LE FESTIVAL DES AIGLES

 

• 1 au 7 novembre 2023

 

Changement total de décors. Nous voilà dans le nord, à Whitehorse, où nous sommes parvenus après un vol retardé de plusieurs heures. Curieusement, il fait moins froid que dans l’ouest, à peine quelques degrés sous zéro. A la même époque, l’année passée, le thermomètre marquait moins 18.

Encore un loueur de voitures très sympathique, Tristan, nous a amené à l’hôtel notre nouveau véhicule, un Ford Explorer tout étincelant.

Nous avons quelques doutes qu’il le reste longtemps. En route !

 

 

Les longues lignes droites, qui traversent des forêts infinies, nous amenant à Haines Junction, sont à peine enneigées. Pas de problème, même si me trompe de route, en croyant que Louis voulait passer par Dawson City. Je suis vivement rappelé à l’ordre.

Il en va tout autrement lorsque nous bifurquons sur la Haines Highway. Une couche de neige tassée par la circulation couvre la route. Cinq à dix bons centimètres recouvrent les emplacements des points d’observation. Les montagnes sont totalement blanches et dans les plaines la végétation brunâtre lutte pour sortir de la neige. C’est absolument splendide. J’ai déjà parcouru cette route quelques fois, mais jamais elle ne m’a paru aussi belle.

 

 

Même le grand lac Dezadeash est totalement gelé et recouvert de neige. Il a dû faire froid dans le coin.

Une fois la frontière USA franchie, nous approchons de Haines et nous retrouvons nos marques. Une drôle de boîte à lettres, ce vieux fourgon Peugeot abandonné près d’un point d’observation, la rivière Chilkat avec son lit principal et ses bras morts…

Et les aigles, me demandez-vous ? Ils sont là, sur les arbres bordant la route. Parfois, ils s’envolent à notre passage pour se poser un peu plus loin, sur une autre branche ou sur un tronc au milieu de la plaine fluviale.

Je dois admettre que je m’attendais à en voir davantage. Mais le ciel est sombre, la lumière décline et notre priorité est celle de dénicher les deux appartements de Chikat Tower que nous avons loués pour ces quatre jours que nous resterons ici.

Nous trouverons quand même le temps d’accomplir le pèlerinage à la Chilkoot River, là où nous avons vécu quelques moments extraordinaires avec nos amis les grizzlys.

Pas d’ours, beaucoup de goélands et le premier cliché de Bald Eagle.

 

 

C’est toujours un coin de paradis !

Le lendemain, il fait beau, ce qui inhabituel à Haines. Nous entamons le tour de toutes le routes du coin, histoire de trouver des points de repère.

Il ne fait aucun doute que les aigles se tiennent essentiellement le long de la Chilkat, au centre de l’Alaskan Chilkat Eagles Preserve. Les quelques miles le long de la Haines Highway, spécialement entre les mile 12 et 18, seront notre terrain de jeux ces prochains jours.

 

 

Nous ne sommes à Haines que depuis un jour, mais le nombre d’aigles augmente. Il y a visiblement des arrivages successifs. A la jumelle, nous observons les arbres bordant la rive opposée de la rivière, là où il nous est impossible d’arriver. Il nous faudrait un bateau.

Un, deux, trois…cinquante, nous arrêtons de compter.

Cela multiplie les chances de réussir un ou plusieurs clichés de ces superbes oiseaux en mouvement, en vol ou se chamaillant pour un poisson. Mais ce n’est pas une mince affaire. Mouvement demande vitesse d’obturation élevée. Dans une lumière blafarde, nous ne pouvons que monter les Iso, ce qui n’est jamais gage d’excellente photo.

Quelques essais ratés, puis une première réussite.

 

 

Au bord de la route, nous observons deux aigles sur les berges de la rivière. J’en entend un autre crier dans les arbres au-dessus de ma tête, mais je ne parviens pas à le voir. Le voilà qu’il s’envole. Il s’éloigne sur la Chilkat. Mince, encore raté !

Mais non, il fait demi-tour et il revient droit sur mon objectif. Un instant, je crois qu’il va chasser ses deux confrères, mais en réalité il est intéressé par les restes d’un saumon convoité par deux pies. La chance est avec moi.

 

 

J’espérais aussi voir les aigles tomber du ciel sur leur nourriture, toutes serres dehors. Je n’aurai pas cette aubaine. Les saumons agonisent dans la rivière. Il suffit à nos rapaces de tendre une patte et de les tirer sur la berge. Pourquoi se fatigueraient-ils inutilement ? Ils ont même le choix du menu. Si l’entrée n’est pas bonne, autant passer immédiatement au plat principal.

 

 

Il est temps de se changer les idées. Un retour à Chilkoot Lake, notre lieu fétiche à Haines s’impose. Je suis certain que nous caressons tous l’espoir d’apercevoir un grizzly n’ayant pas encore décider d’hiverner.  

 

 

Pas de chance, pas d’ours. Retournons donc à nos aigles.

Notre troisième jour sur place commence. Je me suis levé à l’aube pour partir en chasse. Je suis seul, bien évidemment. Mais si Claude, Louis et Christine dorment du sommeil des justes, je croise trois passionnés, déjà aperçus les jours précédents, qui partagent avec moi le plaisir de voir les pygargues à tête blanche se réveiller.

Impossible de les photographier dans une lumière horrible, rendue encore plus ténue par quelques gouttes de pluie. Mais les aigles sont là, toujours plus nombreux et cela suffit à mon plaisir.

Ce n’est d’ailleurs que partie remise.

 

 

Un, deux, trois, quatre, beaucoup. Ils sont désormais tellement nombreux qu’il n’y a que l’embarras du choix. Seules difficultés, la lumière toujours et, parfois, la distance. Tout rayon de soleil a définitivement quitté Haines. Et les prévisions du temps pour demain ne sont guère encourageantes.

 

 

Pas questions pour moi de rester au lit. C’est notre dernier jour à Haines.

Le jour pointe timidement son nez. Je suis en observation près d’un bras secondaire de la Chilkat, où nous avons vu adultes et immatures venir se nourrir les jours précédents et aussi des traces d’ours, vieilles certainement.

Pas si vieilles, en fait. Ce n’est pas un aigle que j’aperçois sur la berge, mais un grizzly, un gros saumon dans la gueule. Je tente de le photographier, mais le résultat est impubliable. Tant pis, mais le moment reste grandiose. Nous cherchions à en voir depuis le début du voyage. C’est réussi ! Mes trois complices d’aventure regretterons certainement ne pas m’avoir accompagné.

Ma voiture semble vouloir également fêter la rencontre. Une plaque de glace plus loin, elle se met à danser la sarabande. Je parviens à la contrôler sans vraiment savoir comment je l’ai fait. Un autre grand moment, nettement mois agréable.

Oublions cela. Une dernière passe que nous partageons peut-être avec les toujours plus nombreux photographes qui arrivent ici, comme les aigles.

 

 

Lors de la préparation du voyage, je m’étais demande si notre séjour à Haines n’étais pas trop long. Maintenant, j’aimerais rester et encore rester ! Comme toujours, je songe à revenir…

Mais toute aventure a une fin. Whitehorse, Vancouver et enfin Genève nous attendent.

 

 

 

 

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