Notre voyage en Norvège, entre juillet et août 2023, nous avait laissé un sentiment mitigé. Des paysages splendides, des observations ornithologiques passionnantes, la rencontre avec le bœuf musqué, mais aussi une certaine monotonie lors des transferts entre un centre d’intérêt et l’autre et, surtout, une présence touristique affolante.
Christine et moi-même avions envie de profiter de la faune norvégienne dans de meilleures conditions, d’où le choix du nord du pays, zone ornithologique d’importance primordiale, moins fréquenté, et d’une période moins touristique.
Le Finnmark et surtout le Varanger étaient faits pour nous !
♥ NOTRE ÉQUIPE
L’observation animalière et la chasse photographique sont des activités individuelles. Cette fois-ci, seul notre équipement photographique nous tiendra compagnie.
♥ NOTRE VOYAGE
Tromso est la ville norvégienne plus au nord du pays où il est possible de louer un fourgon aménagé que nous entendons utiliser pour notre voyage.
Elle est à environ 800 km du Finnmark et plus particulièrement de la péninsule de Varanger, mais on ne peut pas tout avoir dans la vie…
Deux vols plus tard, nous y voilà. Il fait 15 degrés plus chaud que dans les prévisions météo de la veille. Nous transpirons dans nos tenues hivernales. Les circulation est intense, fort probablement à cause des touristes qui montent vers le Cap nord.
Qu’importe. Le Varanger nous attend.
D’ailleurs la magie des magnifiques paysages norvégiens opère très rapidement. Mer et montagnes s’allient pour peindre des tableaux d’une beauté invraisemblable. Et, lorsque la route quitte la côte pour l’intérieur, en grimpant sur des hauts-plateaux sis à 200 mètres d’altitude, le spectacle devient sublime. La neige recouvre encore très largement le sol. Elle fond goutte à goutte, assez toutefois pour alimenter des torrents fougueux qui sculptent le paysage pour s’apaiser sous les eaux des lacs encore recouverts de glace.
Un Plongeon navigue sur un lac, un couple d’Hareldes boréales se repose sur la glace… Il n’est pas temps de parler oiseaux. Cela viendra plus tard et vous ne perdez rien pour attendre.
Parlons plutôt de l’animal symbole de la Norvège : le renne. Il y en aurait vingt-cinq-mille sauvages et plus de deux-cent-mille domestiques dans le pays.
En petit groupe ou en troupeau, ils se baladent partout, du bord de mer aux plateaux enneigés. Nous sommes désormais en pays sami, peuple traditionnellement éleveur de rennes, et leur présence augmente aux abords de notre route. Parfois, ils la traversent plus ou moins vite, parfois ils font subitement marche arrière, plus rarement ils trottinent carrément devant la voiture.
Il reste à savoir comment font les autochtones pour les réunir en temps voulu.
Un autre mammifère rivalise en sympathie avec le renne : le lièvre arctique. Il y en a dans les endroits les plus invraisemblables, n’hésitant pas à fréquenter les abords des lieux habités. Ils semblent avoir perdu toute peur atavique de l’homme. Sauf à prendre leurs pattes au cou lorsqu’ils s’aperçoivent que vous les observez.
Notre porte d’entrée dans le Varanger est la petite localité de Tana Bru, idéalement située à courte portée de toutes les routes, principales et secondaires de la péninsule. Pendant une douzaine de jours, nous allons les arpenter toutes, en revenant même sur certains lieux qui se seront avérés profitables à l’observation.
Il serait fastidieux de détailler notre activité journalière, nous risquerions de nous répéter. Quelques coups de cœur nous semblent toutefois essentiels.
♥ L’église de Nesseby. Sur ses plages, proches ou lointains selon l’état de la marée, limicoles tels le Grand Gravelot, le Bécasseau variable ou la Barge rousse côtoient la Tadornes de Belon et la Sterne arctique.
Chauffons-nous les mollets. Au sommet de la colline derrière l’église, dans un petit lac, nous devrions découvrir, selon les informations recueillies, le Phalarope à bec étroit.
Quelques longues minutes plus tard, bardés de jumelles et de nos meilleurs téléobjectifs nous y sommes. Les phalaropes pas du tout.
Petite déception, vite oubliée. Christine aperçoit quelque chose…
-Un Combattant varié- s’exclame-t-elle. A raison d’ailleurs. Et il n’y a en pas seulement un. L’adrénaline monte. Malgré la discrétion de notre approche, ils s’envolent de l’autre côté du lac. Manœuvres répétés à l’infini, sans grand succès.
Essoufflés, nous nous reposons derrière des rochers. Sur le sentier, deux promeneurs viennent de face. Ils poussent les oiseaux vers nous.
Nous ignorons, à ce moment-là, que nous en verrons d’autres. Nous sommes heureux. Nous reviendrons souvent à Nesseby.
♥ Ekkeroy. Cette presqu’île est connue pour abriter une importante colonie de mouettes tridactyles que l’on découvre en suivant le sentier qui longe la côte. Malgré nos fréquentes visites, nous n’y arriverons jamais.
Avant d’entrer dans le village, en bord de route se trouve un futuriste observatoire, minuscule cabane carrée protégée par une vitre sale, sans intérêt.
Mais à quelques mètres devant cet œuvre d’art discutable, la marée montante réduit la plage à une bande étroite où viennent et vont des centaines d’oiseaux se chamaillant pour picorer la meilleure algue.
Lors de notre première visite un ciel de plomb rend la lumière exécrable et un vent très violent secoue nos téléobjectifs, impossibles à utiliser. Ce n’est heureusement pas le cas pour les visites suivantes. Assis sur la plage, nous assistons à un spectacle jamais vu qui se déroule à une quinzaine de mètres.
Bécasseaux variables, minutes, violets et cocorli, Barges rousses, Combattants variés, Tourne-pierres à collier en bord de mer, Sternes arctiques et Mouettes tridactyles en l’air. Il se peut que j’en oublie, car le regard se fatigue.
♥ Vadso est une petite ville de 6000 habitants, où l’on trouve tout ce qui est nécessaire pour se ravitailler, ce qui n’est pas toujours le cas dans la région. Certes, il est agréable de se procurer une bonne bouteille de vin pour fêter l’une ou l’autre de nos trouvailles, mais ce n’est pas l’essentiel.
Une fois franchi le pont qui conduit à l’île de Store Vadsøya, depuis le parking à gauche part une promenade circulaire qui conduit à la fois en bord de mer et près d’un petit lac.
L’occasion de rencontrer Pouillots fitis et Bergeronnettes printanières, mais surtout de découvrir le Phalarope à bec étroit. Ils sont au moins une vingtaine à voltiger au-dessus du lac et dans ses eaux.
Ainsi va la vie de l’observateur animalier. Après les avoir cherchés, en vain, là où ils devaient être, les voici où nous ne les attendions pas.
Difficile de parvenir à détourner le regard du va-et-vient incessant de ces petits oiseaux. Il le faut pourtant pour découvrir Combattants variés, Fuligule morillons, un couple de Canards siffleurs ou un Chevalier sylvain qui se cache dans la végétation du rivage.
Store Vadsøya est un excellent spot d’observation. Il reste à savoir si les Phalaropes seront là en 2025…
♥ L’ile d’Hornoya est connue mondialement. Elle abrite entre quatre-vingt et cent-mille oiseaux marins. Il suffit de se rentre au port de Vardo pour acheter son billet et de monter à bord d’un petit bateau d’une douzaine de place qui vous y amène en une quinzaine de minutes. Ne craignez rien, il viendra vous rechercher, en effectuant d’incessantes navettes.
J’ai prudemment avalé un comprimé contre le mal de mer et je défie courageusement les vagues. La chance est avec nous, il n’y a pas un nuage dans le ciel, alors que hier soir il pleuvinait.
Raison de plus pour bien maîtriser les réglages de nos appareils photographiques. Macareux moines et compagnie sont partout. Un vacarme incroyable et une odeur de poisson très prononcée. Christine et moi-même cherchons des points de vue différents pour ne pas réaliser les mêmes photos, mais c’est difficile car le sentier est étroit et boueux. Il faut faire attention à ne pas écraser l’un ou l’autre oiseau qui croise votre chemin.
Il y a aussi passablement de monde, amené par le bateau navette. Un festival de photos souvenir et de selfies avec les pingouins. Eux, les humains, sont écrasables, mais je n’ose pas…
Le temps s’écoule vite. Plusieurs heures ont passé. Il est temps de revenir.
♥Berlevag, Syltefjord, Hamningberg : des paysages extraordinaires et variés à la sauce norvégienne. De la côte rocheuse en lame de couteau qui descend à la mer à la toundra enneigée. Du torrent déchaîné qui se termine en cascade aux eaux calmes et étincelantes d’un lac de montagne.
Des rencontres, plutôt rares hélas, avec des oiseaux tels le Lagopède alpin et le Labbe parasite, le Pipit à gorge rousse et un improbable couple de Fuligules milouinans.
Si vous venez dans le coin, n’hésitez pas. Allez-y et retournez-y, comme nous. Rien ne vaut la découverte de la perle rare après une longue recherche infructueuse.
Il ne serait pas honnête de ne pas signaler que la région de Kirkenes nous a laissé sur notre faim. Des beaux paysages certes, mais ceux-ci ne manquent pas en Norvège. Des observations plutôt rares, malgré les informations en notre possession, plutôt flatteuses.
Nous nous doutions que la visite du parc national Ovre-Pasvik pouvait s’avérer décevante car notre expérience nous a appris qu’un parc national doit se parcourir à pied, sur plusieurs jours, pour être apprécié. Nous avons tenté notre chance et nous avons perdu. Il faut aussi dire que le centre d’information dudit parc ne fait pas grande chose pour sa promotion. La seule tour d’observation est perdue au milieu de la forêt, à distance sidérale des plans d’eau et ne parlons pas de l’état de la route.
Pas question de clore cette page sur note négative. Nous avons adoré être ici et, quand nous adorons, nous songeons à revenir.
Du 29 mai au 14 juin nous avons pu observer quatre-vingt-six oiseaux différents. La liste figure ci-dessous.
Aigle pêcheur
Barge rousse
Bécasseau cocorli
Bécasseau minute
Bécasseau variable
Bécasseau violet
Bergeronnette grise
Bergeronnette printanière
Bouvreuil pivoine
Buse pattue
Canard colvert
Canard pilet
Canard siffleur
Chevalier arlequin
Chevalier gambette
Chevalier guignette
Chevalier sylvain
Choucas des tours
Combattant varié
Cormoran huppé
Corneille mantelée
Coucou gris
Courlis cendré
Courlis courlieu
Cygne chanteur
Durbec des sapins
Fuligule milouinan
Fuligule morillon
Eider à duvet
Garrot à œil d’or
Geai des chênes
Gobemouche noir
Goéland ailes blanches
Goéland argenté
Goéland brun
Goéland cendré
Goéland marin
Gorge bleue
Grand corbeau
Grand cormoran
Grand gravelot
Grand Tétras
Grive litorne
Grive mauvis
Guillemot à miroir
Guillemot de Troil
Harelde boréale
Harle bièvre
Harle huppé
Hirondelle rustique
Huîtrier pie
Labbe à longue queue
Labbe parasite
Lagopède alpin
Lagopède des saules
Macareux moine
Macreuse noire
Mésange charbonnière
Moineau domestique
Mouette rieuse
Mouette tridactyle
Oie cendrée
Phalarope à bec étroit
Pie bavarde
Pigeon ramier
Pingouin Torda
Pinson du nord
Pipit à gorge rousse
Pipit farlouse
Pipit maritime
Plongeon à bec jaune
Plongeon arctique
Plongeon catmarin
Pluvier doré
Pouillot fitis
Pouillot véloce
Sarcelle d’hiver
Sizerin blanchâtre
Sizerin flammé
Sterne arctique
Tadorne de Belon
Tarin des aulnes
Tétras lyre
Tourne-pierre à collier
Traquet motteux
Verdier
Certains parmi eux ont fait l’objet d’un dossier photographique et de commentaires de notre part. S’il vous venait l’envie d’y jeter un coup d’œil, vous n’avez qu’à cliquer sur les liens correspondants.