne cessent jamais de voler. De la lagune aux plaines nourricières, de celles-ci à la lagune. Oiseaux assez craintifs, ils s’enfuient en volées plus ou moins nombreuses pour se poser un peu plus loin.
Les observatoires étant assez mal conçus et placés, il est difficile de les approcher à terre. Heureusement, le centre d’interprétation de la lagune dispose d’une petite pièce, munie de deux fenêtres, à l’étage. Une bonne planque, si les grues décident de venir picorer dans les champs en contrebas.
Selon le dernier recensement, il y a trente-mille grues en ce moment à Gallocanta. Mais n’allez pas croire que nous ne nous intéressons qu’à elles, même si elles le mériteraient.
Un petit point a bougé, là-bas, au milieu du champ en friche. Il est tellement loin que nous devons utiliser tous nos subterfuges pour l’identifier. C’est un faucon émerillon, encore un oiseau que nous n’avons jamais vu.
Il n’en y a pas un sans deux… C’est bien connu. Voilà le busard pâle qui arrive aussi. Nous savions qu’il était présent à Gallocanta, mais nous n’osions pas espérer de le voir.
C’est trop pour deux photographes débordés.
Deux mauvaises photos, j’en conviens, mais elles ont le mérite d’exister. Cela n’a pas été simple, croyez-moi.