La perspective de retrouver Olive et son fils nous fait oublier la nuit trop courte. Nos vieux os se remettent en place. Nous sommes prêts. Sauf qu’il ne faut pas faire des plans sur la comète au Masaï Mara. À peine partis, nous découvrons une silhouette, là-bas, au bord de la piste. Un serval, certainement le même que nous avons pu observer avec Michel. Mais aujourd’hui, il a décidé de jouer la vedette solitaire d’un film dont lui seul connaît le scénario. Il court, il bondit, il chasse, totalement indifférent à notre présence. Pendant une bonne demi-heure, Isaac doit à peine déplacer la voiture pour que nous puissions l’admirer et lui décerner un oscar.
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Cette halte nous fait arriver à la Talek River lorsque d’autres nombreuses voitures se disputent les rares places d’où on peut admirer Olive dans son arbre. Nous décidons de quitter les lieux pour y revenir plus tard. Sage décision, car nous ne sommes plus que deux véhicules et pendant une bonne heure nous pouvons lorgner une patte, quelques crocs ou la queue de notre léopard.
Sur le chemin du retour, totalement inattendu, assis au bord de la piste, un grand léopard mâle nous guette. Le temps de nous emparer de nos appareils photo, il disparait dans les hautes herbes. Pendant un long moment, nous jouons à cache-cache avec lui. Nous perdons souvent. Nous finissons par comprendre que nous ne l’intéressons pas. Il est en chasse et il essaye de surprendre trois phacochères qui ne l’ont pas encore repéré. Allons-nous assister, pour la première fois de notre vie, à une attaque de léopard ? L’excitation est à son comble. Seul Isaac reste calme. Il cherche à se placer le mieux possible sans vouloir influencer le destin. C’est le moment que choisit un autre guide, beaucoup moins professionnel qu’Isaac, pour débouler avec ses clients. Les phacochères finissent par détaler, le léopard, dépité (il n’est pas le seul) aussi. Tant pis, c’est raté. Nous avons vécu quelques moments mémorables.
Les prédateurs ne voulant pas faire le métier, il faut bien chercher ailleurs. Nous faisons nos devoirs. Rien ne semble vouloir bouger. Même les girafes, d’habitude si curieuses, nous fuient et s’éloignent. Quant aux éléphants, pourtant bien nombreux cette année, ils se sont regroupés dans les marais. Impossible de les approcher. Ma caméra a beau me lancer des regards aguichants, je n’ai rien à lui offrir.
Mais les moments décourageants ne sont jamais bien longs ici. Là-bas, à l’horizon, il nous a semblé voir bouger quelque chose. On roule. Un groupe de grues couronnées, certainement l’un de plus beaux oiseaux africains, nous offre une séquence de ballets digne du meilleur chorégraphe. Nous avions un peu oublié que l’Afrique possède aussi des oiseaux magnifiques.