POUSSIERES DE PATAGONIA

Les Chiliens disent que la Patagonie commence à Valdivia, les Argentins la situent immédiatement au sud de Buenos Aires…

Dans mon imagination, je l’imaginais beaucoup plus bas, collée à la Terre de Feu, autour du détroit de Magellan.

Christine et moi-même sommes à Puerto Varas dans le coeur de ce que je pourrais maintenant appeler la Patagonie du Nord. Alors autant commencer à profiter de ce mot qui m’a fait tant rêver.

Tout commence par deux jours que nous passons à la recherche des oiseaux du coin. Marcela, notre passionnante guide, nous conduit sur le chemin de la connaissance…

Tout d’abord à la baie de Quenuir.

 

 

Ensuite le long de la côte au sud de Puerto Montt et dans le parc national  Alerce Andino.

 

 

Ce deuxième jour, la moisson est moins abondante, mais nous avons passé plusieures heures dans la forêt pour dénicher « el Chucao », un petit oiseau qui vit dans les sous-bois. Nous entendions son chant se déplacer autour de nous, nous avions même vu quelques ombres fugitives, mais il ne voulait jamais se montrer, malgré l’appel d’un congénère sortant du smartphone de Marcela.

Quand finalement il l’a fait, j’ai été franchement mauvais.

 

 

La photo est là uniquement pour prouver qu’il existe…

Villages, résidences secondaires, fermes et champs cultivés n’évoquent en rien l’image que je me faisais d’une Patagonie sauvage et déserte. Heureusement, il y a les volcans : l’Osorno, le Macho Shoshuenco et d’autres dont je ne saurai jamais le nom.

 

 

Du dernier étage de notre étrange hôtel, dans la réserve biologique de Huilo Huilo, nous dominons le paysage et les petits oiseaux qui viennent voleter dans les arbres sans se méfier des méchants ogres qui veulent les capturer…

 

Cometocino Patagonico - Phrygilus patagonicus
Churrete Chico ? - Cinclodes oustaleti
Rayadito - Aphrastura spinicauda
Zorzal Comun - Turdus falcklandii
Picolezna Carmelita - Pygarrhicas albogularis
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En route pour l’Argentine. Notre esprit d’aventure nous fait choisir une piste alternative  qui passe sur la droite du lac Neltume, histoire de ne pas refaire la même route qu’ hier. Une bonne idée, je m’amuse, même si c’est un peu glissant…

Notre choix s’avère moins judicieux lorsque nous tombons sur de fréquents arrêts dus aux travaux d’amélioration de la piste. Qu’importe. Nous évoluons dans des paysages très agréables à l’œil et nous avons l’occasion de pratiquer notre espagnol avec les ouvriers…

Notre intention de nous arrêter à Pucon tombe rapidement à l’eau. C’est la version andine de la riviera française. Fuyons vers la frontière et l’imposant volcan Lanin, très enneigé et immergé dans la grisaille !

Le temps de constater que l’entretien des routes argentines est moins soigné que celui de leurs voisines, nous arrivons à notre halte du soir, Casona del Alto, un « bed and breakfast » situé dans une magnifique villa surplombant San Martin de los Andes.

Pourquoi mentionner pour une fois l’endroit où nous avons dormi ? Mais parce que nous y avons fait un repas digne d’une table étoilée, un inattendu  tête-à-tête dont nous garderons longtemps le souvenir.

 

♥ LANGOSTINOS MORCILLA MERKEN Y PALTA

♥ MERLUZA COLIFLOR CREMOSO Y ALMENDRAS

♥ CITRICOS Y BOTRE

♥ ESPARRAGOS HUEVO POCHE Y JAMON CRUDO

♥ MATAMBRE ALA LECHE PAPAS Y PUERRO

♥ BROWNIE DE ALGORROBA Y BEREJENAS AHUMADAS Y NARANJA

♥ HELADO DE COCO CIRUEALAS Y CERVEZA NEGRA

A votre tour d’apprendre un peu d’espagnol…

J’allais oublier : le tout arrosé d’un grand Malbec dont nous avons malheureusement oublier de noter le producteur.

Sur une centaine de kilomètres, de San Martin de los Andes à Villa Angostura, nous parcourons la route des Sept Lacs.

 

 

Même si la photo ne lui rend pas justice à cause du temps maussade, le parcours est magnifique. La route se faufile, sinueuse et accidentée dans des forêts interminables. Torrents, chutes d’eau et lacs, tantôt lointains, enfouis dans une cuvette, tantôt tellement proches à pouvoir les toucher, se succèdent sans discontinuer.

 

 

San Carlos de Bariloche jouit d’un des plus beaux sites de montagne qu’il nous ait été donné de voir.

 

 

Mais en cherchant notre hôtel, que nous peinons à trouver, nous côtoyons le luxe de la localité touristique par excellence et, à quelques centaines de mètres, l’un des plus horribles ghettos que nous ayons jamais vu.

Changement d’hôtel et fuite immédiate, alors que nous avions prévu d’y rester deux jours.

À nous la pampa et ma Patagonie à moi, celle de la plaine balayée par les vents, celle du gaucho menant de main de maître son cheval, ses troupeaux et ses chiens…

Et après quelques dizaines de kilomètres dans des paysages somptueux, où l’œil s’égare dans des espaces immenses jusqu’aux rivages de lacs artificiels d’un bleu étincelant, la voilà la pampa.

Des étendues sans fin, recouvertes d’herbe et de broussailles, où la route se faufile rectiligne, prisonnière entre les clôtures qui marquent les limites de terres d’élevages sans fin. De temps en temps, cachés dans l’immensité, un mouton ou deux… Pas d’arbres, pas de relief, pas une seule route secondaire.

Surprenant au départ, terriblement monotone par la suite.

Heureusement, une ou deux rencontres viennent égayer notre chemin.

 

 

Neuquen, Las Grutas… Nous voilà enfin à proximité de Puerto Madryn et à l’entrée de la péninsule Valdès. Je m’arrête à une station service. La tuile ! Plus d’essence.

La province de Chubut ressent durement la crise qui secoue l’Argentine. Le ravitaillement en essence n’est plus assuré. Nul ne sait quand les pompes seront réapprovisionnées. Il nous reste de quoi atteindre Puerto Piramides, où nous comptons rester trois jours, puis rejoindre notre prochaine destination.

Bah, qui vivra verra. Bonne nouvelle pour nous rassurer, la station d’ essence de Puerto Piramides nous vend vingt litres d’essence et l’employé nous conseille de revenir après 2200 heures, lorsqu’il sera remplacé par un collègue…

Débrouillard et sympa, car le lendemain les pompes seront à sec.

De quoi nous permettre d’entreprendre le tour de la péninsule sur des pistes agréables, mais malgré tout un peu monotones, car souvent éloignées de la mer.

Mais guanacos, nandous, lièvres de la pampa, pingouins et même un tatou sont là pour nous occuper.

 
 
Mara - Dolichotis patagonum
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Mara  -  Dolichotis patagonum
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Quant aux lions de mer de Punta Norte, ils sont certes intéressants, mais il ne bougent même pas une moustache.

Puerto Piramides est surtout le royaume des baleines franches australes. Tous les jours, dès 0900 heures, des bateaux quittent le petit port, toutes les deux heures, chargés à ras bord de touristes venus du monde entier.

Nous optons pour la location d’un bateau privé, qui quitte le port une heure avant les autres. Seuls au milieu de ces géants qui viennent parfois nous frôler ou passent sous la quille de notre coquille de noix. Inoubliable.

Christine se surpasse. Elle parvient à immortaliser un saut d’une bestiole pouvant approcher les cinquante tonnes.

 

 

L’essence n’est plus un problème. Un camion de ravitaillement est enfin arrivé.

De quoi nous perdre quelques instants sur une piste improbable, qui m’oblige à des manœuvres hasardeuses. Mais nous finissons par parvenir à Punta Ninfas, où se trouve notre havre de paix pour les prochains jours : Estancia El Pedral.

Bâtisse historique, son architecture conservée est là pour témoigner de l’époque où les pionniers européens sont venus coloniser les vastes étendues argentines. Non seulement, elle nous offre une hospitalité exquise, mais elle nous plonge dans une nature isolée, sauvage et splendide.

 

                                       

Et nous nous en régalons…

 

 

                                                                                              * cliquez sur l’image

 

 

Il vous est déjà arrivé de vous asseoir au milieu de dix mille pingouins affairés à leurs occupations journalières ? Non ? Nous avons eu cette chance extraordinaire. Un grand moment.

 

 

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Il est temps de rebrousser chemin. La route 23 est certes moins monotone que sa consoeurs, la 22, parcourue à l’aller, mais sept cent kilomètres en une journée c’est long…

San Carlos de Bariloche et sa région sont souvent appelés la Suisse d’Argentine… Certes, nos aïeux ont retrouvé lacs, rivières, forêts et montagnes enneigées, mais sur une échelle tellement immense que la région nous fait plutôt penser à l’Alaska ou au Yukon.

Quoi qu’il en soit, c’est beau et les kilomètres défilent sans que nous nous en apercevions. 

 

 

Et la route 71 nous réserve une bonne surprise…

 

Cernicalo - Falco sparvierus
Run Run (M) - Hymenops perspicillatus
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… et une petite déception : le parc national Los Alerces dont les paysages sont trop souvent masqués par la forêt.

Mais peut-être sommes nous devenus trop exigeants !

 

 

Et la Carretera austral n’est plus bien loin…