Le soleil se lève sur le lac pendant notre petit-déjeuner. C’est féérique, mais il faut partir. Un point d’eau où viennent s’abreuver de nombreux oiseaux au lever du jour nous attend au bout de la piste. Nous espérons y voir des gangas et des faucons qui les attaquent pendants qu’ils boivent.
A cause des pluies récentes, ce trou d’eau est plus important que prévu. Il n’est pas facile de trouver un bon point de vue. Heureusement, ce matin je suis dans la voiture de Michel qui a un sixième sens pour toujours trouver le meilleur endroit et les meilleures lumières. Caméra et appareil photo en batterie, nous attendons. Pas longtemps, une petite demi-heure. Les gangas arrivent par groupes. Mon oeil va sans cesse de l’oeilleton du caméscope au ciel : pas de trace des faucons. C’est néanmoins un ballet prenant car des ondées de travailleurs à bec rouge vont sans cesse d’un buisson à l’eau, dans un battement d’ailes continu. D’autres oiseaux se mêlent à leur groupe. Nous parvenons à identifier sans trop de peine le cordon bleu à joues rouges, au plumage bleu intense tâché de rouge. Pour les autres, c’est plus difficile…
Mais nous revoilà en route. Notre projet initial prévoyait le franchissement du Nguruman Escarpement, en direction des Lolita Hills et enfin de Masaï Mara. Une piste difficile nécessitant un 4×4 bien équipé. Les pluies torrentielles tombées avant notre arrivée ont rendu la piste impraticable. Nous devrons donc repasser par Naïrobi… Michel tient néanmoins à nous montrer le village de Nguruman. Il a raison. C’est une véritable oasis au milieu du désert, un mirage bien réel. Verdoyante, luxuriante. Les palmiers ont remplacé les acacias, l’eau ruisselle de partout. Ici, au milieu d’une brousse brûlée par le soleil, on cultive fruits et légumes : bananes, papayes, aubergines et combos… Une véritable entreprise agricole au milieu de nulle part. Nous y dégustons une banane que Samy nous a offerte (après avoir négocié le prix, comme il se doit). Délicieuse, un autre fruit par rapport à ceux que nous mangeons chez nous.
Toutefois, avant de quitter Magadi, nous avons rendez-vous avec un avion. Nous allons survoler la savane et surtout le lac Natron, en Tanzanie. Si ce nom ne vous dit rien, ne perdez pas un instant pour vous procurer le film « Les Ailes pourpres », ce merveilleux documentaire de Disney qui retrace l’épopée des dizaines de milliers de flamants qui viennent se reproduire dans les eaux de ce lac et qui luttent pour leur survie, leurs pattes alourdies par les incrustations de sel.
Le voilà ! Il se pose sans problèmes sur la piste. C’est un petit avion, cinq places, pilote compris. Celui-ci démonte la portière droite de son engin et nous décollons. Des expériences précédantes m’ont appris que si je filme depuis un avion, je suis rapidement malade. Je laisse donc volontiers à Christine et à Michel les sièges donnant sur le vide. Ils ne me remercient même pas et ils comencent à mitrailler, les cheveux au vent. Pour ma part, je me régale des troupeaux de girafes qui s’enfuient sous nos ailes et des flamants qui s’envolent, dans des ballets toujours différents, des eaux du lac. J’aperçois nettement les traces de leurs pattes quittant la surface, les milles goutelettes blanches de leurs plumes perdues. C’est court, mais magique. Mais le plus heureux de tous, c’est certainement Samy dont c’est le baètême de l’air.
Quant à la photo aérienne, même avec les conseil de Michel, elle demande un apprentissage. Il ne nous reste qu’à prévoir d’autres escapades.
Il s’est fait tard. Notre départ est remis à demain. Nous sommes installés sur une petite colline surmontant les rivages du lac Magadi. Les étoiles sont tellement proches que nous devons résister à la tentation de les attraper. Connaissez-vous un meilleur endroit pour déguster un ou deux bons whiskies en attendant de passer à table ?