C’est désormais devenu un pèlerinage. Les oiseaux et les paysages, mais aussi le plaisir de retrouver Amélie et Grégoire, les adorables propriétaires du Mas des Cabidoules, nous attirent comme un aimant en Camargue.
En octobre et en mars ces deux dernières années, à cheval entre avril et mai cette fois-ci. Histoire de découvrir de nouvelles facettes de la région.
♥ NOTRE ÉQUIPE
Nous avions envie de partager notre plaisir avec Sophie. Elle a semblé intéressée par notre aventure.
Alors n’attendons plus. En route !
♥ NOTRE VOYAGE
Saintes-Maries-de-la-Mer, charmant village qui reste toujours le même malgré le temps qui s’écoule, sera notre camp de base, d’autant plus que nous avons déniché la perle rare pour y loger.
Il pleut lors de notre arrivée, une pluie qui nous tiendra d’ailleurs compagnie, plus ou moins irrégulièrement, pratiquement pendant tout notre séjour, nous abandonnant seulement le dernier jour.
Même les hirondelles secouent leurs plumes pour ses sécher.
Il faut bien davantage pour nous décourager. D’autant plus que les souverains de Camargue, les Flamants roses, se pavanent partout. Nous n’en avions jamais vus autant. Chaque mare, chaque canal, chaque marais est occupé. Parfois en couple, souvent en petit groupe ou carrément en bande, ils nous obligent à des arrêts continus, nos appareils cherchant le rayon de lumière salvateur.
Des dizaines et des dizaines de clichés. Nous en avons gardé quelques uns.
Seuls les moustiques les dépassent en nombre. Nous ne les avons pas photographiés, ceux-là. Sophie et moi-même sommes contraints à des bains de citronnelle, alors que Christine, immunisée depuis sa naissance, se découvre un talent de tueuse lorsque ces bestioles tentent d’envahir la voiture, dès qu’une fenêtre s’ouvre…
Flamants et moustiques sont le prélude à cinq jours pleins de chasse sur des terrains connus aussi de nos fidèles lecteurs. Ils sont les mêmes que lors de nos précédents voyages : le parc du Pont de Gau, la digue à la mer, l’étang de Vaccarès, la Capelière, la route de Cacharel et leurs environs.
Les Échasses blanches résident toute l’année en Camargue. Elles ont été manifestement rejointes par leurs consœurs migrantes. Leur élégance nous offre quelques jolis tableaux.
Parlons-en d’élégance. L’Avocette en endosse l’adjectif. Elle le mérite bien.
Mais pourquoi diable s’envolent-elles ? Enfin, soyons compréhensifs. Elles cherchaient seulement un peu de discrétion.
La migration des oiseaux est un sujet complexe. Certaines espèces sont totalement migratrices ; d’autres le sont partiellement, c’est-à-dire que certains individus migrent et que d’autres sont sédentaires ou résidents. Il est parfois difficile de s’y retrouver, d’autant plus que l’évolution climatique change constamment la donne.
Nous avons toujours vu hérons et aigrettes en Camargue. Cette année-ci n’échappe pas à la règle.
La Grande aigrette est plus rare. Cantonnée au fond des grands étangs, nous n’avons jamais pu la photographier. Nous allons prendre notre revanche avec l’Ibis falcinelle. Jadis rare en France, sa présence s’est consolidée en Camargue, grâce aux oiseaux provenant des colonies espagnoles.
Son plumage, noir d’apparence, a besoin des rayons de lumière pour révéler la splendeur de son éclat.
Les passereaux sont nettement plus petits. Nous avons passé de longues périodes, le nez en l’air, à leur recherche, souvent infructueuse. Rossignol philomèle et Bouscarle de Cetti ont joué avec nos nerfs, avec leur chant puissant résonnant dans les fourrés, à quelques pas de notre chemin. Nous avons gagné une bataille, certainement pas la guerre.
Tout de même, nous quitterons la Camargue avec le souvenir de deux oiseaux que nous n’avions jamais pu observer.
D’ailleurs, notre tableau de chasse à la fin du périple camarguais 2024 n’est pas si mal…
Un couple de Huppes a fait son nid sous une dalle de béton dans le jardin du Mas des Cabidoules. L’occasion d’admirer le mâle ramener de quoi sustenter sa douce moitié en dégustant l’apéritif.
Trêve de fainéantise. Remettons nous au travail. Une autre nouveauté nous attends au coin du chemin.
Un peu loin, me dites-vous ? Un peu de patience, parbleu, vous n’avez pas encore vu le meilleur.
Capturer quelques images de la Sterne naine en vol nous a demandé beaucoup de patience. Son vol saccadé et sa petite taille ne nous ont pas aidés. Mais, au-delà du résultat, quel plaisir de l’ observer chasser pendant des longs moments !
En n’oubliant pas toutefois que d’autres Sternes fréquentent les lieux.
D’autres oiseaux se montrent plus calmes. Pourtant, nous aurions bien aimé voir leurs plongeons aériens vers la surface des eaux et leurs rebondissements dans les airs.
La famille des limicoles est très nombreuse, plus de deux-cents espèces. Chaque jour, nous en dénichons de nouveaux et nous avons l’impression qu’ils sont en train d’arriver en Camargue.
Souvent très loin de nous, ils sont parfois difficiles à identifier. Mais nos puissants téléobjectifs, à défaut de réussir toujours une photo satisfaisante, nous aident bien.
Tout d’abord, le Pluvier argenté dans ses deux tenues.
Puis, les autres.
Enfin, mention spéciale pour le plus beau : le Chevalier arlequin en livrée nuptiale.
Et un intrus…
Certains oiseaux sont plus rares que d’autres. Nous avons vu peu de canards, quelques Nettes rousses, une Sarcelle d’hiver, Colverts, Poules d’eau et Foulques macroules. L’huitrier-pie semble aussi peu présent. Autant profiter d’une rencontre.
Nous abandonnons les observatoires désuets de la Capelière un peu frustrés. L’Héron garde-boeufs dans sa flamboyante livrée nuptiale et le Crabier chevelu étaient trop loins. Minuscules, même dans nos jumelles.
Une divine surprise nous attend. Là-haut, dans le ciel, croisent deux Circaètes Jean-le-Blanc. Sauf en Afrique, nous n’en avions jamais vu.
Ils s’approchent de nos têtes, malheureusement en plein contre-jour. Les rafales se succèdent, avec un résultat mitigé…
Mais le meilleur doit encore venir. Notre dernier jour d’observation s’achève, sous le soleil revenu. Soudainement Christine s’exclame « Les Guêpiers, ce sont des Guêpiers ! » Ils viennent certainement d’arriver.
Nous quittons la Camargue en écoutant, à distance respectable, les oisillons de la Huppe piailler leur faim.