En préparant notre voyage, je suis tombé sur un site d’un amoureux de cette île peu connue. Son auteur a su faire passer le message, au point que j’ai rapidement décidé d’insérer un séjour de trois jours à Senja.
Nous sommes au delà du cercle polaire arctique. Le solstice d’été est derrière nous depuis quelques jours, mais le soleil se couche ici aux alentours de 2300 heures.
Ce même soleil qui nous a accompagnés toute la journée dans une longue étape d’approche et qui soudainement disparu, englouti tout d’abord par le brouillard, puis par les nuages, à notre arrivée sur l’île.
Le magnifique appartement que nous avons loué à Hamn i Senja n’est pas seulement très bien équipé, mais il dispose d’une grande terrasse donnant sur la mer.
Les grands amours reviennent toujours, c’est connu. Le soleil aussi. La magie s’opère.
Elle a disparu le lendemain. Le ciel est gris, le brouillard a envahi les côtes. Un peu embêtant car nous prévoyons d’emprunter la route 862 qui se faufile parmi les plus beaux paysages de l’île.
Tentons le coup. La météo va sûrement s’améliorer.
Un pari très risqué que nous allons perdre. Nous ne pouvons que tenter de deviner les merveilles naturelles que le ciel nous cache.
Par contre, le brouillard ne cache pas les voitures et les campers des visiteurs. Senja a peut-être été un joyau caché, mais elle ne l’est plus, même si cela reste acceptable, surtout lorsque nous nous écartons des chemins battus.
Un brin de morosité ? C’est passager. Ce splendide courlis corlieu apparaît au bon moment.
Et puis, dans le courant de l’après-midi quelques rayons de soleil percent les nuages. L’azur se mêle à la grisaille. Notre pari n’est peut-être pas définitivement perdu.
Au gré de nos pérégrinations, Senja s’avère très boisée, surtout dans son centre. Mais la forêt peut s’écarter à tout moment laissant le regard s’apaiser dans une variété d’images époustouflante.
Crêtes déchiquetées plus ou moins lointaines, lacs et torrents, bords de mer et fjords encaissés, villages de pêcheurs perdus nulle part. Difficile de s’ennuyer.
Le parc national d’Anderdalen, dans le sud de l’île, en est la parfaite démonstration. La route qui le longe au nord sort paisiblement de la forêt, puis grimpe sur quelques centaines de mètres et le décor se transforme en un sévère et merveilleux tableau alpin : lacs entourés de prairies sèches que les lichens égayent de leurs couleurs. Elle traverse un tunnel, l’un des nombreux tunnels norvégiens, plonge sur un fjord et son village.
Une autre route, côté sud, alterne forêt clairsemée, parfois traversée par un torrent impétueux, et bords de mer. Un sentier en boucle d’environ 5 kilomètres pénétre dans le parc. Le regard va outre les bouleaux et les conifères, s’attarde sur prairies et marais pour rebondir sur les montagnes lointaines et revenir.
Il nous réserve une surprise.
Senja est belle, indubitablement. Nul besoin d’aller bien loin pour s’en rendre compte. Notre appartement est sis sur un promontoire rocheux qui s’enfonce dans la mer. Goélands, Sternes arctiques et Guillemots à miroir s’en sont emparé sans vergogne.
Que se soit très tôt le matin, quand tout le monde ou presque dort, ou en fin d’après-midi, du retour au bercail, le spectacle est garanti. Seules les lumières changent.
Senja est belle, il n’y a aucun doute. De l’aube au coucher du soleil.