OLIVE : NOTRE PREMIER LÉOPARD

♦ 3 juin 2013

 

Nous n’avons toujours pas vu de léopard. Isaac le sait, mais il se montre assez fataliste. Faute de mon animal africain préféré, il se rabat sur quelques lions. La Marsh pride est numériquement très importante : 4 mâles, 8 lionnes et 16 lionceaux d’âges différents. Pendant la journée, tout ce beau monde se sépare en petits groupes qui parcourent la savane. Enfin, parcourir est un grand mot, car le plus souvent, les lions se couchent là où il y a un peu d’ombre et attendent que le temps s’écoule.

Lorsque nous sommes arrivés dans le Masaï Mara, il n’y avait pas beaucoup d’herbivores, sauf de l’autre côté de la Mara River, où l’herbe avait été brûlée. En l’espace d’un ou deux jours, ils sont tous là. Des milliers de gazelles de Thompson et de damalisques (nous n’en avions jamais vu autant) se mélangent aux plus rares gazelles de Grant et impalas. Les buffles sont aussi nombreux. Un régal pour les yeux.

   

 

Soudainement, Isaac s’agite. Nous roulons à vive allure sur la piste, en direction du camp de Mara Intrepid, un secteur que nous connaissons bien pour l’avoir exploré tant dans les années passées que durant celle-ci. Nous connaissons aussi la petite manie des guides lorsqu’ils se mettent à rouler. Ils savent qu’il y a quelque chose d’intéressant à voir, mais ils ne dévoilent pas le tuyau à leurs clients. C’est leur façon de faire durer le suspense. Nous ne nous donnons pas la peine d’interroger Isaac. Nous verrons bien.

Une demi-heure de route, puis perché sur un arbre…Non, je blague : c’est Olive, une magnifique femelle léopard d’une dizaine d’année. Elle dévore un impala, sûrement tué dans la nuit. Nous ne sommes pas seuls, loin de là, mais c’est notre premier léopard de cette année. C’est magnifique, bien que le feuillage nous cache partiellement le fauve. Nous entendons clairement le bruit des crocs qui mordent dans la chair et les os de sa proie.

 

 

Olive n’est pas seule. Son fils, presque invisible derrière les frondaisons, partage son repas. Un morceau tombe au sol. Il n’est pas perdu pour tout le monde : une hyène opportuniste traînait par là. Elle a eu sa récompense, ce qui a le don d’agacer profondément le fiston léopard. C’est sans doute la haine atavique qui refait surface.

Les hyènes et les léopards sont des ennemis farouches. Non seulement elles tuent parfois les jeunes léopards, mais elles harcèlent souvent le félin lors de ses chasses. Lorsque celui-ci tue une proie, il n’a pas d’autre solution que la hisser très rapidement sur un arbre, sans prendre le temps de la vider. S’il ne le fait pas, il n’a aucune chance face à la puissance de la hyène et doit abandonner son butin.

Le temps d’un café et d’un petit déjeuner pris à une distance raisonnable et le cri d’alerte des impalas résonne dans la savane. Vite, en voiture. Olive a eu envie de se dégourdir les pattes. Elle nous fait le plaisir de se montrer dans toute sa splendeur.

   

Sa puissance combinée à sa sveltesse et son agilité, ses magnifiques moustaches frémissantes, sa queue touffue, surmontée d’un fier panache blanc, en font à mes yeux le plus beau félin au monde. Son côté mystérieux, sa capacité à se dérober à la vue humaine augmentent encore son charme.

Ca y est. Cette année encore, nous aurons dénichés les Big Five. Je reconnais que c’est un peu puérile, mais tant pis, ça fait plaisir. Françoise, Dominique et Delphine devront attendre : le rhino est rare dans le coin.

Le temps s’écoule entre une recherche et son aboutissement. Rien d’aussi excitant que le léopard, mais des belles scène de zèbres qui commencent à arriver en masse dans le parc, des buffles qui s’abreuvent dans un marais et des lions qui font carpette.

En fin de soirée, nous longeons le grand marécage qui se trouve à la sortie du lodge. Les éléphants arrivent de toutes parts, attirés comme toujours par l’eau. Les éléphanteaux sont particulièrement drôles et nous nous éternisons. Un gros mâle se charge de nous signifier que nous sommes des intrus. D’un pas tranquille, il se dirige sur nous. Vingt mètres, quinze, dix, cinq…il est temps de déguerpir. L’apéro nous attend.